Personne ne pouvait imaginer que Abdoul Mbaye, connu à la fois comme fils de Kéba Mbaye, un homme d’une intégrité morale et professionnelle inscrite dans le marbre de l’histoire et comme banquier au parcours prestigieux, s’engagerait dans l’arène politique. Installé à la primature, en 2012, où il n’a fait qu’un bref passage, il est devenu, en un temps-record, un opposant radical contre Macky Sall. Il ne lui pardonne point cette rapide défenestration qu’il semble assimiler, sans le dire publiquement, à une trahison dont il faut solder les comptes. Mais autant il en a le droit, autant il plonge dans un marécage où tout peut lui arriver car aucun cadeau ne lui sera fait.
Cet engagement politique de retardataire est une grosse erreur. Certains Sénégalais ont la fâcheuse habitude de jeter des personnes crédibles dans l’espace public et particulièrement dans l’arène politique sans en mesurer les conséquences probables. Et il est indubitable que M. Mbaye a été poussé dans le combat où il ne dispose d’aucune d’arme, ni d’aucune argutie pour faire face et remporter des victoires.
Conservateur conventionnel au discours trivial, il n’a jusqu’ici servi au peuple sénégalais aucune vision d’avant-garde, d’anticipation, de rupture et d’innovation. Il ne peut dire plus que ce qui a été dit et changer la vie des citoyens et le destin national.
Né dans un douillet nid familial et ayant bénéficié lui-même d’une enfance commode, d’une adolescence savoureuse, d’une jeunesse avenante et d’une vie argentée, peut-il mesurer le degré de la peine sociale de ceux qui se vautrent dans des cases de fortune et dans des faubourgs désavantagés ainsi que le supplice de ceux qui mangent à midi en se passant de diner ?
Le mal d’autrui ne peut être partagé que par celui qui l’a une fois vécu pour en mesurer la douleur qui lacère le cœur. Que Abdoul Mbaye prétexte un altruisme pour venir au secours de la Nation est une excellente initiative. Mais qu’il en mesure la nature suicidaire pour ce qu’il fut et ce qu’il fit.
Déjà, le champ politique sénégalais est déjà submergé de faucons, de vétérans, d’antédiluviens, des maroufles et de personnes sevrées d’éthique qui ne reculent devant aucune forfaiture pour faire saigner un adversaire.
Abdoul Mbaye fut Premier ministre. Comme ses prédécesseurs Ndéné, Niasse, Idy, Mimi, et autres, il n’a pas laissé des faits d’arme. Son passage à la primature ne fut guère une épopée. Jusqu’en ce moment où il se lance dans l’arène, la Nation attend de lui une présentation de résultats.
Il avait pour mission de faire redresser le Sénégal en améliorant les conditions de vie des Sénégalais. Il a été limogé pour manque de résultats, étant ce Premier ministre de Macky Sall qui a lui-même attisé le désenchantement des citoyens, un désenchantement dans lequel il se retrouve comme un humus bréhaigne qui se redresse contre le sol duquel il a été incapable de faire jaillir une plante verte.
Son parcours permet une approche objective de sa personnalité et de ses ambitions : il ne connaît que le monde bancaire, espace de manutention financière et tout renseigne que son génie est plus de thésauriser de l’argent en fin calculateur que de redresser un destin national.
L’affaire Habré en dégage une certaine puanteur !
Le Piroguie rewmi.com