Des délégations du monde entier se réunissent au Panama depuis le 5 février pour la 10e Conférence des parties (COP10) à la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Lors de la COP10, les délégués de 183 pays discutent de divers points, notamment de la réglementation, le commerce illicite, la publicité et la promotion des produits du tabac entre autres sujets dont l'un des plus controversés du débat actuel, l’avènement des nouveaux produits du tabac et de la nicotine.
Dans son discours d’ouverture, la Directrice du Secrétariat de la CCLAT, Adriana Blanco Marquizo, a souligné trois préoccupations majeures : la lenteur de la mise en œuvre de la CCLAT, les nouveaux produits à base de nicotine et de tabac qui gagnent en popularité et l’ingérence continue de l’industrie du tabac qui freine les efforts pour la lutte antitabac au sein des pays. Elle a mis en garde contre la croissante ascension des nouveaux produits émergents à base de tabac et de nicotine « Une partie de cette augmentation est due aux messages fallacieux de l'industrie du tabac, décrivant ces produits comme des alternatives pouvant être de véritables outils de lutte antitabac », a-t-elle déclaré.
L'industrie et les défenseurs de la réduction des méfaits du tabac affirment que les cigarettes électroniques à base de nicotine ou les produits chauffés sans combustion sont une alternative moins nocive comparée aux cigarettes conventionnelles. Mais l’OMS conteste cette allégation et affirme que ces alternatives créent également une dépendance et que l’industrie du tabac fournit des informations trompeuses à leur sujet. Les accusations fusent de toutes parts. De leur côté, les partisans de la réduction des risques dénoncent l’opacité de la CCLAT, arguant que non seulement l’industrie du tabac est laissée à l’écart des discussions, mais également d’autres parties prenantes concernées comme la société civile, la communauté médicale et scientifique, les experts de la santé publique, les consommateurs qui sont les plus impactés.
Un dialogue de sourds
Tomás Sánchez, président de l'Association panaméenne pour la réduction des méfaits du tabac, a déclaré dans un communiqué : « Ces dernières années, il est devenu de plus en plus clair qu'à la COP, il n'y a pas de place pour le débat fondé sur des preuves scientifiques et tenant compte des réalités de chaque pays. Seuls ceux qui respectent ou partagent la ligne dictée par l’OMS sont invités au débat. Mais pour ne pas paraître à la limite de l’autoritarisme, ils ont mis en place un processus de présélection dans lequel ils définissent et décident eux-mêmes qui participe aux sessions de la COP. »
Dans son discours, la Directrice du Secrétariat de la CCLAT a demandé à tous les délégués d'être attentifs à ce qu'elle a décrit comme « l'ingérence incessante de l'industrie du tabac aux quatre coins du monde ».
Cependant, c’est un sujet qui ne concerne pas seulement l’industrie du tabac, mais bien d’autres couches de la société civile. Dans son communiqué publié le 7 février, l’organisation américaine Taxpayers Protection Alliance-TPA, une organisation à but non lucratif dédiée à l'éducation du public sur les impacts fiscaux et économiques de l’action des gouvernements, s'interroge :
« L’OMS écoute-t-elle les consommateurs qui tentent d’avoir accès à des produits moins nocifs pour leur santé ? L’OMS écoute-t-elle les scientifiques qui ont démontré que ces produits sont à 95% moins nocifs ? L’OMS écoute-t-elle les contribuables qui souhaitent plus de clarté dans la gestion des fonds utilisés par les organisations internationales ? L’OMS écoute-t-elle les organisations qui plaident pour des débats ouverts et transparents ? Ou bien l’OMS écoute-t-elle Michael Bloomberg et ses amis philanthropes ? », se demande l’Organisation.
Une partie de la communauté médiatique internationale se sent également mise à l’écart « La presse joue un rôle crucial dans la surveillance et la diffusion des informations qui ont un impact sur la vie des citoyens. Restreindre l'accès des médias à des événements aussi importants porte non seulement atteinte au principe démocratique de la liberté de la presse, mais soulève également des questions sur la volonté des parties concernées d'être transparentes et ouvertes au contrôle du public. », a commenté H. Cigarruista, journaliste panaméen.
Dans les nouvelles lignes directrices qui seront adoptées, la CCLAT souhaite encourager les parties à la convention à promulguer des interdictions extrêmement strictes sur les communications liées aux produits alternatifs aux cigarettes. En d’autres termes, les lignes directrices criminaliseraient l’activisme pour la réduction des méfaits du tabac, soutenu par une presse qui a joué un rôle central dans l’accès à l’information sur les meilleures alternatives et les avancées scientifiques en matière de santé publique.
L’OMS pense au contraire que cela mettrait en péril les efforts de lutte contre le tabagisme, la CCLAT de l'OMS recommande donc simplement de faire interdire toute forme de communication et d'accès à l'information sur ces nouveaux produits.
