Le Président national du Mouvement pour le parti de la construction (MPC), Ali Camara dit Séga, approuve les réformes institutionnelles et appelle à voter Oui massif
A propos du référendum, quel est votre avis sur le refus du président de la république de réduire son mandat en cours de 7 à 5ans ?
La considération que j’ai sur cette question est triple. La première, j’aimerais que les citoyens élèvent leur conscience à un fait que dans une société chrétienne, la référence c’est la Bible, dans une société musulmane, la référence c’est le Coran et dans une société juive, la référence c’est le Tora mais dans une République, la référence c’est la Constitution. Alors, dans une société traditionnelle, la parole donnée est élevée au rang de sacré. Or, en l’espèce, nous sommes en présence d’une situation relative aux problématiques de la République qui est régie par la Constitution et les lois. Donc ce n’est régi par les arcanes ou les faits saillants de la tradition. La parole donnée n’a de valeur que si le droit qui nous régit est un droit coutumier. Or ici, il s’agit du droit positif tiré de la civilisation européenne. Naturellement la République ne peut avoir de référence que la Constitution qui est sacrée dans le principe de développement des institutions. Le Président de la République étant une institution régie par la constitution donc ne pouvant pas être au-dessus de celle-ci, il ne peut pas l’écraser. C’est la Constitution qui s’impose au Président de la République. Certes, je disais qu’il ne devrait même pas s’engager dans cela mais en voulant le faire, comme on le dit, le chemin de l’enfer n’est jalonné que de bonnes intentions. C’est ça qui lui est arrivé. Dans un tel contexte, le fait qu’il n’ait pas réduit son mandat l’a sauvé justement du parjure. Ça c’est important. Je vois que la plupart des politiques, des juristes, s’acharnent sur lui et discutent sur cette question comme c’était vraiment quelque chose de faisable. Alors que ce n’est pas le cas. Au nom de deux dispositions de la Constitution, l’article 36 en son alinéa 2 dit que le Président peut renoncer à son mandat avant d’entrer en fonction. Qu’est-ce que peut en déduire ? Que s’il entre en fonction il ne peut pas réduire son mandat. C’est la première lecture.
La seconde, c’est l’article 104 de la Constitution. Le Président de la République en fonction poursuit son mandat jusqu’à son terme. Alinéa 2, toutes les autres dispositions de la Constitution lui sont applicables. Quand vous devriez poursuivre votre mandat jusqu’à son terme vous n’avez pas la possibilité de le réduire d’autant plus qu’une loi ne peut programmer sa propre rétroactivité. C’est universellement reconnu. Un juriste peut se permettre de tout faire mais ce qui existe, existe donc, il faut le respecter. Je crois que le Conseil constitutionnel, par la sagesse de ses membres, ont pu nous sauver d’une situation de parjure. Et l’ayant compris, que ce soit une décision ou un avis, qu’importe, c’est qu’il respecte les dispositions de la Constitution. Pour moi, le débat est clos. Il ne devrait même pas avoir lieu. Malheureusement dans un pays comme le nôtre, la plupart des gens se mettent dans une position politique extrême et voulant torpiller tout. Nous le constatons même dans l’Administration quand il y a un certain d’institutions qui sont mises en place et les gens au nom de leurs intérêts crypto-personnels peuvent créer d’autres organes pour torpiller l’existence des institutions normales qui doivent prendre en charge telle ou telle question. Donc des hommes se substituent aux institutions. Aujourd’hui ce sont des politiciens qui veulent se substituer à la Constitution. Sur ce point-là, je ne défends pas le Président de la République, je défends la vérité. S’il s’est trompé oui, il s’est trompé de bonne foi mais il doit rectifier le tir pour ne pas mettre le pays dans une situation sans lendemain. C’est la vérité qui a triomphé dans tout ce processus de verbiage.
Ne pensez-vous pas qu’il a manqué sa parole ?
La parole donnée n’a pas de valeur dans une république. C’a de la valeur d’une société traditionnelle qui l’a érigée en valeur cardinale. Une institution de la République s’adosse sur la Constitution mais pas sur la parole donnée dans une République. Donc c’est un faux débat. C’est le premier aspect. Le deuxième, qu’il ait réitéré son engagement de réduire son mandat après s’être installé n’est qu’un jeu politique. Ça ne devrait pas être mais c’est fait. Par rapport au référendum, il y a énormément d’opportunités à le faire.
