De cinq, le nombre de personnes arrêtées dans le cadre de l’enquête sur la diffusion d’une liste de filles présumées faciles dans un groupe WhatsApp est passé au double. Parmi elles, l’auteur principal Mamadou G. alias ‘’Mo Kania’’, serveur dans un restaurant sis à Sacré-Coeur. L’enquête de la Division spéciale de lutte contre la cybercriminalité a permis de remonter aux administrateurs et membres actifs du groupe ‘’Plan’’ qui a connu plusieurs mutations. Révélations exclusives.
En cette matinée de novembre, le sang d’A. Keita ne fait qu’un tour lorsqu’il re- çoit un mystérieux coup de fil. D’emblée, son interlocuteur se présente comme un agent en service à la Division spéciale de la lutte contre la cybercriminalité (DSC). Ensuite, il lui affirme que son numéro, le 77766..., figurait sur « une liste de putes » avec la photo de sa fille A…
12.000 FCfa pour retirer un nom de la liste
Mais « l’agent de la Dic » s’empresse de lui préciser que cette affaire est « gérable » et que le numéro pouvait être retiré s’il donnait la « modique » somme de 12.000 Fcfa. A. Keita, qui sent le chantage ,dit niet et se rend au siège de la Division spéciale de la lutte contre la cybercriminalité pour déposer plainte au nom de sa fille mineure. Dans la foulée, les enquêteurs reçoivent une autre plainte de M. G. Mbaye. Cette dernière vit
l’enfer depuis que son numéro de téléphone a été ajouté sur quatre groupes WhatsApp : ‘’Nay Nekh Kheuleum’’, ‘’No Li- mite’’, ‘’Feule Feulalé’’ et ‘’K… (Ndlr: censuré) you nekh té saf’’ au sein desquels ont été aussi publiées plusieurs images et vidéos pornographiques. Depuis lors, elle reçoit par jour des centaines de coups de fil de pervers qui lui proposaient de « passer du bon moment », comme elle l’a confié, traumatisée. C’est aussi cet effet qu’a vécu N. F. Cissé depuis que son numéro de téléphone a été livré au groupe ‘’Saf neu Nekh et ‘’Feule feulalé’’ en la présentant comme ‘’Veronica Gomez’’. Elle a dû désactiver sa puce face aux multiples appels et Sms l’invitant à des ébats rémunérés. Que dire de M. D. Dia ? Son téléphone a été inondé de propositions indécentes avant qu’elle ne sache que son numéro était disponible dans le groupe ‘’K… (Ndlr : censuré) you nekh té saf’’ où elle est présentée comme une nymphomane. M. Dieng, elle, étai tla star dans le groupe ‘’T… (Ndlr : censuré) Dakar Yii’’ alors qu’O. Ba, mariée, a eu la surprise de sa vie lorsqu’elle a été informée que son nom figurait dans le groupe ‘’Plan’’ parmi les 232 « filles faciles » de Dakar. Après avoir reçu tous ces témoignages, les uns les plus pathétiques que les autres, les experts ont dans un premier temps infiltré le groupe et travaillé longuement sur le numéro qui a tenté de rançonner le vieux A. Keita. La « pêche » fut bonne puisqu’ils identifient rapidement trois profils : Mamadou G. dit ‘’Mo Kania’’, serveur au restaurant ‘’Le Comptoir’’ sis à Sacré-Cœur; Serigne Mansour S., étudiant en licence à Ensup Afrique, et Ibrahima B., étudiant en première année à Esafin, une école privée sise aux Hlm.
Comment les numéros des cibles étaient collectés
Le même jour, ces derniers sont pris en charge par trois équipes
du Groupe de recherche et d’interpellation puis cueillis. Interrogé sous le régime de la garde à vue et mis en face des éléments techniques qui l’accablent, Mamadou G. passe aux aveux mais tente de minimiser son rôle. Il affirme aux enquêteurs que c’est le nommé Ibrahima B. et Serigne Mansour S. qui ont crée le premier groupe WhatsApp. D’autres comme ‘’La’’, ‘’Makh’’, Serigne SaliouD., ‘’L’homme Sarr’’...sont venus adhérer. Il ne se souvenait pas du nom d’utilisateur mais les administrateurs changeaient sou- vent de noms et tous les membres avaient pour mission de rechercher et d’ajouter des numéros de jeunes filles dans le groupe.
Interpellé sur les moyens utilisés pour pouvoir collecter autant de numéros de jeunes filles, il a déclaré qu’ils étaient tous membres de sept groupes WhatsApp de filles. C’est à partir de ces groupes qu’ils « puisaient » des noms et des numéros pour les mettre dans leurs différentes plateformes en cause. Il a précisé également qu’il ne peut pas communiquer le nombre exact de numéros de jeunes filles qu’il a eu à ajouter. « Il y en a beaucoup », a-t-il juste confessé.
