Le 02 mars 2020, le Sénégal enregistrait son premier cas de coronavirus. Le 23 mars, le Président s’adresse à la nation en ces termes « nous sommes en guerre ». L’union sacrée fut décrétée ! Le Sénégal rentra dans la gestion d’une crise qui se révèle peu maitrisée trois mois après. En effet, la gestion de cette pandémie est un « cas pratique » pour la théorie managériale.
Au regard des éléments de langage utilisés (quarantaine, couvre-feu, confinement), on constate qu’une approche clinique est adoptée. Dès lors, sont mis au-devant de la scène des médecins pour un exercice auquel ils ne sont pas préparés : la communication de crise ! Chaque matin, le ministre ou un agent de santé fait le point sans aucune interaction humaine dans un discours « très fade ». Si informer suffisait, un médecin ne fumerait pas ! Où est le porte-parole du gouvernement ?
Pourtant depuis 2001, l’UNESCO préconise une approche culturelle face aux pandémies. Cette dernière consiste à activer les supports culturels propres à chaque communauté. « Etant donné la diversité des situations rencontrées sur le terrain, les actions de prévention et de traitement cliniques ont été relativement inefficaces ». D'ailleurs pour l’institution onusienne, « les groupes de projets fondés sur la communauté devront être bâtis sur une base pleinement participative, avec les leaders locaux clés... Les gens ne se mobiliseront que si on les atteint là où ils sont et sur un pied d’égalité ».
A la lumière de ces propos, on constate qu’il nous faut une approche marketing dans de pareilles circonstances. En effet, cherchant à favoriser le changement de comportement d’un public cible, le marketing social peut se décliner à travers trois infinitifs : connaitre, adapter et impliquer... la cible. Ce marketing sociale est « l’utilisation d’outils issus du marketing commercial afin de promouvoir l’adoption d’un comportement qui permet d’améliorer la santé ou le bien-être du public cible ou de l’ensemble de la société » .
Autrement dit, l’aspect clinique est minoritaire lorsqu’on fait face à une pandémie dont le seul remède réside dans la prévention. Dans une telle situation, les théories du management stratégique donnent plus de solutions. D’ailleurs selon Peter DRUCKER (1961), une organisation doit être « orientée-marché » pour assurer sa performance.
Dans notre cas de figure, la performance consiste à donner des « raisons satisfaisantes à la population pour son implication dans la lutte contre la pandémie». Dans le cadre de nos recherches (enquêtes menées à Dakar, Mbour, Saint-Louis, Kaolack et Casamance en 2017) nous avons pu démontrer que « la population s’implique plus facilement au changement de comportement quand elle « perçoit » que le message qui lui est adressé est « orienté marché ».
Au lieu du « rester chez vous », le gouvernement du Sénégal se devait de gérer trois impératifs : sanitaire, économique et social. Autrement dit, il fallait réaliser un « compromis stratégique » entre quatre aspects que sont :
- Ce que l’on veut faire : l’objectif du Président et de son gouvernement était de stopper la propagation de la pandémie. A la date du 02 mars, seules deux villes étaient touchées.
- Ce que l’on peut faire : identifier nos ressources, compétences, forces et faiblesses.
Un tel questionnement ferait remarquer que l’Etat du Sénégal ne dispose pas des ressources pour faire supporter le « rester chez vous » !
- Ce que l’on est autorisé à faire : du point de vue juridique, l’Etat d’urgence a tracé un boulevard pour le Président. Cependant, nos dirigeants semblent avoir occulté un facteur essentiel : la perception des populations. Des facteurs situationnels (honorariat, nominations perçues comme non essentielles, convoi des enseignants) ont laissé planer le doute dans la conscience collective.
- Ce que l’on devrait faire : il s’agit de tenir compte de l’environnement dans lequel on évolue. C’est sur ce point que notre Etat a terriblement péché ! au regard de la structure de notre tissu économique, il est aisé de remarquer que la population ne peut pas tenir un confinement dans la durée. Non parce qu’elle ne veut pas mais objectivement parce la faim prendra le pas.
Pour une synergie des quatre éléments suscités, le Sénégal se devait de privilégier une approche flexible dès le départ (restriction dans les zones touchées ?). Faire focus sur le fonctionnement des relations entre les acteurs concernés était plus pertinent que « décréter ». Par exemple la fermeture des lieux de culte, pour être légitime devait être portée par des autorités religieuses. Ce qui suppose qu’une telle autorité ait été mise en place antérieurement, dans le cadre d’une bonne planification stratégique.
On serait tenté de dire que le gouvernement a manqué de compétences managériales.
A ce titre, Elton Mayo, tenant de l’école des relations humaines, fait remarquer que le management doit permettre de concilier l’organisation humaine (la sociologie du milieu) et l’organisation technique (les exigences sanitaires). A la lumière du modèle LCAG, ou de l’approche d’Ansoff, la stratégie du gouvernement doit reposer sur des pratiques discursives : langage compréhensible, « notre » et non « le/la », des métaphores; des histoires communes (femmes de Nder, Aline sitoe …).
Lorsqu’on est dans une société collectiviste (Hofstede, 1980), il faut s’appuyer sur le groupe. Autrement dit, non « le Sénégal au cœur », mais « etre le cœur du Sénégal ». Pour ce faire, le Leadership doit être fondé sur une culture stratégique : anticipation, mobilisation, action.
