Idrissa Seck clôt le débat «il n’y a jamais eu de protocole de Rebeuss »

Lundi 6 Juin 2016

À Paris où il est actuellement, Idrissa Seck a accepté de répondre au téléphone aux questions de Seneweb. Visiblement très irrité par certaines questions, l’ancien Premier ministre et patron de Rewmi livre sa part de vérité sur le fameux protocole de Rebeuss. Dans cet entretien exclusif, il répond aux nouvelles accusations de blanchiment d’argent, parle du dialogue national, de l’éventualité de la libération de Karim Wade et évoque l’avenir de son parti Rewmi, qui vient de décliner une nouvelle ligne. 


Dans une de vos dernières sorties, vous disiez que Wade et Macky Sall sont habitués aux deals. Mais un journal de la place a remis au gout du jour le protocole de Rebeuss pour dire que vous aussi, avez faiun deal avec Wade. Que répondez-vous à cela ?
C’est de la manipulation. La vérité sur ce protocole de Rebeuss, c’est qu’il n’a jamais existé. Ce sont purement et simplement des mensonges de personnes qui cherchent à me mettre en mal avec le peuple. Et je ne peux pas continuer à polémiquer et épiloguer sur cette question à laquelle j’ai plusieurs fois répondu.
Le journal en question a produit un fac-similé de ce fameux protocole...
(Il coupe et hausse le ton) Il s’agit de quel document ? L’avez-vous vu ? L’avez-vous lu. Vous êtes des journalistes, ne vous laissez pas manipuler. Dites moi ce qui est écrit dans ce document et là je vous répondrez.
Le document explique que vous aviez eu un deal avec Wade pour votre libération et votre nom est clairement apposé dessus…
Mon nom figure dans beaucoup de documents publiés par la presse. Cela entre dans le cadre d’une manipulation de l’opinion. Ce que je peux vous dire c’est qu’il n’y a jamais eu de protocole de Rebeuss. Qu’on me démontre le contraire. Si vous avez le document entre vos mains, lisez le moi. C’est simple.
Un dialogue national s’est ouvert le 28 mai dernier. Pourquoi avez-vous refusé d’y participer ?
Je ne peux pas participer à un dialogue où on n’évoque pas des questions d’intérêt national, mais de deal, de rapprochement et de libération de prisonniers politiques. Le jour où on parlera de l’éducation qui se meurt, de notre diplomatie qui est en train de s’effriter, de la santé qui est bancale..., je répondrai à cet appel.
Est-ce que vous en voulez au Pds d’avoir participé à ce dialogue ?
Pas du tout. Je ne peux pas leur en vouloir parce que le Pds a rejoint Macky Sall depuis longtemps. Il revient maintenant aux militants d’en tirer toutes les conséquences.
Macky Sall n’exclut pas une libération de Karim Wade. Êtes-vous pour ou contre ?
Humainement, on ne peut pas refuser la sortie de prison de quelqu’un. Surtout quelqu’un dont le père vient de fêter ses 90 ans, quelqu’un qui est séparé de ses enfants, dont la mère est décédée. De ce point de vue, on ne peut que s’en réjouir. Ce que je condamne par contre, c’est l’instrumentalisation de notre système judiciaire. On ne peut pas nous faire croire que quelqu’un a volé des milliards et se lever un bon jour pour dealer sur le dos de la population, fabriquer de faux prétextes et ensuite le libérer. C’est ce que je condamne.

Le ministre Mame Mbaye Niang vous accuse de détenir un compte à la Belgolaise, réputé un repaire du blanchiment. Que répondez-vous à ces accusations ?
Vous me voyez répondre à celui-là. Quand même ! Que cela soit le président de la République qui le dise, et il m’entendra. Vous savez ce que (Abdoulaye) Wade m’avait dit un jour en wolof : «Sou goné khamadé ba togne leu, boulko tontou, daguay doumeu bayam mou khamni do moromam», c'est-à-dire «Quand un gamin est impoli, ne lui répondez pas. Il faut corriger son père, il comprendra que vous n’êtes pas son égal». C’est ce que Wade m’avait confié. Mais d’un enseignement plus élevé que celui-là, je ne peux qu’accepter et tolérer l’indécence de gens qui manquent d’éducation. Je pardonne, j’évacue parce que ce n’est pas digne d’intérêt. Je ne peux pas être à ce niveau et m’occuper des vrais sujets qui préoccupent le Sénégal. Donc, la petite querelle cela ne m’intéresse pas.

Il y a eu beaucoup de défections au sein de votre parti : Pape Diouf, Oumar Guèye, Me Nafissatou Cissé, Youssou Diagne, Oumar Sarr, Waly Fall.... Est-ce que vous n’avez pas l’impression que Rewmi est en train de s’effriter ?
Ce que je ressens, c’est une adhésion forte des populations sénégalaises que je défends. On les a trop longtemps voilés par rapport à la réalité de mon combat. On a essayé de leur mentir, de les induire en erreur en créant des journaux, «le Messager», «Xibaar», «Il est Midi» etc, dont la seule ligne éditoriale était de déverser des mensonges jamais prouvés sur mon compte. Les Sénégalais commencent à se réveiller par rapport à cela. Et sous l’encadrement d’une équipe jeune et compétente, notre parti révélera ses objectifs futurs et ses performances.

Thiès est tombé dans le camp du «Oui» lors du dernier référendum. Avez-vous l’impression aujourd’hui de perdre votre base ?
Ce sont des affirmations gratuites et inexactes. Cela fait partie des manipulations du régime. Tout le monde est témoin de l’attachement des Thiessois à mon endroit. Il est vrai que le régime fait tout pour acheter des maires, des présidents de conseil, des conseillers, etc. Ils peuvent acheter toute l’élite, mais ils ne peuvent pas acheter le peuple. Et c’est ce peuple-là qui les corrigera le moment venu.
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