Guigui: « Je ne suis pas célibataire, j’ai deux maris… »

Vendredi 9 Octobre 2020

Dans une interview exclusive accordée à "Rewmi" quotidien, Ramatoulaye Clémentine Sarr alias Guigui parle de son parcours artistique, de ses projets et de ses ambitions. La native de Grand-Yoff fait un aveu sur sa vie privée, sur un ton ironique : "Je ne suis pas célibataire..."



Vous avez débuté votre carrière en 2013. Pouvez-vous revenir sur vos débuts ?

La musique a toujours été une passion pour moi, du coup ce n’était pas trop compliqué. J’ai sorti mon premier single en 2013 et je me suis professionnalisé en 2016, en sortant mon premier album de 7 titres intitulé « Jotna. »

A l’état-civil vous vous appelez Ramatoulaye Clémentine Sarr. D’où est venu ce nom d’artiste Guigui ?

Depuis toute petite, on me surnommait Guigui. D’ailleurs, c’était aussi le surnom de mon homonyme. Quand j’ai voulu faire de la musique, j’ai pensé à d’autres pseudonymes mais après je me suis dit que Guigui était un peu particulier, alors pourquoi ne pas continuer avec ce surnom et l’adopter comme nom de scène.

Cela fait un moment que l’on ne vous a pas vue sur le devant de la scène. Quelle est l’origine de cette absence ?

Disons que je travaillais, j’avais sorti mon album et c’était très difficile pour moi, vu que mon premier album avait fait un tabac. Et je me suis dit que pour sortir un deuxième album, il faut bosser très dur, essayer de titiller d’autres univers et c’est la raison pour laquelle je me suis attelée à la tâche pour travailler l’album « Esprit ».

Il y aussi que j’ai perdu mon papa en 2018, il était malade (dit-elle, très émue au bout du fil) et c’était très difficile pour moi d’allier la musique et les sollicitations de la famille. Du coup, je me suis retirée pour faire une introspection de ma vie. Ce n’était pas évident car il (son père) été toujours là pour moi, il me soutenait, me motivait. Ce n’était pas facile mais je me suis battue pour moi, pour mes fans, pour les gens qui m’aiment. D’où, j’ai décidé de sortir l’album "Esprit" en 2020 et ça fait longtemps que je travaille dessus.

Comment vos parents ont réagi face à l’annonce que vous vouliez faire de la musique ?

Il paraît que dès l’âge de 2 ans, je chantonnais à la maison (rire). Je privilégiais mes études et du coup, je me suis dit qu’il valait mieux que je continue mes études et que j’obtienne mes diplômes, avant de me lancer dans la musique. Et j’ai tout fait pour y arriver. Je n’ai pas traîné à l’école, j’ai eu mes diplômes de l’argent, du travail et par la suite, ils m’ont autorisé à me lancer. Ils m’ont supporté, encouragé, les choses se sont passées naturellement. La suite n’a pas été compliquée.

Comment faites-vous pour allier la vie professionnelle et le travail ?

Apres l’obtention de ma licence, j’ai eu à travailler quelque part. Ça ne m’a pas empêché de poursuivre mes études et de faire de la musique petit à petit. Mais entre-temps, l’album "Jotna" a beaucoup marché, j’ai eu à faire des festivals, des tournées internationales et par la suite, j’ai dû démissionner de mon boulot. J’ai créé ma propre boîte de communication, et comme je suis le boss, je verrai comment faire pour allier les deux (rire).

Vous attentiez-vous à un tel succès avec votre album "Jotna" ?

Oui, bien sûr, car j’ai beaucoup travaillé là-dessus. J’ai travaillé avec de bons musiciens comme Papis Konaté par exemple, qui m’a beaucoup aidée à la composition. Baba Maal, Youssou Ndour, m’ont aussi appuyée. J’ai bien chanté, ils ont bien joué, bien monté, on a fait des vidéos de ouf et ça a marché.

Vous étiez ancienne chroniqueuse dans une chaîne télé. Pourquoi ce métier, ce choix ?

Bon c’est juste un « petit truc », ce n’était pas officiel. Je connais personnellement Aliou Ndiaye, c’est un ami et un frère. Donc on discutait et là, il m’a demandé de venir faire la télé. J’y suis allée une et deux fois et il a voulu que je continue. Mais en ce moment, je travaillais à la banque, je n’avais pas assez de temps et j’enregistrais le samedi et par la suite, ils ont voulu que je le fasse le jeudi, alors que je ne pouvais pas laisser mon poste. Du coup, j’ai dû arrêter par manque de temps.

En dehors de votre activité professionnelle et musicale, on vous voit très souvent évoluer dans le domaine social?

