Le paysage médiatique sénégalais composé près de deux cents (200) radios commerciales et communautaires, d’une quinzaine de télévisions, d’une vingtaine de quotidiens nationaux, d’une centaine de médias en ligne, n’a pas encore atteint le stade terminal de sa métamorphose. Confrontés aux défis technologiques et structurels, les médias sénégalais luttent contre la pression fiscale. Cette mutation s’est illustrée sous plusieurs formes notamment dans la configuration et dans les choix stratégiques en s’unissant pour un même objectif : sauvegarder les intérêts moraux et matériels de leurs entreprises.
La covid19, un moment de prise de conscience
Les entreprises de presse ont subi des pertes de l’ordre de 4 milliards 402 millions 783 mille 713 francs Cfa, entre avril et juin 2020 selon un document diagnostic élaboré par un expert-comptable indépendant commis par le (Cdeps).En effet, avec une configuration entrepreneuriale des médias où les responsables des éditions, le plus souvent fondateur, concentre l’essentiel des décisions, les journalistes n’ont aucune voix délibérante dans les choix stratégiques même s’ils se sont solidarisés avec les patrons de presse.En outre, la presse menacée par la chute des ventes, reste traumatisée par cette déconvenue consécutive au rétrécissement du marché publicitaire. A cela s’ajoutent les conséquences de la crise liée à la covid 19 qui a bouleversé toutes les économies avec son lot de dégâts, vient accentuer les difficultés de ces entreprises de presse, affectant leur fonctionnement.
Les quotidiens sportifs sont les plus touchés à cause d’absences d’activités sportives au Sénégal voire dans le monde. Le journal « stades » édité par Africome, n’a pas été épargné par cette douloureuse vague. Les groupes de presse sénégalais frappés de plein fouet par la covid 19 et peine à se développer. En Mai 2020, six (6) mois après l’apparition du coronavirus au Sénégal, les travailleurs de la presse sont longtemps restés dans le blues… Les médias devraient faire face aux nombreuses charges liées aux salaires, au fisc, à l’électricité.
La crise sanitaire « suspend » toutes les activités entrainant une rareté du produit « information ». Les lieux publics sont désertes et les rencontres inexistantes, les actualités désuètes et périssables. Les rédactions sont à l’ère du télétravail. Mais quels menus et quelles informations traitées pour les journalistes ? Il faut réchauffer certains sujets, avoir un peu d’imagination et de créativité pour sortir des sentiers battus. Pour certains quotidiens sportifs, ce n’est pas évident. Ces journaux se retrouvent dans un marasme éditorial. Les contenus de ces journaux s’appauvrissent impactant la qualité des prestations … Les recettes publicitaires deviennent de plus en plus rares voire inexistantes. Les lecteurs se font désirer. Les quelques rares abonnés reçoivent leurs tabloïds au moment où certains se résignent à toucher le papier au risque de contacter la maladie. « Ces journaux sont vecteurs de transmission de la covid 19 », pensent certains. Cette mauvaise perception des consommateurs fait chuter la vente pendant cette première vague.
A titre d’exemple, la plupart des quotidiens sont désormais tirés au quart de leur lectorat qu’il fallait fidéliser. Les choses se compliquent davantage pour ces périodiques et pour les promoteurs qui constatent avec amertume les invendus qui culminent les kiosques. Quelques jours après, ces papiers sont vendus par kilogramme à des prix dérisoires pour amortir cette perte annoncée. Au lieu de garder ces invendus s’entasser dans les magasins, la Direction générale envisage de réduire la pagination des deux quotidiens sportifs après la réduction du nombre d’exemplaires tirés quotidiennement. En Aout 2020, lors de la réunion du conseil présidentiel sur la résilience, le CEDPS a fait un plaidoyer pour que le gouvernement sénégalais ne laisse pas la presse sénégalaise périr, s’enfoncer dans la crise économique et sociale.
L’Etat répond favorablement à la demande du patronat qui souhaite un effacement fiscal de toutes les dettes des entreprises de presse jusqu’au 30 septembre 2020. Une exonération de toutes les taxes et impôts du 1er octobre 2020 jusqu’au 31 décembre 2021 a été également accordée aux entreprises de presse.
Le fisc, le goulot d’étranglement de la presse
S’unir ou périr. Ce défi majeur devrait être relevé par les acteurs de médias qui, réunis autour du Collectif des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (Cedps), ont sollicité de l’État une remise fiscale pour faire face aux charges de fonctionnement. En effet, les entrepreneurs de presse, après avoir cumulé les pertes cherchent les voies et moyens pour rendre viables leurs structures.
Cependant les charges de fonctionnement, les pressions fiscales et les conséquences de la Covid 19, demeurent problématiques pour ces médias souvent déstructurés. En ce qui concerne certains médias, leurs responsables ont multiplié ces derniers mois, les initiatives pour desserrer l’étau qui étrangle leur structure concentrant plusieurs titres et supports.
Quelles solutions pour les médias
Les médias sénégalais marqués par une concentration des décisions par les entrepreneurs font face à des organisations professionnelles préoccupées par la protection de ses membres.
Pour régler définitivement ces problèmes, il urge de créer une société des rédacteurs au sein des entreprises de presse pour une meilleure culture d’entreprise et pour l’implication des journalistes dans la gestion dans les prises de décision.