Interrogé à son tour, Serigne Mansour S. prend le contrepied de ‘’Mo Kagna’’. Il jure que dans un premier temps le groupe s’appelait ‘’Mafia Town bii’’ et était composé de ses proches et amis. Et que cela leur permettait d’échanger entre eux. Mais à un certain moment, ‘’Mo Kagna’’ a ajouté une longue listes de filles et les présente comme des « thiaga » (prostituées). Ibrahima B. allait faire d’autres révélations lors de sa garde à vue. Il jure avoir crée, courant 2017, un groupe WhatsApp dénommé ‘’Wakhtanou Korr ak Oustaz Buzz’’, avec Serigne Mansour S. et que le but était de discuter sur les chartes du Ramadan. Cinq mois après, le groupe a été rebaptisé ‘’Wa Mafia Town bii’’, ensuite ‘’Plan’’,moment auquel il aurait quitté tout en révélant que c’est ‘’Mo Kania’’ qui était chargé de collecter des numéros de téléphone avant de les ajouter dans le groupe.
‘’Mo Kania’’ accablé partout le monde
Cités comme étant des membres actifs, Makhtar F. W., footballeur, et G. Ndiaye sont entre temps cueillis aux Hlm 2. Ils sont automatiquement placés en garde à vue après lecture deleurs droits. Le premier reconnaît qu’il fait partie du groupe ‘’Plan’’ mais indique que les administrateurs sont Ibrahima B. et Serigne Mansour S. Il confirme que ‘’Mo Kania’’ était chargé de collecter les numéros afin de les y ajouter. Quant à G. Ndiaye, il note que c’est Ibrahima B. qui l’a ajouté dans le groupe à sa demande. Poursuivant, il martèle que c’est ‘’Mo Kania’’ qui avait publié la liste des 232 filles en leur faisant croire qu’elles étaient de mœurs
légères. N’empêche, il jure qu’il n’a jamais ajouté, ni publié un profil.
Tombé à son tour, Abdou Aziz S. accable aussi ‘’Mo Kania’’ qu’il cite comme auteur principal.Mamadou S. sera par la suite interpellé et il tiendra le même discours.
L’équipe de recherche part à la chasse et met la main sur deux autres membres actifs : Benjamin D. et Cheikh Béthio Thioune N.
Au total, l’enquête aura permis de mettre la main sur dix personnes mises depuis hier à la disposition du Procureur de la République pour collecte déloyale de données à caractères personnels, diffusion des mêmes données à travers internet, atteinte à l’image et à la dignité.
Compte tenu de la gravité des faits, le ministère public a décidé d’ouvrir une information judiciaire.
Libération
En cette matinée de novembre, le sang d’A. Keita ne fait qu’un tour lorsqu’il re- çoit un mystérieux coup de fil. D’emblée, son interlocuteur se présente comme un agent en service à la Division spéciale de la lutte contre la cybercriminalité (DSC). Ensuite, il lui affirme que son numéro, le 77766..., figurait sur « une liste de putes » avec la photo de sa fille A…
12.000 FCfa pour retirer un nom de la liste
Mais « l’agent de la Dic » s’empresse de lui préciser que cette affaire est « gérable » et que le numéro pouvait être retiré s’il donnait la « modique » somme de 12.000 Fcfa. A. Keita, qui sent le chantage ,dit niet et se rend au siège de la Division spéciale de la lutte contre la cybercriminalité pour déposer plainte au nom de sa fille mineure. Dans la foulée, les enquêteurs reçoivent une autre plainte de M. G. Mbaye. Cette dernière vit
l’enfer depuis que son numéro de téléphone a été ajouté sur quatre groupes WhatsApp : ‘’Nay Nekh Kheuleum’’, ‘’No Li- mite’’, ‘’Feule Feulalé’’ et ‘’K… (Ndlr: censuré) you nekh té saf’’ au sein desquels ont été aussi publiées plusieurs images et vidéos pornographiques. Depuis lors, elle reçoit par jour des centaines de coups de fil de pervers qui lui proposaient de « passer du bon moment », comme elle l’a confié, traumatisée. C’est aussi cet effet qu’a vécu N. F. Cissé depuis que son numéro de téléphone a été livré au groupe ‘’Saf neu Nekh et ‘’Feule feulalé’’ en la présentant comme ‘’Veronica Gomez’’. Elle a dû désactiver sa puce face aux multiples appels et Sms l’invitant à des ébats rémunérés. Que dire de M. D. Dia ? Son téléphone a été inondé de propositions indécentes avant qu’elle ne sache que son numéro était disponible dans le groupe ‘’K… (Ndlr : censuré) you nekh té saf’’ où elle est présentée comme une nymphomane. M. Dieng, elle, étai tla star dans le groupe ‘’T… (Ndlr : censuré) Dakar Yii’’ alors qu’O. Ba, mariée, a eu la surprise de sa vie lorsqu’elle a été informée que son nom figurait dans le groupe ‘’Plan’’ parmi les 232 « filles faciles » de Dakar. Après avoir reçu tous ces témoignages, les uns les plus pathétiques que les autres, les experts ont dans un premier temps infiltré le groupe et travaillé longuement sur le numéro qui a tenté de rançonner le vieux A. Keita. La « pêche » fut bonne puisqu’ils identifient rapidement trois profils : Mamadou G. dit ‘’Mo Kania’’, serveur au restaurant ‘’Le Comptoir’’ sis à Sacré-Cœur; Serigne Mansour S., étudiant en licence à Ensup Afrique, et Ibrahima B., étudiant en première année à Esafin, une école privée sise aux Hlm.
