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Avons-nous pris le soin de bien comprendre Ousmane Sonko ? (Mohamed GASSAMA)

Mercredi 22 Mai 2024

Au terme de la légendaire confrontation des idées dans l’arène universitaire, nous avons douté et même beaucoup douté avant de tremper notre plume dans l’encre. Nous nous demandions si cela valait la peine d’autant que le pays est en proie à des groupes de hérauts envoyés pour répandre la confusion et la cacophonie. Nous ne doutions point de nos facultés intellectuelles mais voulions, juste, éviter les ignorants. 


Hélas, il semble que le Sénégal en compte dans des proportions insoupçonnées. Sous ce rapport, permettez- nous, en toute modestie, d’expliciter l’expression « casus belli », dont la compréhension aurait, peut-être, évité toute cette polémique. En latin, « casus » signifie la cause et « bellum » veut dire la guerre. On écrit « belli », tout simplement, parce que le latin est une langue flexionnelle, c’est-à-dire, une langue dont la forme des mots change suivant leur fonction. Pour ceux qui comprennent bien le français, en entendant Ousmane SONKO avertir que le sujet de l’homosexualité reste un « casus belli », le débat aurait dû, immédiatement, être clos. Malheureusement, l’expansion de l’empire de l’ignorance nous incite à recommander le doute ou la sagesse. Le philosophe et polymathe grec Aristote aimait rappeler que « l’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit ». Alors, vous comprenez que nous avons refusé de prendre place à côté de ceux qui, sans cesse et sans distance critique, s’autoproclament dépositaires de la certitude ou de la rectitude, en considérant leur point de vue comme une vérité générale.

Dès la fin des joutes oratoires, un clan de virulents détracteurs et de sempiternels donneurs de leçon s’est mis à implorer des invitations sur les plateaux de télévision ou à courir après des interviews dans les média pour tenter, uniquement, de falsifier le libre échange que nos deux yeux ont vu ainsi que les avis tranchés que nos deux oreilles ont perçus, le 16 mai 2024.

Que n’a-t-on pas entendu ou lu à travers la presse ? Presque du tout. De l’amalgame à la manipulation en passant par la tartuferie et la mauvaise foi. Mus par l’intention manifeste de nuire, de tristes vindicatifs, en manque d’arguments, ont voulu saisir l’opportunité de la rencontre entre Ousmane SONKO et Jean-Luc MÉLENCHON pour essayer de faire une cure de jouvence. C’est méconnaître les fondamentaux d’un débat intellectuel, qui plus est, s’est tenu dans l’enceinte d’un établissement supérieur. Dans la Rome antique, l’université visait comme objectif premier l’accueil d’enseignants et d’étudiants venant d’horizons divers et variés. En clair, l’université reste un creuset où viennent tomber tous les spécimens. C’est un TOUT, c’est-à-dire, un terreau fertile pour le désaccord.

À ce titre, il aurait été plus sage de commencer par bien appréhender l’esprit et le contexte qui ont sous tendu cette conférence conjointe avant de se lancer dans des jugements de valeur. Cela est d’autant plus important qu’il permettrait de comprendre largement la liberté de ton des débatteurs. Par la qualité de leurs réflexions et le courage de leurs idées, ils ont pu susciter un réel espoir pour les deux pays qui demeurent liés par l’histoire et le sang. Qu’on se dise une bonne fois pour toutes. Vivant dans l’Hexagone, nous n’imaginons pas un seul instant voir un homme politique, de surcroît, prétendant au fauteuil présidentiel français soutenir le contraire de ce que le leader de la « FRANCE INSOUMISE » a déclaré à Dakar au sujet de l’homosexualité.

Quoi qu’il en soit, l’important n’est pas dans la conviction ou dans les ambitions de l’hôte du « PASTEF » mais plutôt dans la position ferme adoptée par Monsieur SONKO, qui fut à l’origine du débat. À la vérité et contrairement à une idée répandue dans le but de désinformer, à aucun moment de son speech, l’invité MÉLENCHON n’a soulevé la question de l’homosexualité. Il n’avait fait que répondre au Président des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité. Ce dernier, de façon claire et nette, avait, auparavant, martelé le rejet des sénégalais. En d’autres termes, Ousmane SONKO a ouvertement appelé les occidentaux à se limiter à croire en leur culture et à laisser les autres croire en la leur. In fine, nous ne voyons pas de quoi fouetter un chat. Beaucoup d’autres sujets étaient au menu, alors pourquoi se focaliser sur un seul ? Peut- être, pour se faire remarquer sinon rien n’a changé sous les cieux et les citoyens sont dotés de raison pour procéder à un discernement. C’est pourquoi, nous plaignons ceux qui pensent pouvoir détourner l’attention du peuple souverain à travers des campagnes d’intoxication. « L’homo-senegalensis » ainsi que nos frères et sœurs d’Afrique sont bien entrés dans l’histoire et, mieux, ils sont les principaux acteurs de l’histoire. En effet, le continent africain symbolise le point central du globe, pourrions-nous dire. Il est à la croisée des chemins, ajouterons-nous. De ce fait, nous ne pouvons que nous réjouir de la richesse du débat et du choc des croyances. C’est pour cette raison que nous ne pouvons comprendre les sénégalais qui feignent de ne pas voir le soleil alors qu’il est au zénith.

Au-delà de tout, c’est le «Temple du savoir » de Dakar qui voit son blason redoré par la qualité exceptionnelle de ses hôtes mais aussi par l’envergure des sujets traités sans détours ni faux fuyant. Partant, la plus ancienne des Universités d’Afrique noire d’expression française peut s’honorer d’avoir été l’épicentre d’un renouveau dans les relations entre la France et le Sénégal mais également d’avoir redonné un sens à sa devise, qui est : « Lux mea Lex » ( La lumière est ma Loi ).

Mohamed GASSAMA / Citoyen sénégalais de la diaspora
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