Que pensez-vous de ceux disent que ce sont des dépenses intitules ?
Non ce n’est pas vraie mais il possible de le coupler aux législatives et aussi à présidentielle pour éviter des dépenses multiples. Je pense que nous avons tous le souci, et c’est le Président lui-même qui dit qu’il faut faire de la gestion sobre et vertueuse.
On sait qu’entre le pouvoir et l’opposition, il n’existe aucun dialogue. Est-ce que cela n’est pas un danger pour le pays ?
Si les conditions d’un dialogue fécond avec les différents segments de la société politique ne sont pas réunies, ce qu’il y a lieu de faire, c’est de voir convenablement, comment il faudra reporter ce référendum à une date qui peut faire le consensus. Pour éviter que la société n’entre dans une phase de turbulence qui n’en vaut la peine. La turbulence ce n’est pas des manifestations et de la guerre mais aussi le fait qu’un débat soit entretenu pendant des semaines, des mois, dans un pays où les gens n’ont pas l’esprit au travail, ce sont des formes de troubles. Le pays n’en gagne pas. Les ardeurs sont émoussées ou sont orientées vers ce débat futile. Je suis favorable à un dialogue profond et ce qu’à l’issue de dialogue, ce qui sera de la tendance générale soit marqué.
Quel est l’avenir de votre parti dans la mouvance présidentielle ?
Nous sommes un parti politique qui a pris des engagements avec le Président de la République pour la gestion du pays. Une gestion sérieuse, cohérente et paisible pour une durée de 7 ans. Dans cette situation, nous sommes une organisation indépendante qui réfléchit sur la base des intérêts de la nation. Dans un tel contexte, nous avons des instances qui doivent se prononcer sur cette question dans les jours à venir. Ce que ces instances vont poser comme directives, sera applicable par tous les militants à commencer par moi le président national et je dois y veiller à l’échelle de tout le parti. Si nous avons des observations, nous les porterons à l’attention de notre compagnon qui est le Président de la République Macky Sall. Si l’opportunité ne nous est pas donnée, nous serons obligés de prendre un certain nombre de positions qui vont prévaloir dans notre parti.
Est-ce que vous avez renoncé à vos ambitions présidentielles ?
Nous n’avons pas renoncé à notre projet de conquérir les suffrages des citoyens et gérer le pays. Après la création du parti, nous avons fait le maillage du pays et comme que la situation des partis politiques est la même d’un train qui quitte une gare en direction de son terminus. Il y’en a ceux qui sont descendus au niveau des stations et d’autres qui sont montés. Donc c’est un réajustement permanent.
Sur les 15 points des réformes, il y a un que récuse qu’un président de la république soit en même temps président de parti. Votre point de vue sur le financement des partis politiques ?
Je suis totalement favorable à ce qu’un Président de la République ne doit plus être un chef de parti. Pour le financement des partis politique, je pense qu’il faudra procéder à l’encadrement des partis politiques. Un parti politique qui participe à des élections et qui se retrouve avec 5% ou un peu plus, mérite d’être appuyé par qu’il fasse un travail de formation, de sensibilisation de nos concitoyens. Il y a donc des plafonds à ne jamais dépasser. Il faut aussi faire de telle que les enveloppes financières qui doivent encadrer le dépôt de candidatures pour les présidentielles, les législatives et autres soient donc des questions murement réfléchies.
Etes-vous pour la limitation des partis politiques au Sénégal ?
Vouloir une situation de limitation des partis politique c’est inacceptable. Ça c’est un droit à l’association qui est inaliénable. Même s’il y a 2000 partis, ils ont le droit de se créer et de se dissoudre de façon autonome. Maintenant un certain nombre de règles doit être édité pour encadrer l’existence d’un parti politique. S’il ne réunit pas toutes les conditions, il peut être appelé par la loi à disparaître. Mais on ne peut pas se lever pour décréter la mort d’un parti parce qu’il y a trop de partis politiques. Combien existe-t-il de GIE, d’associations sportives et culturelles, de daïras ? Ce sont des associations qui, tout comme les partis politiques, méritent d’être encadré. Cet encadrement, c’est tous les acteurs politiques qui doivent le discuter.