La science est une et indivisible
Pour l'OMS, les preuves scientifiques disponibles démontrant que les nouveaux produits sont moins nocifs ne suffisent pas, alors qu'il a été prouvé que le niveau de certains produits chimiques nocifs dans les aérosols produits par les produits du tabac alternatifs est inférieur à celui de la fumée de cigarette qui est la principale cause des maladies liées au tabagisme.
Il ne peut y avoir de « science de l’industrie du tabac contre la science ». L’OMS rejette les preuves scientifiques disponibles, principalement parce que la plupart des études ont jusque-là été réalisées par les compagnies de tabac. Le Dr Clive Bates, ancien directeur de l'Action contre le tabagisme et la santé au Royaume-Uni, s’est exprimé dans une déclaration récente et affirme que le fait de simplement rejeter des preuves scientifiques est contraire à l’approche scientifique. Il a poursuivi en déclarant que l'OMS et les militants de la lutte antitabac ont joué un rôle déterminant en refusant à des millions de fumeurs l'accès à des alternatives à faible risque comparé à la cigarette, à travers la prohibition, la réglementation excessive et la désinformation qui ne sont fondées sur aucune base scientifique.
En fin de compte, ce sont les consommateurs qui restent dans le flou en raison des informations contradictoires qu’ils reçoivent de toutes parts. Ils s'attendraient à ce que l'OMS prenne plus au sérieux la réduction des méfaits du tabac, examine de plus près les preuves factuelles et participe à la recherche afin de vérifier la véracité des résultats des études et garantir leur crédibilité, ce qui permettra d’instaurer la confiance parmi toutes les parties prenantes, au bénéfice de la santé des fumeurs qui malgré toutes les stratégies de lutte contre le tabagisme, continuent de fumer.
Néanmoins, il va sans dire que la venue de ces nouveaux produits dits innovants et à risque réduit doit être scrupuleusement encadré dans nos pays. Ces produits doivent être règlementés afin que les mineurs ainsi que les non-fumeurs n’en soient pas la cible commerciale, mais seulement accessibles aux fumeurs adultes qui souhaitent avoir accès à des alternatives potentiellement moins nocives, à défaut de réussir à arrêter de fumer. Il conviendrait donc que toutes les parties puissent participer au débat et associer à cette nouvelle approche de réduction de la nocivité, une communication et une sensibilisation inclusive et appropriée.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de fumeurs sera estimé à 1,1 milliard de fumeurs dans le monde en 2025, si les tendances récentes se poursuivent.
Dans son discours d’ouverture, la Directrice du Secrétariat de la CCLAT, Adriana Blanco Marquizo, a souligné trois préoccupations majeures : la lenteur de la mise en œuvre de la CCLAT, les nouveaux produits à base de nicotine et de tabac qui gagnent en popularité et l’ingérence continue de l’industrie du tabac qui freine les efforts pour la lutte antitabac au sein des pays. Elle a mis en garde contre la croissante ascension des nouveaux produits émergents à base de tabac et de nicotine « Une partie de cette augmentation est due aux messages fallacieux de l'industrie du tabac, décrivant ces produits comme des alternatives pouvant être de véritables outils de lutte antitabac », a-t-elle déclaré.
L'industrie et les défenseurs de la réduction des méfaits du tabac affirment que les cigarettes électroniques à base de nicotine ou les produits chauffés sans combustion sont une alternative moins nocive comparée aux cigarettes conventionnelles. Mais l’OMS conteste cette allégation et affirme que ces alternatives créent également une dépendance et que l’industrie du tabac fournit des informations trompeuses à leur sujet. Les accusations fusent de toutes parts. De leur côté, les partisans de la réduction des risques dénoncent l’opacité de la CCLAT, arguant que non seulement l’industrie du tabac est laissée à l’écart des discussions, mais également d’autres parties prenantes concernées comme la société civile, la communauté médicale et scientifique, les experts de la santé publique, les consommateurs qui sont les plus impactés.
Un dialogue de sourds
Tomás Sánchez, président de l'Association panaméenne pour la réduction des méfaits du tabac, a déclaré dans un communiqué : « Ces dernières années, il est devenu de plus en plus clair qu'à la COP, il n'y a pas de place pour le débat fondé sur des preuves scientifiques et tenant compte des réalités de chaque pays. Seuls ceux qui respectent ou partagent la ligne dictée par l’OMS sont invités au débat. Mais pour ne pas paraître à la limite de l’autoritarisme, ils ont mis en place un processus de présélection dans lequel ils définissent et décident eux-mêmes qui participe aux sessions de la COP. »
Dans son discours, la Directrice du Secrétariat de la CCLAT a demandé à tous les délégués d'être attentifs à ce qu'elle a décrit comme « l'ingérence incessante de l'industrie du tabac aux quatre coins du monde ».
