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Révélations sur l'accord secret entre Macky Sall, Diomaye Faye et Ousmane Sonko : Une entente inattendue...

Vendredi 3 Mai 2024

C’est un petit service rendu par un chef d’État à un autre, mais qui n’a rien d’anodin. Lorsque Macky Sall s’envole pour La Mecque, le 3 avril, c’est à l’intérieur d’un avion qu’il connaît bien : l’Airbus A320 Neo, l’avion présidentiel. Le président sortant a pourtant déjà rendu le pouvoir. La veille, son successeur Bassirou Diomaye Faye a été officiellement investi à la tête du pays. Ce dernier accepte pourtant de laisser à sa disposition l’avion présidentiel pour quelques jours. C’est notamment à son bord que Macky Sall a rallié Marrakech, où il réside désormais.

Le 28 mars, au lendemain de la proclamation provisoire de la victoire de Bassirou Diomaye Faye comme cinquième président du pays, Macky Sall a reçu son ex-opposant dans son palais. Son mentor Ousmane Sonko, désormais Premier ministre, a aussi été convié.


Cette rencontre est présentée comme une visite de courtoisie – le Conseil constitutionnel n’a pas encore prononcé les résultats officiels du scrutin. Ousmane Sonko, quant à lui, n’a aucune fonction officielle qui justifierait sa présence au palais. Les trois hommes se saluent avec chaleur et affichent de grands sourires. Les trois années de crise politique qui ont marqué le Sénégal semblent loin derrière.

Protocole du Cap Manuel
Dès le lendemain, les images des accolades entre les deux ennemis jurés sont abondamment relayées sur les réseaux sociaux et commentées dans la presse sénégalaise. La rivalité entre Macky Sall et Ousmane Sonko semble s’être totalement évaporée au bénéfice d’une « paix des braves » républicaine.

Cette nouvelle proximité entre les anciens adversaires est en vérité le fruit de ce que certains ont baptisé le « protocole du Cap Manuel » : des semaines de discussions souterraines, de négociations discrètes et de compromis politiques, conduits alors qu’Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye étaient encore emprisonnés à la prison du Cap Manuel, à quelques encablures du palais présidentiel.


Pour Macky Sall, dont l’image a été sérieusement écornée à l’international par sa décision de reporter l’élection présidentielle du 25 février et les troubles qui en ont résulté, ces photos sont une aubaine. Son image de démocrate est en partie restaurée, estime Oumar Sow, ancien ministre-conseiller du président sortant. « Macky Sall avait besoin de faire cette photo avec Ousmane Sonko avant l’investiture, car sa présence n’aurait pas pu se justifier protocolairement une fois que Bassirou Diomaye Faye était officiellement président. »

« Macky Sall a toujours été obsédé par son futur. C’est une angoisse quasi existentielle pour lui », observe un responsable politique sénégalais madré. « Dès que Sonko et Diomaye Faye sont sortis de prison [le 14 mars, après des mois d’emprisonnement] et ont annoncé que Macky Sall n’était “pas leur adversaire”, beaucoup d’entre nous ont compris qu’il avait négocié un départ par la grande porte. »

Recherche d’un terrain d’entente
Cette négociation a démarré bien avant le 20 janvier 2024, lorsque Macky Sall a découvert la liste des candidats à la présidentielle du 25 février. Le chef de l’État est alors pris au dépourvu. Le Conseil constitutionnel vient d’invalider la candidature de Karim Wade, leader du Parti démocratique sénégalais (PDS). Le président sortant comptait sur cette candidature en cas de deuxième tour opposant son candidat Amadou Ba à celui des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef).

La décision du Conseil lui permettra pourtant d’accélérer les négociations entamées depuis longtemps avec Ousmane Sonko. Ces dernières traînent en longueur. Cela fait déjà plusieurs mois que différents intermédiaires s’activent pour décrisper les tensions politiques entre les deux hommes. Une première tentative, lancée par Bassirou Diomaye Faye à travers le fils de Macky Sall, Amadou, n’avait jusqu’ici rien donné. Idem pour les médiations conduites par Alioune Tine, influent acteur de la société civile, et l’homme d’affaires Pierre Goudiaby Atepa afin d’obtenir la libération d’Ousmane Sonko et sa participation à la présidentielle. Macky Sall, agacé par l’activisme de l’architecte, le traite même publiquement « d’escroc » en novembre 2023.


Il n’en n’est pas moins déterminé à trouver un terrain d’entente avec Ousmane Sonko, arrêté en juillet et emprisonné dans la foulée. « Depuis janvier, Macky Sall avait exprimé l’envie de décrisper la situation », affirme Seydi Gassama, directeur d’Amnesty international au Sénégal. Début 2024, le chef de l’État envoie des émissaires auprès de Pastef pour entreprendre des négociations en vue d’un dégel. L’un des cadres du parti d’opposition se tourne vers Seydi Gassama pour lui proposer un rôle de médiateur. Le militant décline, tout en continuant d’appeler dans la presse à la libération de l’opposant.

Le rôle d’Ousmane Yara
Macky Sall a-t-il senti le vent tourner ? Le dirigeant se trouve dos au mur lorsqu’il décide, le 3 février, de reporter la présidentielle prévue trois semaines plus tard. Il espère encore faire reprendre à zéro le processus électoral, évoquant un conflit entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, accusé de corruption par le PDS de Karim Wade. Un moyen, soupçonnent aujourd’hui de nombreux cadres de son propre camp, d’évincer son candidat Amadou Ba, dont il ne veut plus comme successeur.

