Comment la journaliste Ndèye Coumba Moreau a failli être «abusée» par un faux médecin militaire

Dimanche 24 Avril 2016

Dans sa quête du «buzz» (Ndlr : le nom de son émission à Rewmi Fm), elle a failli être chapardée par un faux médecin lieutenant. Elle, c’est la journaliste Ndèye Coumba Moreau dite Sabine. En voulant régler, par le biais de son antenne, un fait de mœurs, un faux type, sauf vigilance de cette dernière, allait rajouter d’autres problèmes à la victime. Restitutions des faits...

Une histoire à dormir debout, digne d’occuper les premières lignes des rubriques insolites. 
Une fille de 24 ans accro au sexe cherche solution... Tout est parti, comme le veut le concept de l’émission, d’une confidence faite par une jeune femme de 24 ans. Cette dernière, à qui Ndèye Coumba Moreau, la présentatrice de l’émission ‘’Buzz’’, a garanti un anonymat total, a un vice qui ne l’enchante guère. Soucieuse de son avenir et du mal qu’elle est en train de subir, elle s’est confiée via l’antenne de la radio Rewmi Fm. Cette confession diffusée, les auditeurs, en direct, ont donné leurs avis et/ou proposé des solutions. Parmi eux, un certain Pape Moussa Ndiaye. 

...Un faux médecin militaire propose son aide 
Au bout du fil, l’homme se pré- sente comme un médecin lieutenant servant à l’hôpital militaire d’Ouakam (Dakar). D’emblée, il fait noter son manque de temps pour cause d’un agenda chargé. Comme pour faire valoir sa crédibilité de toubib. «Je ne connais pas la radio, là je ne suis pas en train d’écouter l’émission. Mais, c’est une de mes patientes qui m’a parlé de votre confidence et m’a donné le numéro du serveur pour que je me propose d’aider la fille», dit-il. Et d’ajouter : «Elle est récupérable, ce n’est pas trop tard. Mais je voudrais, pour les cas pareils, que les victimes se signalent à temps.» Suffisant pour que l’animatrice se réjouisse d’avoir trouvé une solution à celle qui n’a pas hésité de lui confier ses secrets les plus in- times. Très prudente, elle se rendra quelques temps après que ce n’était que fumée sans feu. Que ce sentiment de bonheur qui nous anime quand, dans le cadre de notre travail on réussit un acte noble, n’est pas plus solide qu’un château de cartes. 


Pape Moussa appelle l’animatrice dès la fin de l’émission. «Il a réitéré ses propos en proposant qu’on se rencontre à trois pour discuter des modalités et qu’en tant que médecin, il allait assurer le suivi médical de la ‘’victime’’ comme promis», raconte Ndèye Coumba Moreau. 

L’empressement de rencontrer la fille trahi ses intentions 
Signifiant par la suite que c’était comme si la personne était habitée par un empressement qui ne disait pas son nom. Sur ses gardes, elle lui demandera d’at- tendre mais ce sera sans compter sur sa ruse. «Il a fixé un rendez- vous qui n’arrangeait pas la fille vu qu’elle ne pouvait se libérer de son travail. Il a ensuite trouvé l’esquisse de lui acheter le ticket pour que le jour de sa disponibilité, les choses soient plus rapides parce qu’il devait voyager hier (vendredi)», déclare la journaliste avant de poursuivre : «Il m’a aussi demandé de lui donner le numéro et les coordonnées de la fille pour les besoins du remplissage du ticket. C’est comme ça qu’il a eu son numéro de téléphone et lui a proposé de venir prendre le ticket chez lui. Aussi, quand je me suis réveillé le jeudi, j’ai trouvé deux appels en absence, respective- ment de la fille et du soi-disant médecin. Ainsi, j’ai demandé à la fille de ne pas se rendre au rendez-vous.» 
Malgré tout, la «patiente» s’est proposée d’aller au rendez-vous. Avertit, le mis en cause simule tout simplement une sortie tout en refusant de passer à la radio qui est sur le chemin du retour pour déposer le ticket.
 
Sur la liste des médecins lieu- tenant au Sénégal, il n’existe pas de Pape Moussa Ndiaye 
Aussi, un groupe de trois per- sonnes s’est rendu à l’hôpital. Sur place, le monsieur reçoit Ndèye Coumba Moreau dans la salle d’attente où sont placés tous les patients. «J’ai remarqué qu’à chaque fois que le médecin sortait de son bureau, notre homme se levait pour aller faire un tour, comme pour ne pas se faire re- marquer. Ensuite, il nous a remis un ticket de rendez-vous, le même pour tout le monde. Nous avons vérifié et il n’existait pas de Pape Moussa Ndiaye, médecin, selon le personnel interrogé et le service d’accueil. Mieux, au niveau national, son nom ne se trouve pas sur la liste de ses pairs», note Sabine. 

En plus de la fonction, il a fait usage de faux nom 
Le numéro de téléphone de Pape Moussa renvoie à son compte Facebook et Whatsapp. Ce qui permet à Ndèye Coumba Moreau d’identifier la personne et de télé- charger sa photo. Elle le reconnait aussitôt parce que l’ayant rencontré. Ces comptes poussent à com- prendre que son véritable nom était P.O. Dioum. Il sera plus tard reconnu par un autre journaliste de la rédaction avec qui il est originaire de la même localité. Ce dernier le décrit comme un jeune qui aurait eu son Bac il y'a de cela moins de trois ans. Pour un médecin... 

Un habitué des faits, selon son grand frère 
La journaliste ne se limite pas de reconnaitre le faux médecin, il réussira à joindre son grand frère qui lui aurait confié que c’est possible parce qu’en réalité, ce n’est pas la première fois qu’il est mêlé dans des histoires du genre. Fort de tout ces renseignements, la rédaction de Rewmi a décidé de dénoncer un tel acte pour que le respect de la corporation de médecin soit de mise mais surtout pour faire comprendre à des individus de ce genre qu’il n’est point possible d’utiliser leurs outils afin d’arriver à ses fins. Affaire à suivre... 
Le Quotidien Libération
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