Affaire Boffa Bayotte : Les révélations d’une ONG sur les dysfonctionnements judiciaires

Mercredi 24 Juillet 2024

Le procès en appel de l'affaire de la tuerie de la forêt de Boffa-Bayotte, survenue dans la région de Ziguinchor (sud), est particulièrement attendu par les proches de René Capin Bassène et Oumar Ampoye Bodian. L’audience est prévue pour ce mercredi. L'ONG Vision Citoyenne exprime ses craintes et remet en question l’enquête menée par la gendarmerie.

L'ONG s'étonne que le parquet ait interjeté appel pour faire comparaître deux des ex-détenus, Alioune Badara Sané et Abdoulaye Diédhiou, condamnés à six mois avec sursis pour détention illégale d’armes de 3e et 5e catégories sans autorisation. Vision Citoyenne est également préoccupée par le fait que César Atoute Badiate, jugé par contumace et qui n’a jamais interjeté appel, soit appelé à comparaître le 24 juillet.

Selon les informations de l'ONG, il semble que la justice tente de contourner les procédures habituelles. Le leader de Vision Citoyenne s'interroge : « Pourquoi le parquet a-t-il interjeté appel pour des personnes condamnées uniquement pour détention illégale d’armes, et ce, dans une chambre criminelle ? Quel est le véritable délit qu'ils ont commis ? »

Dans cette affaire, le journaliste René Capin Bassène et le postier Oumar Ampoye Bodian sont accusés d'être en collusion avec le chef rebelle César Atoute Badiate pour orchestrer une attaque contre des bucherons. Malgré une condamnation par contumace et des mandats d'arrêt, Badiate, considéré comme le plus chanceux parmi les condamnés, continue de négocier avec le régime de l'APR. M. Sane dénonce : « La justice sénégalaise affirmait que César Atoute Badiate était introuvable, alors que l'État négociait avec lui. René Capin Bassène et Oumar Ampoye Bodian ont été traités comme des agneaux de sacrifice. »

M. Sane appelle le nouveau régime à réformer la justice, soulignant que les décisions judiciaires doivent être fondées sur des preuves concrètes. « Dans l’affaire de Boffa-Bayotte, aucun rescapé n’a accusé les détenus », précise-t-il. Le coordonnateur de Vision Citoyenne invite également les étudiants de la faculté de Droit de l’Université Assane Seck de Ziguinchor à assister massivement au procès pour observer les « failles du système judiciaire ».

Madia Diop Sané, coordonnateur de l'ONG, exhorte les juges à corriger les erreurs passées du parquet. Selon lui, René Capin Bassène et Oumar Ampoye Bodian devraient être libérés, n'ayant été condamnés sans preuves solides et étant victimes d'une injustice.

Les familles des détenus, les ex-détenus et les membres de Vision Citoyenne continuent de dénoncer les lacunes dans l'enquête de la gendarmerie. L'ONG lance un appel pressant aux nouvelles autorités pour que cette affaire soit tranchée sur la base du droit, et du droit seulement.
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