Farba Ngom : Quand justice rime avec coïncidence

Samedi 18 Janvier 2025

Rappelez-vous cette déclaration mémorable du Premier ministre en pleine campagne : Farba Ngom ne fera plus jamais campagne après cette consultation.” Un avertissement ? Une prophétie ? On aurait dû écouter plus attentivement, car voilà que l’élu fraîchement installé au parlement se retrouve déjà sur le banc des accusés, au cœur dune procédure de levée dimmunité parlementaire. Si la politique sénégalaise était une série, ce serait un cliffhanger de choix.
 
Quon soit clair, la levée dimmunité parlementaire, cest une procédure tout à fait normale. Mais pourquoi le timing donne-t-il toujours limpression quil a été soigneusement scénarisé ? Pourquoi, subitement après son élection, Farba Ngom se retrouve-t-il au cœur de louragan judiciaire ? Si le dossier était prêt, pourquoi ne pas lavoir traité avant ? mais ce serait gâcher tout le suspense, nest-ce pas ?
 
Il faut dire que le peuple sénégalais adore les feuilletons politico-judiciaires. On nous promet de la justice, on nous sert du spectacle. Dun côté, on agite la bannière de la reddition des comptes, ce qui est légitime. De lautre, on laisse planer lombre dun règlement de comptes savamment orchestré. Et nous, pauvres spectateurs, oscillons entre applaudissements pour la transparence et soupçons sur la motivation réelle du scénario.
 
Attention, ne nous méprenons pas : toute personne ayant abusé des deniers publics doit être traduite devant la justice. Mais pour que cela ait du sens, encore faudrait-il que la justice soit perçue comme impartiale et indépendante. Car, voyez-vous, une justice qui choisit ses cibles, ça ressemble plus à une chasse qu’à une quête de vérité.
 
Prenons un instant pour réfléchir. Farba Ngom est-il coupable ? Peut-être. Est-il victime dun jeu politique ? Qui sait ? Mais ce qui est sûr, cest que le calendrier pose question. Ce timing impeccable, juste après son élection, donne limpression dune justice qui, comme un acteur principal, attend toujours son moment de gloire. Pourquoi ne pas éclaircir ces soupçons avant quil ne devienne député ? Pourquoi attendre que les projecteurs soient braqués sur lui pour sortir le dossier ?
 
Ne nous mentons pas : cette affaire dépasse le cas de Farba Ngom. Elle pose une question essentielle sur l’état de nos institutions. Une justice équitable ne doit pas donner limpression d’être une marionnette manipulée par des intérêts politiques. Sinon, on risque de confondre reddition des comptes et règlement de comptes, ce qui, reconnaissons-le, est une nuance de taille.
 
Le peuple sénégalais mérite mieux quune justice qui semble toujours intervenir au bon moment pour le mauvais effet. Il aspire à des institutions fortes et crédibles, où la lutte contre la corruption est menée avec rigueur et impartialité. Parce quau fond, ce que les citoyens veulent, ce nest pas des séries à rebondissements, mais un véritable système de justice où les lois sappliquent à tous, sans distinction ni manipulation.
 
Alors, Farba Ngom, héros ou bouc émissaire ? La réponse importe moins que la manière dont cette affaire sera gérée. Parce quau final, la crédibilité de nos institutions en dépend. Et si cette affaire nest quun épisode de plus dans la longue série des manipulations politiques, alors il faudra bien admettre que ce nest pas la justice qui triomphe, mais le cynisme. À quand une vraie réforme, pour quon arrête de confondre tribunal et théâtre ?
 
Ibrahima Thiam, Président du mouvement un Autre Avenir
#Sénégaalkese

 
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