Emmanuel Macron appelle à la « fin immédiate de l'offensive » dans des entretiens avec Kagame et Tshisekedi

Dimanche 26 Janvier 2025

En République démocratique du Congo (RDC), ce samedi 25 janvier, dans les environs de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, les combats opposent, l’armée congolaise et ses alliés au groupe M23, soutenu par le Rwanda. Treize soldats – sud-africains, malawites et uruguayen – déployés au sein la force régionale de la SADC ou au sein de la mission de l'ONU (Monusco), ont été tués dans les combats. La RDC rappelle ses diplomates au Rwanda. La réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU prévue lundi a été avancée à dimanche. Emmanuel Macron a appelé à la « fin immédiate de l'offensive du M23 » lors d'entretiens téléphoniques avec les dirigeants de RDC et du Rwanda.


Pour sa part, le président français Emmanuel Macron a appelé à la « fin immédiate de l'offensive du M23 et des forces rwandaises ainsi qu'au retrait de ces dernières du territoire congolais », lors d'entretiens téléphoniques avec les dirigeants de RDC et du Rwanda, selon l'Élysée. « Le chef de l'État a exprimé sa très vive préoccupation quant à la situation dans le Nord Kivu, notamment autour de Goma et quant aux violations de l'intégrité territoriale de la RDC », dans un échange séparé avec Félix Tshisekedi, président de la RDC, et Paul Kagame, son homologue rwandais.

« Le président de la République a appelé à la reprise du dialogue au plus vite et a dit sa détermination à appuyer les efforts de paix », a ajouté l'Élysée. Le chef de l'État français a rappelé par ailleurs à ses homologues que « tout devait être fait pour la protection des populations civiles et le respect de la souveraineté congolaise ».

Goma sous pression… des organisations internationales et pays appellent à évacuer
La situation a fait monter une tension sécuritaire d’un cran, à Goma, déjà saturée de déplacés, depuis de longs mois. Selon l’ONU, plus de 400 000 personnes ont été déplacées par les combats depuis le début de ce mois de janvier. C’est le double des chiffres annoncés la semaine dernière, de nouveaux déplacés qui ont, pour beaucoup, rejoint Goma où il y avait déjà plus de 600 000 personnes dans les camps environnants. Plusieurs organisations internationales ont déclenché leur plan d’évacuation. C’est le cas des Nations unies qui annoncent la relocalisation de tout son personnel non essentiel, mais qui assure continuer ses opérations. 

L'Allemagne a appelé ses ressortissants à quitter la région provinciale du Nord-Kivu. « Les ressortissants allemands qui se trouvent dans la province du Nord-Kivu sont invités à quitter le pays », a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un avis publié sur son site internet. « Les voyages non indispensables dans les autres régions de la République démocratique du Congo, y compris la capitale Kinshasa, sont actuellement déconseillés », a-t-il ajouté.

Les hôpitaux sont saturés par les blessés, des militaires, mais aussi des civils. Pour la structure de Ndosho, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) fait état de plus de 250 patients pour une capacité de 140 lits. Il n’y quasiment plus d’électricité dans la ville, après que les combats ont fait des dommages sur deux lignes d’alimentation dans le Rutshuru et Kalehe. Et l’approvisionnement en eau est difficile.

Les organisations humanitaires sur place font part de leur vive préoccupation pour les civils, comme en témoigne Joseph Amadomon, coordinateur de MSF à Goma.

Cette semaine, nous avons observé des mouvements de panique dans les camps de déplacés en périphérie de la ville à cause d'affrontements très proches. Certains déplacés ont pris tout ce qu'ils pouvaient, bagages sur la tête, les enfants avec eux et se sont dirigés vers Goma pour se réfugier. La situation ici est très tendue. Ces derniers jours, la ligne de front se rapproche progressivement de là où se trouvent les camps de déplacés...



Sur le plan diplomatique, plusieurs déclarations ont condamné cette offensive du M23 et son allié rwandais et cette pression sécuritaire sur Goma. L’Union africaine (UA) a, par la voix du président de la Commission, Moussa Faki Mahamat, exprimé sa vive préoccupation et a rappelé l'importance de revenir au processus de Luanda dans un communiqué où le M23 n’est en revanche pas mentionné.

Le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, « appelle à la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties et la cessation immédiate de toutes les hostilités » et « exhorte intensément les parties à préserver la vie des populations civiles », dans un communiqué.

L’Union européenne (UE) a réagi, ce samedi 25 janvier 2025, à ces combats autour de Goma. Elle se dit « profondément préoccupée par l’escalade du conflit » et pointe la responsabilité du Rwanda. Sans évoquer et sans utiliser le terme de sanctions dans son communiqué, l’UE prévient qu’elle prendra ses responsabilités si les combats se poursuivent.

Fermeté et pression diplomatique. Dans son communiqué, diffusé au cœur de la nuit de vendredi à ce samedi 25 janvier, l’Union européenne vise directement le Rwanda qui doit « cesser son soutien au M23 et se retirer ».


Pour évoquer les menaces éventuelles, il faut aller au dernier paragraphe de ce communiqué : « L’Union européenne examinera tous les outils à sa disposition afin de demander des comptes aux responsables du conflit armé, de l’instabilité et de l’insécurité en RDC ».

Poursuites judiciaires, gels des avoirs, interdiction de circuler sur le territoire européen, l’UE ne donne aucune précision sur ces éventuelles mesures restrictives qui touchent déjà 31 personnes (des militaires et des membres de milices). Les premières sanctions remontent à 2016.

Et si l’instance européenne pointe, en premier lieu, les autorités rwandaises, elle exhorte également celles de RDC à cesser toute « coopération avec les FDLR et d’autres groupes armés ». L’Union européenne réaffirme enfin « son soutien total et inébranlable au processus de Luanda ».
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