Abdou Faty : « Le syndicalisme du tout ou rien, n'est pas bon »

Mardi 14 Juin 2016

Abdou Faty, du Front unitaire des syndicats de l'enseignement (Fuse) n'est pas fier de l'issue que vient de connaître la grève du Grand cadre et du Cusems. En effet, il estime, dans un entretien avec EnQuête, que ces deux entités auraient dû faire comme le Fuse en acceptant les propositions de l'Etat du Sénégal et en suspendant leur mot d'ordre.


Donnant ses impressions sur le dénouement de la crise, M. Faty déclare : "Je dois préciser d'abord que le 6 mai dernier, nous (le Fuse, ndlr) avions décidé de suspendre notre mot d'ordre de grève objectivement après avoir analysé la situation. Un leader doit savoir anticiper ou prévoir l'avenir. Nous avions pris donc notre décision en suspendant la grève à cette date tout en capitalisant certains acquis. D'autres syndicats avec des grilles de lecture qui leurs sont propres ont choisi de continuer la lutte. Ce que vous devez vous demander, c'est qu'est-ce qui a changé entre la date du 6 mai et aujourd'hui ? Rien n'a changé !" 

A nos confrères qui demandent s'il est bon pour l'image du Sénégal que des syndicats, qui ont levé leur mot d'ordre de grève, donnent l'impression d'avoir capitulé, celui qui a dirigé le Grand cadre B pendant un an de souligner : "Il faut séparer la mauvaise graine de l'ivraie. Le Fuse est un regroupement de 25 organisations syndicales. Des responsables aussi éminents que Ibra Diouf Niokhobaye, un responsable du Pds mais qui ne mélange pas les serviettes et les torchons. Il y a Awa Wade, Cheikh Alassane Sène, Bougna Niang. C'est autour de la table que nous apprécions la situation avant de prendre une décision. A l'époque, le doyen Ibra Diouf Niokhobaye nous avait dit que nous ne devons pas mener nos troupes à l'impasse. Le mouvement syndical s'inscrit dans le temps. Il faut prendre et gérer le reste". 

A en croire le syndicaliste, c'est ce qui les a motivés à prendre la mise en solde. "C'était 4000, nous sommes passés à 10 000 enseignants. On a pris la validation qui est l'aboutissement d'un combat de 10 ans. On a accepté la solution proposée pour résoudre la question de la surimposition revendiquée pendant 8 ans. On a aussi accepté la sortie arrêtés d'admissions définitifs qui concernent plus de 3000 enseignants. Il restait l'indemnité de logement et les rappels. Le chef de l'Etat a pris l'engagement de payer les rappels au courant du mois de juin. Nous n'avons qu'à prendre l'opinion à témoins. Nous pensons qu'il va le faire", révèle-t-il. 

Aussi, dénonce-t-il le jusqu'au boutisme de ses camarades qui a conduit à la profonde crise que connaît actuellement l'école sénégalaise. "Le radicalisme syndical est mauvais. Le syndicalisme du tout ou rien n'est pas bon. C'est ce qui est à l'origine de cette situation que nous connaissons aujourd'hui. Nous, leaders syndicaux, nous devons être porteurs de solutions et non porteurs d'impasse. Il appartient aussi aux enseignants, qui sont des intellectuels, de pouvoir discerner les choses ; éviter le syndicalisme du tout ou rien", recommande-t-il.
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