Samedi 28 mai dernier, le président de la République Macky Salla procédé,en conviant tous les segments de la nation, au lancement du « Dialogue National ».L’enjeu est de parvenir aux décisions idoines pour l’avenir du pays. Le lancement de cette concertation inclusive fut réussi de l’avis même des plus sceptiques. Les positions les plus radicales se sont exprimées, aucune divergence majeure n’a été escamotée. Certains ont pourtant choisi le boycott. Ils n’ont pas manqué d’imagination pour justifier leur si peu républicaine fin de non-recevoir. Ils ont émis un jugement sans appel : ce dialogue est inutile. Méprisant, ils l’ont qualifié de palabre. Chacun comprend que dans leur bouche c’est tout sauf un compliment. Leur mépris s’inscrit en droite ligne de leur démarche politique : l’individualisme. Mais pour plus de clarté leur chantre, Idrissa Seck, joint l’acte à la parole.Il oppose à la palabre de Macky son fameux one-man-show d’Idy.
« Pschiiiiiiiitt » ! Voilà l’effet de ce spectacle solo aurait dit Jacques Chirac. Mais ce sempiternel numéro permet de savoir définitivement le credo à associer à ce coutumier des faits: « Qu’importe l’occasion pourvu qu’il ait l’ivresse (cathodique) ». Obnubilé par les caméras, il fait fi de toute réserve ou retenue républicaine même dans les moments les plus solennels comme l’atteste cette énième sortie le jour même de l’invitation au palais. Chacun se souvient du stand-up politicien tenu le jour du premier anniversaire de la seconde alternance ou de celui,plus malvenu encore,à sa sortie de pieuses salutations aux autorités religieuses de Touba lors du dernier Grand Magal. L’individualisme est une conception politique qui affirme la prééminence de l’individu sur la société.Marqueur clé de la vision du monde par l’Occident, il est porteur de progrès de la condition humaine à condition de ne pas verser dans l’idolâtrie comme semble le faire le leader du Rewmi pour tout ce qui lui vient des Etats-Unis.
Entendons-nous, les Etats-Unis sont bien une source d’inspiration pour nombre de nations, de dirigeants et de peuples. De la démocratie en Amérique, d'Alexis de Tocqueville au XIXe, à son « hyper-puissance »économique, militaire, scientifique et culturelle du XXIe siècle,selon les termes d’Hubert Védrine,le pays de l’Oncle Sam et d’Obama continue d’inspirer et de magnétiser. Mais le culte de l’individu « Made in America » ne saurait être un totem sacré garantissant victoire, vérité et modernité. N’en déplaise à Idy. Il le crut certainement lors des présidentielles de 2012 en choisissant pour seuls arguments de campagne une ancienne stagiaire de la Maison Blanche et un slogan pro domo : « idy4president ». Récemment encore ses rewmistes apportaient un soutien pavlovien à Thione Niang. Ils soutenaient probablement le symbole du passage réussi dedoomirewmiàdoomi Etats-Unis, leur idéal. Thione s’était pourtant distingué par une rare outrance. Il désignait rien de moins que le Chef de l’Etat comme le responsable du blocage de son projet d’électrification solaire, pourtant aux contours flous.
Mais en qualifiant avec dédain le dialogue national de palabre Idy& Coont atteint le summum de l’idolâtrie, de l’acculturation ou de la tortuosité. Ils faisaient alors leur le pire mépris que l’Occident a longtemps manifesté pour l’Afrique et sa culture. Cette cultureaux antipodes de l’individualisme est justement symbolisée par la palabre que les idolâtres dénigrent et réduisent à d’interminables et inutiles discussions. Rappelons-leur que la palabre est l’une des plus belles illustrations du génie africain, de son ancienneté, de son regard sur la société et de la place de chacun en son sein. Nelson Mandela, dans son autobiographie, en parlait comme d’une « institution démocratique à part entière » dans laquelle « tous ceux qui voulaient parler le faisaient. C’était la démocratie sous sa forme la plus pure ». L’histoire a aussi rétabli les faits et battu en brèche le mépris affiché. La palabre africaine constitue les prémices de la démocratie moderne caractérisée par l’Habeas Corpus (1679) qui protège les libertés publiques individuelles contre l’arbitraire. Cette démocratie est issue de celle athénienne construite grâce aux réformes et lois de son illustre législateur Solon qui, au VIIe siècle av. J.C., découvrait l’Egypte pharaonique et s’inspirait du Code de Bocchoris.
Plus proche de nous de grands évènements sur le continent, comme les conférences nationales, ont aussi redonné leurs lettres de noblesse à la palabre. La CEDEAO a aussi su faire de celle-ci et du rôle des pairs les socles d'une expertise africaine reconnue en matière de résolution des conflits. En Afrique du Sud ou au Rwanda les principes de la palabre ont permis la réconciliation de nations fragmentées ou meurtries. Au Sénégal enfin, si la démocratie est à ce titre exemplaire c’est que, malgré leurs divergences, les dirigeants politiques ont su préserver l’essence et le sens de la palabre sans la dénigrer au risque de se perdre.
L’enjeu de ce dialogue national est primordial, les principes de la palabre en sont bien les fils directeurs à savoir : l’identification du ou des problèmes, la saisie du Chef, une date de lancement, la convocation des acteurs, le choix de modérateurs, autant de temps, d’échanges et d’écoute que nécessaire puis les décisions du Chef. Ces décisions visent à trouver un consensus permanent pour la consolidation de la démocratie, pour l’harmonie sociale et l’émergence économique durable. Chaque acteur convié, a fortiori les hommes dits d’Etat, a la devoir de partager son expérienceau sein de la palabre africaine et républicaine proposée par le Chef de l’Etat,à défaut il trahit le peuple et l’histoire retiendra.La sagesse africaine l’exprime d’ailleurs parfaitement :« xam-xam bu duljarindaara, du xam-xam »*.
