Le Tchad, pilier traditionnel de l’influence militaire française, a annoncé le 28 novembre la rupture de son accord de défense avec Paris. Cette décision, perçue comme un acte d’affirmation de souveraineté par les autorités tchadiennes, survient alors même que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, quittait le pays. La surprise est totale : ni l’Élysée, ni le Quai d’Orsay, ni le ministère des Armées n’avaient été informés.
Mahamat Idriss Déby, président tchadien et ancien allié clé de Paris au Sahel, s’aligne désormais sur une tendance régionale. Depuis 2020, les expulsions des forces françaises par les juntes militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger avaient déjà ébranlé la position de la France. Le Sénégal suit le mouvement
Parallèlement, Dakar a laissé entendre qu’il pourrait demander le départ des forces françaises de son territoire. Une telle déclaration, bien que moins officielle que celle du Tchad, traduit le climat général de réévaluation des relations stratégiques entre la France et ses partenaires africains. Une influence qui s’effrite
Le recul de la France en Afrique s’inscrit dans un contexte plus large de perte d’influence face à des acteurs alternatifs, notamment la Russie. Des facteurs aggravants, comme les enquêtes ouvertes en France sur des soupçons de biens mal acquis liés à des dirigeants africains, accentuent la défiance envers Paris. Un parfum de rupture
Ce désengagement simultané sur plusieurs fronts marque la fin d’une ère pour l’armée française en Afrique, comme l’a souligné un diplomate africain dans Le Monde : « Cela prend l’eau de toute part. » Une page importante de l’histoire militaire et diplomatique française se tourne, non sans conséquences pour ses ambitions stratégiques.