Cependant, c’est un sujet qui ne concerne pas seulement l’industrie du tabac, mais bien d’autres couches de la société civile. Dans son communiqué publié le 7 février, l’organisation américaine Taxpayers Protection Alliance-TPA, une organisation à but non lucratif dédiée à l'éducation du public sur les impacts fiscaux et économiques de l’action des gouvernements, s'interroge :
« L’OMS écoute-t-elle les consommateurs qui tentent d’avoir accès à des produits moins nocifs pour leur santé ? L’OMS écoute-t-elle les scientifiques qui ont démontré que ces produits sont à 95% moins nocifs ? L’OMS écoute-t-elle les contribuables qui souhaitent plus de clarté dans la gestion des fonds utilisés par les organisations internationales ? L’OMS écoute-t-elle les organisations qui plaident pour des débats ouverts et transparents ? Ou bien l’OMS écoute-t-elle Michael Bloomberg et ses amis philanthropes ? », se demande l’Organisation.
Une partie de la communauté médiatique internationale se sent également mise à l’écart « La presse joue un rôle crucial dans la surveillance et la diffusion des informations qui ont un impact sur la vie des citoyens. Restreindre l'accès des médias à des événements aussi importants porte non seulement atteinte au principe démocratique de la liberté de la presse, mais soulève également des questions sur la volonté des parties concernées d'être transparentes et ouvertes au contrôle du public. », a commenté H. Cigarruista, journaliste panaméen.
Dans les nouvelles lignes directrices qui seront adoptées, la CCLAT souhaite encourager les parties à la convention à promulguer des interdictions extrêmement strictes sur les communications liées aux produits alternatifs aux cigarettes. En d’autres termes, les lignes directrices criminaliseraient l’activisme pour la réduction des méfaits du tabac, soutenu par une presse qui a joué un rôle central dans l’accès à l’information sur les meilleures alternatives et les avancées scientifiques en matière de santé publique.
L’OMS pense au contraire que cela mettrait en péril les efforts de lutte contre le tabagisme, la CCLAT de l'OMS recommande donc simplement de faire interdire toute forme de communication et d'accès à l'information sur ces nouveaux produits.
La science est une et indivisible
Pour l'OMS, les preuves scientifiques disponibles démontrant que les nouveaux produits sont moins nocifs ne suffisent pas, alors qu'il a été prouvé que le niveau de certains produits chimiques nocifs dans les aérosols produits par les produits du tabac alternatifs est inférieur à celui de la fumée de cigarette qui est la principale cause des maladies liées au tabagisme.
Il ne peut y avoir de « science de l’industrie du tabac contre la science ». L’OMS rejette les preuves scientifiques disponibles, principalement parce que la plupart des études ont jusque-là été réalisées par les compagnies de tabac. Le Dr Clive Bates, ancien directeur de l'Action contre le tabagisme et la santé au Royaume-Uni, s’est exprimé dans une déclaration récente et affirme que le fait de simplement rejeter des preuves scientifiques est contraire à l’approche scientifique. Il a poursuivi en déclarant que l'OMS et les militants de la lutte antitabac ont joué un rôle déterminant en refusant à des millions de fumeurs l'accès à des alternatives à faible risque comparé à la cigarette, à travers la prohibition, la réglementation excessive et la désinformation qui ne sont fondées sur aucune base scientifique.
En fin de compte, ce sont les consommateurs qui restent dans le flou en raison des informations contradictoires qu’ils reçoivent de toutes parts. Ils s'attendraient à ce que l'OMS prenne plus au sérieux la réduction des méfaits du tabac, examine de plus près les preuves factuelles et participe à la recherche afin de vérifier la véracité des résultats des études et garantir leur crédibilité, ce qui permettra d’instaurer la confiance parmi toutes les parties prenantes, au bénéfice de la santé des fumeurs qui malgré toutes les stratégies de lutte contre le tabagisme, continuent de fumer.
Néanmoins, il va sans dire que la venue de ces nouveaux produits dits innovants et à risque réduit doit être scrupuleusement encadré dans nos pays. Ces produits doivent être règlementés afin que les mineurs ainsi que les non-fumeurs n’en soient pas la cible commerciale, mais seulement accessibles aux fumeurs adultes qui souhaitent avoir accès à des alternatives potentiellement moins nocives, à défaut de réussir à arrêter de fumer. Il conviendrait donc que toutes les parties puissent participer au débat et associer à cette nouvelle approche de réduction de la nocivité, une communication et une sensibilisation inclusive et appropriée.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de fumeurs sera estimé à 1,1 milliard de fumeurs dans le monde en 2025, si les tendances récentes se poursuivent.