Ainsi, à l’ère de la transformation digitale, l’implication des journalistes dans les décisions stratégiques prises dans le cadre du développement des entreprises de presse, peut emmener les acteurs des médias à sauvegarder ensemble leur outil de travail qui nécessite une adaptation au contexte lié à l’émergence des nouveaux supports de diffusion.
Ibrahima Benjamin DIAGNE
Spécialiste en Management des médias
La covid19, un moment de prise de conscience
Les entreprises de presse ont subi des pertes de l’ordre de 4 milliards 402 millions 783 mille 713 francs Cfa, entre avril et juin 2020 selon un document diagnostic élaboré par un expert-comptable indépendant commis par le (Cdeps).En effet, avec une configuration entrepreneuriale des médias où les responsables des éditions, le plus souvent fondateur, concentre l’essentiel des décisions, les journalistes n’ont aucune voix délibérante dans les choix stratégiques même s’ils se sont solidarisés avec les patrons de presse.En outre, la presse menacée par la chute des ventes, reste traumatisée par cette déconvenue consécutive au rétrécissement du marché publicitaire. A cela s’ajoutent les conséquences de la crise liée à la covid 19 qui a bouleversé toutes les économies avec son lot de dégâts, vient accentuer les difficultés de ces entreprises de presse, affectant leur fonctionnement.
Les quotidiens sportifs sont les plus touchés à cause d’absences d’activités sportives au Sénégal voire dans le monde. Le journal « stades » édité par Africome, n’a pas été épargné par cette douloureuse vague. Les groupes de presse sénégalais frappés de plein fouet par la covid 19 et peine à se développer. En Mai 2020, six (6) mois après l’apparition du coronavirus au Sénégal, les travailleurs de la presse sont longtemps restés dans le blues… Les médias devraient faire face aux nombreuses charges liées aux salaires, au fisc, à l’électricité.
La crise sanitaire « suspend » toutes les activités entrainant une rareté du produit « information ». Les lieux publics sont désertes et les rencontres inexistantes, les actualités désuètes et périssables. Les rédactions sont à l’ère du télétravail. Mais quels menus et quelles informations traitées pour les journalistes ? Il faut réchauffer certains sujets, avoir un peu d’imagination et de créativité pour sortir des sentiers battus. Pour certains quotidiens sportifs, ce n’est pas évident. Ces journaux se retrouvent dans un marasme éditorial. Les contenus de ces journaux s’appauvrissent impactant la qualité des prestations … Les recettes publicitaires deviennent de plus en plus rares voire inexistantes. Les lecteurs se font désirer. Les quelques rares abonnés reçoivent leurs tabloïds au moment où certains se résignent à toucher le papier au risque de contacter la maladie. « Ces journaux sont vecteurs de transmission de la covid 19 », pensent certains. Cette mauvaise perception des consommateurs fait chuter la vente pendant cette première vague.
A titre d’exemple, la plupart des quotidiens sont désormais tirés au quart de leur lectorat qu’il fallait fidéliser. Les choses se compliquent davantage pour ces périodiques et pour les promoteurs qui constatent avec amertume les invendus qui culminent les kiosques. Quelques jours après, ces papiers sont vendus par kilogramme à des prix dérisoires pour amortir cette perte annoncée. Au lieu de garder ces invendus s’entasser dans les magasins, la Direction générale envisage de réduire la pagination des deux quotidiens sportifs après la réduction du nombre d’exemplaires tirés quotidiennement. En Aout 2020, lors de la réunion du conseil présidentiel sur la résilience, le CEDPS a fait un plaidoyer pour que le gouvernement sénégalais ne laisse pas la presse sénégalaise périr, s’enfoncer dans la crise économique et sociale.
L’Etat répond favorablement à la demande du patronat qui souhaite un effacement fiscal de toutes les dettes des entreprises de presse jusqu’au 30 septembre 2020. Une exonération de toutes les taxes et impôts du 1er octobre 2020 jusqu’au 31 décembre 2021 a été également accordée aux entreprises de presse.
Le fisc, le goulot d’étranglement de la presse
S’unir ou périr. Ce défi majeur devrait être relevé par les acteurs de médias qui, réunis autour du Collectif des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (Cedps), ont sollicité de l’État une remise fiscale pour faire face aux charges de fonctionnement. En effet, les entrepreneurs de presse, après avoir cumulé les pertes cherchent les voies et moyens pour rendre viables leurs structures.
Cependant les charges de fonctionnement, les pressions fiscales et les conséquences de la Covid 19, demeurent problématiques pour ces médias souvent déstructurés. En ce qui concerne certains médias, leurs responsables ont multiplié ces derniers mois, les initiatives pour desserrer l’étau qui étrangle leur structure concentrant plusieurs titres et supports.
Quelles solutions pour les médias
Les médias sénégalais marqués par une concentration des décisions par les entrepreneurs font face à des organisations professionnelles préoccupées par la protection de ses membres.
Pour régler définitivement ces problèmes, il urge de créer une société des rédacteurs au sein des entreprises de presse pour une meilleure culture d’entreprise et pour l’implication des journalistes dans la gestion dans les prises de décision.
Ainsi, à l’ère de la transformation digitale, l’implication des journalistes dans les décisions stratégiques prises dans le cadre du développement des entreprises de presse, peut emmener les acteurs des médias à sauvegarder ensemble leur outil de travail qui nécessite une adaptation au contexte lié à l’émergence des nouveaux supports de diffusion.
Ibrahima Benjamin DIAGNE
Spécialiste en Management des médias