Au regard des éléments de langage utilisés (quarantaine, couvre-feu, confinement), on constate qu’une approche clinique est adoptée. Dès lors, sont mis au-devant de la scène des médecins pour un exercice auquel ils ne sont pas préparés : la communication de crise ! Chaque matin, le ministre ou un agent de santé fait le point sans aucune interaction humaine dans un discours « très fade ». Si informer suffisait, un médecin ne fumerait pas ! Où est le porte-parole du gouvernement ?
Pourtant depuis 2001, l’UNESCO préconise une approche culturelle face aux pandémies. Cette dernière consiste à activer les supports culturels propres à chaque communauté. « Etant donné la diversité des situations rencontrées sur le terrain, les actions de prévention et de traitement cliniques ont été relativement inefficaces ». D'ailleurs pour l’institution onusienne, « les groupes de projets fondés sur la communauté devront être bâtis sur une base pleinement participative, avec les leaders locaux clés... Les gens ne se mobiliseront que si on les atteint là où ils sont et sur un pied d’égalité ».
A la lumière de ces propos, on constate qu’il nous faut une approche marketing dans de pareilles circonstances. En effet, cherchant à favoriser le changement de comportement d’un public cible, le marketing social peut se décliner à travers trois infinitifs : connaitre, adapter et impliquer... la cible. Ce marketing sociale est « l’utilisation d’outils issus du marketing commercial afin de promouvoir l’adoption d’un comportement qui permet d’améliorer la santé ou le bien-être du public cible ou de l’ensemble de la société » .
Autrement dit, l’aspect clinique est minoritaire lorsqu’on fait face à une pandémie dont le seul remède réside dans la prévention. Dans une telle situation, les théories du management stratégique donnent plus de solutions. D’ailleurs selon Peter DRUCKER (1961), une organisation doit être « orientée-marché » pour assurer sa performance.
Dans notre cas de figure, la performance consiste à donner des « raisons satisfaisantes à la population pour son implication dans la lutte contre la pandémie». Dans le cadre de nos recherches (enquêtes menées à Dakar, Mbour, Saint-Louis, Kaolack et Casamance en 2017) nous avons pu démontrer que « la population s’implique plus facilement au changement de comportement quand elle « perçoit » que le message qui lui est adressé est « orienté marché ».
Au lieu du « rester chez vous », le gouvernement du Sénégal se devait de gérer trois impératifs : sanitaire, économique et social. Autrement dit, il fallait réaliser un « compromis stratégique » entre quatre aspects que sont :
- Ce que l’on veut faire : l’objectif du Président et de son gouvernement était de stopper la propagation de la pandémie. A la date du 02 mars, seules deux villes étaient touchées.
- Ce que l’on peut faire : identifier nos ressources, compétences, forces et faiblesses.
Un tel questionnement ferait remarquer que l’Etat du Sénégal ne dispose pas des ressources pour faire supporter le « rester chez vous » !
- Ce que l’on est autorisé à faire : du point de vue juridique, l’Etat d’urgence a tracé un boulevard pour le Président. Cependant, nos dirigeants semblent avoir occulté un facteur essentiel : la perception des populations. Des facteurs situationnels (honorariat, nominations perçues comme non essentielles, convoi des enseignants) ont laissé planer le doute dans la conscience collective.
- Ce que l’on devrait faire : il s’agit de tenir compte de l’environnement dans lequel on évolue. C’est sur ce point que notre Etat a terriblement péché ! au regard de la structure de notre tissu économique, il est aisé de remarquer que la population ne peut pas tenir un confinement dans la durée. Non parce qu’elle ne veut pas mais objectivement parce la faim prendra le pas.
Pour une synergie des quatre éléments suscités, le Sénégal se devait de privilégier une approche flexible dès le départ (restriction dans les zones touchées ?). Faire focus sur le fonctionnement des relations entre les acteurs concernés était plus pertinent que « décréter ». Par exemple la fermeture des lieux de culte, pour être légitime devait être portée par des autorités religieuses. Ce qui suppose qu’une telle autorité ait été mise en place antérieurement, dans le cadre d’une bonne planification stratégique.
On serait tenté de dire que le gouvernement a manqué de compétences managériales.
A ce titre, Elton Mayo, tenant de l’école des relations humaines, fait remarquer que le management doit permettre de concilier l’organisation humaine (la sociologie du milieu) et l’organisation technique (les exigences sanitaires). A la lumière du modèle LCAG, ou de l’approche d’Ansoff, la stratégie du gouvernement doit reposer sur des pratiques discursives : langage compréhensible, « notre » et non « le/la », des métaphores; des histoires communes (femmes de Nder, Aline sitoe …).
Lorsqu’on est dans une société collectiviste (Hofstede, 1980), il faut s’appuyer sur le groupe. Autrement dit, non « le Sénégal au cœur », mais « etre le cœur du Sénégal ». Pour ce faire, le Leadership doit être fondé sur une culture stratégique : anticipation, mobilisation, action.
Dr Samba Faye
Enseignant-chercheur en sciences de gestion
Email : faysambas@yahoo.fr