Idrissa M. Diabira
Coordonnateur du "Yoonu Yokkuté"
*Le savoir qui n’est pas utile n’en est pas vraiment un.
« Pschiiiiiiiitt » ! Voilà l’effet de ce spectacle solo aurait dit Jacques Chirac. Mais ce sempiternel numéro permet de savoir définitivement le credo à associer à ce coutumier des faits: « Qu’importe l’occasion pourvu qu’il ait l’ivresse (cathodique) ». Obnubilé par les caméras, il fait fi de toute réserve ou retenue républicaine même dans les moments les plus solennels comme l’atteste cette énième sortie le jour même de l’invitation au palais. Chacun se souvient du stand-up politicien tenu le jour du premier anniversaire de la seconde alternance ou de celui,plus malvenu encore,à sa sortie de pieuses salutations aux autorités religieuses de Touba lors du dernier Grand Magal. L’individualisme est une conception politique qui affirme la prééminence de l’individu sur la société.Marqueur clé de la vision du monde par l’Occident, il est porteur de progrès de la condition humaine à condition de ne pas verser dans l’idolâtrie comme semble le faire le leader du Rewmi pour tout ce qui lui vient des Etats-Unis.
Entendons-nous, les Etats-Unis sont bien une source d’inspiration pour nombre de nations, de dirigeants et de peuples. De la démocratie en Amérique, d'Alexis de Tocqueville au XIXe, à son « hyper-puissance »économique, militaire, scientifique et culturelle du XXIe siècle,selon les termes d’Hubert Védrine,le pays de l’Oncle Sam et d’Obama continue d’inspirer et de magnétiser. Mais le culte de l’individu « Made in America » ne saurait être un totem sacré garantissant victoire, vérité et modernité. N’en déplaise à Idy. Il le crut certainement lors des présidentielles de 2012 en choisissant pour seuls arguments de campagne une ancienne stagiaire de la Maison Blanche et un slogan pro domo : « idy4president ». Récemment encore ses rewmistes apportaient un soutien pavlovien à Thione Niang. Ils soutenaient probablement le symbole du passage réussi dedoomirewmiàdoomi Etats-Unis, leur idéal. Thione s’était pourtant distingué par une rare outrance. Il désignait rien de moins que le Chef de l’Etat comme le responsable du blocage de son projet d’électrification solaire, pourtant aux contours flous.
Mais en qualifiant avec dédain le dialogue national de palabre Idy& Coont atteint le summum de l’idolâtrie, de l’acculturation ou de la tortuosité. Ils faisaient alors leur le pire mépris que l’Occident a longtemps manifesté pour l’Afrique et sa culture. Cette cultureaux antipodes de l’individualisme est justement symbolisée par la palabre que les idolâtres dénigrent et réduisent à d’interminables et inutiles discussions. Rappelons-leur que la palabre est l’une des plus belles illustrations du génie africain, de son ancienneté, de son regard sur la société et de la place de chacun en son sein. Nelson Mandela, dans son autobiographie, en parlait comme d’une « institution démocratique à part entière » dans laquelle « tous ceux qui voulaient parler le faisaient. C’était la démocratie sous sa forme la plus pure ». L’histoire a aussi rétabli les faits et battu en brèche le mépris affiché. La palabre africaine constitue les prémices de la démocratie moderne caractérisée par l’Habeas Corpus (1679) qui protège les libertés publiques individuelles contre l’arbitraire. Cette démocratie est issue de celle athénienne construite grâce aux réformes et lois de son illustre législateur Solon qui, au VIIe siècle av. J.C., découvrait l’Egypte pharaonique et s’inspirait du Code de Bocchoris.
Plus proche de nous de grands évènements sur le continent, comme les conférences nationales, ont aussi redonné leurs lettres de noblesse à la palabre. La CEDEAO a aussi su faire de celle-ci et du rôle des pairs les socles d'une expertise africaine reconnue en matière de résolution des conflits. En Afrique du Sud ou au Rwanda les principes de la palabre ont permis la réconciliation de nations fragmentées ou meurtries. Au Sénégal enfin, si la démocratie est à ce titre exemplaire c’est que, malgré leurs divergences, les dirigeants politiques ont su préserver l’essence et le sens de la palabre sans la dénigrer au risque de se perdre.
L’enjeu de ce dialogue national est primordial, les principes de la palabre en sont bien les fils directeurs à savoir : l’identification du ou des problèmes, la saisie du Chef, une date de lancement, la convocation des acteurs, le choix de modérateurs, autant de temps, d’échanges et d’écoute que nécessaire puis les décisions du Chef. Ces décisions visent à trouver un consensus permanent pour la consolidation de la démocratie, pour l’harmonie sociale et l’émergence économique durable. Chaque acteur convié, a fortiori les hommes dits d’Etat, a la devoir de partager son expérienceau sein de la palabre africaine et républicaine proposée par le Chef de l’Etat,à défaut il trahit le peuple et l’histoire retiendra.La sagesse africaine l’exprime d’ailleurs parfaitement :« xam-xam bu duljarindaara, du xam-xam »*.
Idrissa M. Diabira
Coordonnateur du "Yoonu Yokkuté"
*Le savoir qui n’est pas utile n’en est pas vraiment un.