Comment les numéros des cibles étaient collectés
Le même jour, ces derniers sont pris en charge par trois équipes
du Groupe de recherche et d’interpellation puis cueillis. Interrogé sous le régime de la garde à vue et mis en face des éléments techniques qui l’accablent, Mamadou G. passe aux aveux mais tente de minimiser son rôle. Il affirme aux enquêteurs que c’est le nommé Ibrahima B. et Serigne Mansour S. qui ont crée le premier groupe WhatsApp. D’autres comme ‘’La’’, ‘’Makh’’, Serigne SaliouD., ‘’L’homme Sarr’’...sont venus adhérer. Il ne se souvenait pas du nom d’utilisateur mais les administrateurs changeaient sou- vent de noms et tous les membres avaient pour mission de rechercher et d’ajouter des numéros de jeunes filles dans le groupe.
Interpellé sur les moyens utilisés pour pouvoir collecter autant de numéros de jeunes filles, il a déclaré qu’ils étaient tous membres de sept groupes WhatsApp de filles. C’est à partir de ces groupes qu’ils « puisaient » des noms et des numéros pour les mettre dans leurs différentes plateformes en cause. Il a précisé également qu’il ne peut pas communiquer le nombre exact de numéros de jeunes filles qu’il a eu à ajouter. « Il y en a beaucoup », a-t-il juste confessé.
Interrogé à son tour, Serigne Mansour S. prend le contrepied de ‘’Mo Kagna’’. Il jure que dans un premier temps le groupe s’appelait ‘’Mafia Town bii’’ et était composé de ses proches et amis. Et que cela leur permettait d’échanger entre eux. Mais à un certain moment, ‘’Mo Kagna’’ a ajouté une longue listes de filles et les présente comme des « thiaga » (prostituées). Ibrahima B. allait faire d’autres révélations lors de sa garde à vue. Il jure avoir crée, courant 2017, un groupe WhatsApp dénommé ‘’Wakhtanou Korr ak Oustaz Buzz’’, avec Serigne Mansour S. et que le but était de discuter sur les chartes du Ramadan. Cinq mois après, le groupe a été rebaptisé ‘’Wa Mafia Town bii’’, ensuite ‘’Plan’’,moment auquel il aurait quitté tout en révélant que c’est ‘’Mo Kania’’ qui était chargé de collecter des numéros de téléphone avant de les ajouter dans le groupe.
‘’Mo Kania’’ accablé partout le monde
Cités comme étant des membres actifs, Makhtar F. W., footballeur, et G. Ndiaye sont entre temps cueillis aux Hlm 2. Ils sont automatiquement placés en garde à vue après lecture deleurs droits. Le premier reconnaît qu’il fait partie du groupe ‘’Plan’’ mais indique que les administrateurs sont Ibrahima B. et Serigne Mansour S. Il confirme que ‘’Mo Kania’’ était chargé de collecter les numéros afin de les y ajouter. Quant à G. Ndiaye, il note que c’est Ibrahima B. qui l’a ajouté dans le groupe à sa demande. Poursuivant, il martèle que c’est ‘’Mo Kania’’ qui avait publié la liste des 232 filles en leur faisant croire qu’elles étaient de mœurs
légères. N’empêche, il jure qu’il n’a jamais ajouté, ni publié un profil.
Tombé à son tour, Abdou Aziz S. accable aussi ‘’Mo Kania’’ qu’il cite comme auteur principal.Mamadou S. sera par la suite interpellé et il tiendra le même discours.
L’équipe de recherche part à la chasse et met la main sur deux autres membres actifs : Benjamin D. et Cheikh Béthio Thioune N.
Au total, l’enquête aura permis de mettre la main sur dix personnes mises depuis hier à la disposition du Procureur de la République pour collecte déloyale de données à caractères personnels, diffusion des mêmes données à travers internet, atteinte à l’image et à la dignité.
Compte tenu de la gravité des faits, le ministère public a décidé d’ouvrir une information judiciaire.
Libération