« L’idée de Macky Sall était de prolonger son mandat de deux ans afin de permettre à Karim Wade et à Ousmane Sonko d’être candidats », explique l’ex-ministre-conseiller Oumar Sow. À la demande du chef de l’État, des discussions sont entreprises pour convaincre le maire de Ziguinchor, emprisonné depuis plus de six mois, de l’intérêt de l’entreprise. C’est à ce moment-là qu’entre en jeu Ousmane Yara. L’homme d’affaires malien, habitué des palais présidentiels ouest-africains, proche du président nigérian Bola Tinubu, est un ami de longue date de Macky Sall. Il est aussi marié à la fille de l’homme politique Amdy Diallo Fall, dont la candidature à la présidentielle a été invalidée par le Conseil constitutionnel.

L’opérateur économique avait déjà été au cœur de négociations conduites par l’ancien président guinéen Alpha Condé, en 2019. À l’époque, il faisait partie de ceux qui avaient convaincu Abdoulaye Wade de renoncer à voir son fils Karim participer à la présidentielle – à la condition que celui-ci puisse concourir à celle de 2024. De quoi expliquer le désarroi de Macky Sall face à la décision des sept sages de mettre hors-jeu le fils Wade.

Ousmane Yara présente aussi l’avantage de connaître Ousmane Sonko et d’être en contact depuis plusieurs mois avec d’autres proches du leader de l’opposition, dont Cheikh Diba, l’actuel ministre des Finances, alors directeur de la programmation budgétaire. Ce dernier fait partie, avec le député Abass Fall et avec Abdou Sané, coordonnateur du Pastef à Ziguinchor, des rares responsables à avoir la possibilité de rendre visite au maire en prison. Comme Pierre Goudiaby Atepa, un permis de visite lui a été délivré par Aïssata Tall Sall, la ministre de la Justice.


Le maire de Ziguinchor se montre ouvert à la discussion, mais réalise qu’accepter le report représenterait un coût politique qui pourrait lui être fatal. Bassirou Diomaye Faye, lui, y est catégoriquement opposé. D’autres sujets sont également mis sur la table. Le projet de loi d’amnistie, qui porte sur les faits liés aux manifestations meurtrières qui se sont produites entre février 2021 et février 2024, divise profondément l’Alliance pour la République (APR) de Macky Sall. La loi sera toutefois votée le 6 mars. Les députés Pastef auront jusqu’au bout tenté de convaincre Aïssata Tall Sall d’exclure du champ d’application de la loi les responsables des forces de l’ordre coupables de « crimes de sang ». Face au refus de la ministre de la Justice, ils décident de voter contre la loi.

« Trahison »
Dix jours plus tard, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye sont libérés. Pour plusieurs proches de Macky Sall, cette libération est vécue comme une trahison. À leur sortie, les deux plus célèbres prisonniers du pays se gardent bien d’écorcher le président sortant et concentrent l’essentiel de leurs attaques sur le candidat du pouvoir, l’ancien Premier ministre Amadou Ba.

« Notre seul adversaire, c’est Amadou Ba », préviennent les deux hommes, qui mettent en cause l’intégrité du candidat lors d’une conférence de presse. Pas un mot, en revanche, sur Macky Sall. Lorsque Ousmane Sonko décide de se rendre en Casamance pour voter dans son fief de Ziguinchor, le président sortant lui permet de faire le déplacement depuis l’aéroport militaire Léopold Sédar Senghor, alors que les liaisons terrestres interrégionales sont interdites.

Parallèlement, la quasi-totalité des ministres restent en retrait de la campagne, préférant ne pas mouiller le maillot pour Amadou Ba, dont les relations avec Macky Sall se sont détériorées. Le 6 mars, ce dernier décide d’ailleurs de le démettre de son poste de Premier ministre, officiellement pour le « laisser battre campagne », après un échange très tendu en conseil des ministres.

Plusieurs cadres de la coalition présidentielle sont désormais persuadés que le chef de l’État sortant s’est même arrangé pour faire financer une partie de la candidature de Diomaye Faye. « Nous avons consacré depuis 2012 toute notre jeunesse à Macky Sall. Nous avons combattu Ousmane Sonko et le Pastef en son nom. Mais Macky Sall nous a trahis », lâche aujourd’hui, plein d’amertume, Oumar Sow. Lorsqu’il croise Ousmane Yara devant le bureau de Macky Sall, le 29 mars, le ministre-conseiller laisse éclater sa colère en voyant le Malien accompagné d’Abass Fall. « Le complot que vous avez mijoté avec Macky Sall dans son bureau, vous allez le payer cher et le regretter », leur lance-t-il.


À la veille de l’élection, le Pastef établit sa « situation room » au sein de l’hôtel Azalaï – une chaîne qui appartient au Malien Mossadeck Bally. Bassirou Diomaye Faye est aussi logé à l’hôtel, aux côtés de certains cadres du parti. Il y restera jusqu’à son investiture. C’est à l’Azalaï qu’il reçoit, le 26 mars, Moctar Pedro Diouf et son frère Habib, envoyés par leur père, l’ancien président Abdou Diouf. Une fois dans la suite, ce dernier présente de vive voix à travers un échange téléphonique ses félicitations au nouveau chef de l’État sénégalais.

Macky Sall, qui n’est pas revenu au Sénégal depuis, a réaffirmé en avril qu’il demeurait le leader de son parti, l’APR. À la fin du mois, il a pris le soin d’appeler lui-même son groupe parlementaire pour demander à ses députés de maintenir la pression sur le nouvel exécutif. Amadou Ba, quant à lui, se fait bien discret depuis sa défaite.

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1.Posté par Kalyd le 03/05/2024 19:35
Rien de nouveau comme info.
C'est faux de dire que Diomaye s'est installé à Azalay à la veille de l'élection.

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