Nichée dans la luxuriante forêt du département de Ziguinchor, Boutoupa Camaracounda est une collectivité territoriale qui partage une grande partie de ses frontières avec la Guinée Bissao. Cet ancien chef-lieu de canton et communauté rurale -devenue commune de plein exercice en 2014 - est un pur terreau de pauvreté et d’exclusion.
Autrement dit, le foutage de gueule des autorités plonge la commune dans un manque de moyens matériels, dans une insuffisance d’infrastructures et d’équipements inimaginable.
Cette damnée collectivité territoriale voit sa population vivre dans une pauvreté endémique qui désarçonne tous. Le seul fait de vivre dans une localité pauvre n’est-il pas, en effet, un signe de pauvreté ?
Lors de la campagne présidentielle de 2019, le candidat Sall a reçu le Maire de la localité et il a pris des engagements fermes de développer Boutoupa Camaracounda en cas de victoires. Ainsi, au moment où tous ont pris rendez-vous avec l’histoire, où tous ont tourné dos à l’armée mexicaine de BBY en signe de protestation et de refus à l’assertivité et à l’arrogance de ces leaders, Boutoupa/Camaracounda dans un kowtow a renouvelé sa confiance au président Sall.
On se rappelle, Boutoupa a tenu la draguée haute réussissant l’exploit d’être l’unique localité du département a résisté à la terrible razzia du maestro Sonko.
Pourtant, sans aucun politicien d’envergure et avec zéro décret de nomination le peuple l’a fait défiant ainsi tous les pronostics des analystes politiques. Comment a-t-il pu réussir le coup de maitre? Par quel processus cela est-il arrivé au moment où rien n’a été en chantier dans cette localité où tout manque ?
On se rappelle encore au soir du scrutin, les envies des politiciens locaux de la mouvance enflaient, les calculs de positionnement aussi sournois fusaient tout bas, chacun s’octroyait la paternité de la victoire. Enfin, ils ont espéré et ils ont cru qu’au partage du gâteau ils prendront part. Hélas ! Ils n’ont jamais été invité au banquet des vainqueurs malgré leur tentative à faire du bruit en organisant une fête de célébration de la victoire. Le président Sall a estimé que leur apport est insignifiant puisqu’au finish BBY a largement perdu la région de Ziguinchor.
Par conséquent, ils ne méritaient pas une oreille attentive et une prise en charge des préoccupations de leur localité. Le peuple quant à lui entrevoyait la lueur d’espoir pour sortir des ténèbres. Il pensait qu’enfin l’eau potable, l’électricité, des ouvrages, des équipements, bref un ensemble d’installations comme les routes nécessaires à la commune sériaient le décor après réélection. Désillusion totale.
Or, sur le terrain la situation est préoccupante. Nous sommes confrontés à des pauvretés et des exclusions sur tous les plans. Allons voir de plus près de quoi il s’agit. Nous notons plusieurs catégories de pauvreté dans la commune malgré la victoire: la pauvreté intégrée, la pauvreté de marginalité et la pauvreté issue d’un processus de disqualification. Ces pauvretés s’inscrivent dans un processus qui touche les différentes franges de la population.
Aujourd’hui, l’image dominante dans la commune est celle d’une forme de disqualification sociale, d’un abandon du président de la République. Pourtant, les dirigeants locaux ont promis de l’électricité, de l’eau potable à la population, d’ailleurs, c’était le seul discours qu’ils tenaient à la population ce qui a le plus fait basculé le vote en leur faveur.
Et aujourd’hui que reste-t –il ? La déception semble être le sentiment le mieux partagé. Nous vivons une exclusion de programmes et de projets de Macky Sall, aucune promesse n’est tenue. Nous croyions que PUDC, PUMA…bref à cette panoplie de programmes et projets allaient nous servir dans le processus développement vu notre situation géographique. Dommage, jusque-là zéro réalisation au compteur. Nous restons sur notre faim. Certes nous sommes pauvres mais être pauvre ne veut pas forcément dire être exclu des programmes étatiques. Nous notons là à une véritable exclusion. L’exclusion notée se décline notamment en exclusions économiques et en exclusions territoriales.
En résumé, malgré l’état dégradant et très préoccupant de la commune, la population attend toujours la part du contrat de Macky sall. Vues les formes de pauvreté, les formes d’exclusion précitées et les politiques publiques qui ne donnent aucune garantie pour une transformation en profondeur de la commune de Boutoupa Camaracounda, nous nous demandons si le président Sall n’a-t-il pas rayé Boutoupa/Camaracounda de son plan de développement ou n-a-t-il pas oublié l'existence de Boutoupa Camaracounda ?
Si réellement le président Sall veut développer Boutoupa/Camaracounda, il doit aussi pouvoir inventer et chercher avec les personnes des réponses, des solutions en s’appuyant sur les ressources locales et les compétences propres de la commune Ce n’est pas facile à faire comprendre ni à expliquer pourquoi le président Sall a tourné dos à cette localité !
Nicolas Silandibithe BASSENE