Alaouites, chrétiens, yazidis : les inquiétudes montent après la chute du régime Assad

Dimanche 15 Décembre 2024

Contrairement aux récits relayés par les médias occidentaux et israéliens, l'effondrement du régime de Bachar al-Assad suscite également des inquiétudes parmi les minorités religieuses de Syrie. Alaouites, chrétiens ou yazidis, ces groupes minoritaires, dans un pays à majorité sunnite et marqué par sa diversité confessionnelle, redoutent la persécution sous le régime des islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Cham (HTC, également connu sous le nom de HTS), désormais au pouvoir.
 
Depuis 2011, le conflit en Syrie a poussé près de six millions de personnes à l'exil et causé 300 000 morts selon l'ONU, sans compter les 100 000 disparus. Malgré les assurances du Premier ministre syrien de transition, Mohamed al-Bachir, selon lesquelles la coalition rebelle garantirait "les droits de toutes les communautés", les promesses peinent à dissiper les craintes.
Monseigneur Mourad, archevêque de Homs, Hama et Nebek, tente de rassurer les chrétiens sur leur rôle dans la reconstruction du pays, mais de nombreux réfugiés et déplacés restent sceptiques face aux engagements du HTC. Ces doutes sont renforcés par les exactions passées, notamment contre les yazidis, les chiites et d'autres groupes qui refusaient de se plier à l'idéologie jihadiste.
À Kobané, les scènes de deuil se multiplient depuis la chute d’Assad. Chaque jour, les Kurdes y enterrent leurs combattants, victimes des frappes turques ou des combats contre les islamistes. Cette région, comme d'autres au Moyen-Orient, reste le théâtre d'atrocités commises contre les minorités religieuses et ethniques, qu’il s’agisse des massacres de yazidis à Sinjar ou des attaques contre les chiites à Tikrit.
 
Bien que le HTC affirme avoir rompu avec le jihadisme, son passé et ses liens avec Al-Qaïda jettent une ombre sur sa prétendue transformation. Des analystes comme Gilles Kepel ou Fabrice Balanche doutent de la sincérité de cette évolution, qualifiant son leader, Abou Mohamed al-Joulani, de "terroriste relooké".
Ainsi, malgré les changements politiques, la situation reste instable, et les minorités syriennes continuent de craindre pour leur avenir dans un pays marqué par une décennie de violences et de divisions profondes.
Lisez encore
Dans la même rubrique :