APR Dakar: Le président Macky SALL recadre son ministre Abdoulaye Diouf Sarr

Mercredi 20 Juillet 2016

Depuis la déroute du parti au pouvoir aux élections locales de 2014, qui avaient vu l’Apr perdre 18 des 19 Communes du département de Dakar, pour ne triompher qu’à Yoff, fief du ministre Abdoulaye Diouf Sarr, ce dernier s’était autoproclamé «Patron de l’Apr à Dakar». Une posture qui commence à faire des dégâts au sein du parti présidentiel.

 

Les heurts et la tension verbale enregistrés du samedi au lundi dernier, à la Permanence nationale de l’Alliance pour la République (Apr), risquent d’être la goutte qui va faire déborder le vase rempli d’ambitions politiques, jugées démesurées, prêtées au ministre et maire de Yoff, Abdoulaye Diouf Sarr. Les actes posés par le responsable du parti présidentiel qui s’est autoproclamé «Patron de l’Apr dans le département de Dakar», semblent incommoder au plus haut point la direction du parti. Une situation qui a poussé le chef de l’Etat à réagir, comme pour remettre son «homme» à sa place.

Tout est parti des préparatifs des événements devant accompagner la tenue du Conseil des ministres décentralisé dans la région de Dakar. Le président de la République et de l’Apr avait, depuis des semaines, instruit les responsables de l’Apr dans la région de Dakar, de préparer la mobilisation de leurs troupes. Pour ce faire, comme d’habitude, Macky Sall a mis la main à la poche, avant de charger deux de ses hommes de confiance, son ministre-conseiller personnel, Mor Ngom, et le député Farba Ngom, de visiter Rufisque, Pikine, Guédiawaye et Dakar pour rencontrer, dans chacun de ces quatre départements, les responsables de l’Apr des communes, réunis en Assemblée générale, pour leur remettre les moyens financiers et matériels, et leur détailler l’agenda présidentiel du mardi au samedi. (Voir L’Observateur n°3845 du lundi 18 juillet 2016).

 

L’argent de la mobilisation. A Rufisque, Pikine et Guédiawaye, tout se passe très bien. Mais, les choses se gâtent à Dakar. Déjà, vendredi, une Assemblée générale convoquée par Abdoulaye Diouf Sarr avait débuté par une bagarre de tendances de la Cojer départementale. Quant aux événements du samedi, ce fut un scénario auquel s’attendaient les plénipotentiaires du Président Sall : ils avaient déjà eu écho, dès la veille, d’une «mobilisation particulière» que leur réservait Abdoulaye Diouf Sarr. Des Sms envoyés par des membres du proche entourage du ministre et maire de Yoff, appelaient certains militants à venir en masse à la Permanence nationale pour s’opposer aux plénipotentiaires du Président Sall en leur signifiant qu’il ne leur appartient pas de procéder à la répartition des moyens par commune. Tout devant revenir à Abdoulaye Diouf Sarr, à charge pour lui, en sa qualité de «Patron de l’Apr à Dakar», de donner à chaque commune sa part, comme il avait réussi à le faire lors du Référendum du 20 mars 2016. C’est ainsi que la rencontre de samedi finit en queue de poisson. Mais, Mor Ngom et Farba Ngom, décidés à ne pas se laisser faire, repartirent sans bourse délier, en dépit du fait qu’ils furent rudement pris à partie verbalement par les lieutenants de Abdoulaye Diouf Sarr.

 

L’après-Macky. D’après des informations recueillies par L’Observateur, le Président Sall finit par entrer en action, après qu’il a été informé de la situation. De Kigali où il se trouvait pour les besoins du Sommet de l’Union africaine, le Président Macky Sall pique une colère noire avant d’intimer l’ordre à Mor Ngom et Farba Ngom de prendre directement contact avec les responsables de l’Apr des communes du département de Dakar pour leur remettre directement les moyens. Un procédé qui rend vain le plan B de Abdoulaye Diouf Sarr qui aurait été arrêté au cours d’une réunion de ses principaux partisans, tenue jusque tard dans la soirée du samedi au dimanche. Une manifestation «d’insubordination» qui donne du crédit aux informations selon lesquelles l’entourage du maire de Yoff pense déjà à «l’après-Macky». Une ambition légitime, mais jugée prématurée par des responsables de l’Apr. D’ailleurs, le ministre de la Gouvernance locale n’est pas le seul responsable du parti à se positionner pour s’accaparer de l’héritage politique du Président Sall pour la gestion du parti. La succession de Macky Sall semble déjà ouverte.*
 L'obs

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