Le social fait partie de mes gènes, j’ai hérité ça de mon père et de ma mère. Je ne peux pas faire de la musique qui est quelque chose de populaire et ne peut pas venir en aide aux gens. Je ne suis pas riche certes, mais avec le peu que j’ai, je le partage avec les gens. C’est naturel et je n’attends personne pour faire ce que je veux faire et pour aider les gens. Je fais avec les moyens du bord. Durant ma campagne de lutte contre le cancer du sein, j’ai voulu travailler avec le ministère de la Santé.

Nous sommes dans un pays de loi et de droit et avant de commencer quoi que ce soit, il faut voir comment le faire. Je les ai informés mais il y avait trop de bruit et tout le monde pensait que c’est le ministère de la Santé qui me couvrait, alors ce n’était pas le cas. Il y avait trop de bruit, trop de communication là dessus, alors qu’au final, nous n’avons pas eu ce qu’on attendait. Sinon j’ai eu le soutien de Malick Gakou, de Mactar Bâ.

Prochainement, nous avons décidé de faire les choses par nous-mêmes, mais par contre j’ai des soutiens de taille venant de la Lisca (Ligue sénégalaise contre le cancer) et d’autres associations qui sont venues en masse et ont amené des matériels pour les consultations gratuites. Et du coup, c’est devenu un gros package sanitaire. Je pense que pour la prochaine année, nous aurons plus de partenaires et de bénévoles. Je sensibilise toujours les femmes pour qu’elles aillent se dépister. Je communique souvent à travers les réseaux sociaux. Même s’il n’y a pas "Octobre Rose", quand je vois qu’il y a une petite audience, j’en profite pour leur passer le message. "Octobre Rose" ou pas, les gens devrait aller se faire dépister et communiquer sur le cancer du sein. La lutte contre le cancer du sein est un combat personnel.

En tant qu’artiste qui œuvre dans le social, avez-vous des projets pour les jeunes de votre localité, à savoir les jeunes de Grand-Yoff ?

Oui! On essaie de dénicher les nouveaux talents de Grand-Yoff pour les aider par rapport à la production et tout ce qui va avec. Nous sommes également dans des projets d’éducation et ils se réaliseront par la grâce de Dieu !

Quels sont vos rapports avec les artistes qui habitent Grand-Yoff ?

J’ai de très bons rapports avec les artistes de Grand-Yoff. La preuve est qu’à chaque fois j’organise un festival, ils assurent la première partie. Malheureusement, à cause de la Covid-19, nous n’avons pas pu en faire. Mais l’année prochaine inchallah, nous allons organiser de grands évènements, où il y aura toutes les artistes de Grand-Yoff, les anciens comme les nouveaux talents.

Parlant de la Covid-19, est-ce que cela a impacté sur votre travail ?

Oui, énormément (elle insiste), parce que comme je devais travailler entre l’Allemagne et la France, donc j’avais des tournées là-bas. On avait déjà des dates pour les festivals, les concerts et autres. J’avais même prévu une date pour Paris mais ça n’a pas pu se faire à cause de la pandémie. Tout est tombé à l’eau. J’avais financé beaucoup d’argent là-dessus et fait des avances qui ne m’ont jamais été retournées ; la pandémie a tout chamboulé. Sinon je n’ai pas eu à organiser des concerts en streaming parce que c’était difficile de trouver des musiciens disponibles. Les gens n’étaient pas chauds et les quelques artistes qui ont essayé de le faire, n’ont pas eu un retour positif et ce n’était pas bon du tout.

Parlez-nous d’une anecdote qui vous a beaucoup marquée ?

Mon premier concert à Grand-Yoff m’a beaucoup marquée. C’était grandiose. Quand je suis montée sur scène, c’était vraiment émouvant, les gens n’en croyaient pas à leurs yeux. Ils se demandaient tous si c’était bien moi, car je suis de nature très calme. Le lendemain, notre maison familiale était pleine de monde. Et ce qui m’a le plus marquée et touchée, c’est que mon père était présent ce jour-là. Ça surpris tout le monde quand ils m’ont vu sur scène. Je suis calme, je ne sortais pas trop et mes journées se limitaient entre la maison et l’école. Je peux passer dans la rue et passer inaperçue, personne ne me reconnaît, tout ce que je fais est lié à l’art. La Guigui que les gens voient à la télé, est différente de la Guigui dans la vie réelle.

Etes-vous un cœur à prendre ?

Je ne suis pas célibataire, j’ai deux maris : la musique et ma famille et elles s’occupent très bien de moi (rire).

Quels sont vos projets ?

La sortie de mon album est prévue ce samedi 17 Octobre. Je vais faire un show case avec mon groupe. Et j’invite tout le monde à venir me soutenir.





Rewmi Quotidien
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