La violence politique qui est allée crescendo en banlieue ces derniers jours a atteint son paroxysme au quartier Kawsara de Keur-Massar où la maison d'une militante de Benno bokk yakaar (Bby) a été incendiée dans la nuit du jeudi au vendredi après un accrochage survenu dans l’après-midi. A l'arrivée, deux membres de la famille de la militante de Benno qui se sont retrouvés avec de graves brûlures ont été admis en réanimation à l'hôpital Principal de Dakar.
Keur-Massar en émoi. Dans ce nouveau département et plus particulièrement au quartier Kawsara, situé dans la commune de Keur-Massar Nord, la nuit du jeudi au vendredi a été très agitée. Une nuit cauchemardesque pour la militante de Benno bokk yakaar (Bby) du nom de Déwoulé Ndiaye, dont la maison a été incendiée. Hier, ce fut un ballet de parents, de sympathisants et surtout d'éléments de la gendarmerie venus constater les dégâts et procéder à l'audition de la dame suivie de la recherche d'indices pouvant aider à éclairer cette affaire qui a fortement ému les populations à quarante-huit heures seulement du passage aux urnes prévu le dimanche 23 janvier.
Le thé-débat et les menaces suivies d'une attaque musclée
Dans l’après-midi d’hier jeudi, lorsqu'elle convoque à son domicile, un thé-débat pour discuter de la mobilisation et des directives de sa coalition Benno bokk yakaar, Diéwoulé Ndiaye était certainement loin de se douter que ses adversaires qui l'ont toujours menacée, l'avaient installée dans leur viseur. Cette rencontre était une aubaine pour eux. En fin d’après-midi au moment où la rencontre allait se terminer, un groupe de jeunes armés de machettes et de projectiles débarquent sur les lieux, se défoulent sur les participants au thé-débat, s'attaquent au matériel, puis exhibent les armes blanches qu'ils font virevolter au-dessus des têtes et menacent de s'en prendre à qui oserait rouspéter. Une tension vive s'installe alors sur les lieux, chacun parmi les participants pour la plupart des femmes cherchent alors à sauver sa peau. Diéwoulé Ndiaye, la maîtresse des lieux, qui accueille la rencontre décide de faire face et s'oppose au saccage du matériel qu'elle avait installé pour accueillir les militants. Une riposte qui va mettre en colère les assaillants qui l'extraient des militants, la traînent par terre avant de la soumettre à une bastonnade en règle devant une foule médusée, mais incapable de réagir. Copieusement tabassée, elle s'est alors retrouvée avec une luxation de l'épaule et des doigts. Une attaque violente qui a laissé sans voix tous les participants au thé-débat.
La parade d'une responsable de Guem Sa Bopp, ses menaces et les conseils d’Aminata Assome Diatta à la victime
Peu après le départ des assaillants, pendant que les participants au thé-débat fortement secoués tentaient de reprendre leurs esprits pour organiser les secours, la caravane d'une responsable de Guem Sa Bopp qui brigue la mairie de Keur-Massar Nord, surgit de nulle part et s'immobilise aux pieds des militants de Benno bokk yakaar encore sous le choc. Dressée sur son véhicule, elle lance alors des menaces et prévient que la suite sera beaucoup plus violente. «Tu as préféré Assom Diatta qui n'a absolument rien fait pour toi. Je t'ai proposé 300 000 francs Cfa, tu as refusé, tu ne perds rien pour attendre», dit-elle à Diéwoulé Ndiaye. Des menaces qui choquent davantage la foule encore tétanisée par la descente musclée qui a précédé l'arrivée de la responsable de Guem Sa Bopp, identifiée sous le nom de Dieynaba Ndiaye et bien connue du lanterneau politique à Keur-Massar. Le quartier de Kawsara en effervescence va ensuite enregistrer l'arrivée d’Aminata Assom Diatta, ministre du Commerce, tête de liste de la coalition Benno bokk yakaar dans la commune de Keur-Massar dont la présence était annoncée pour prendre parole pendant le thé-débat. A son arrivée, elle découvre Diéwoulé Ndiaye très mal en point. Informée de l'attaque musclée dont ont été victimes Diéwoulé et les autres militants de sa coalition, elle décide de prendre les choses en main en conseillant à la dame blessée d'aller aux soins et surtout d'alerter la gendarmerie.
Le liquide inflammable aspergé au salon, le feu, l’enfant de 3 ans brûlé au troisième degré et son grand-père atteint par les flammes
Dans la nuit du jeudi 19 janvier 2022, alors que la presque totalité des habitants du quartier s'étaient endormis, des individus se glissaient dans l'obscurité, évitant les rues éclairées pour se diriger vers la maison de Diéwoulé Ndiaye. Lorsqu'ils arrivent aux fenêtres du salon qui s'ouvrent sur la rue, ils font passer un tuyau par lequel ils déversent dans le salon un liquide inflammable avant de mettre le feu. Dans la maison plongée dans le noir, personne ne se doute du drame qui va tirer du lit les occupants. En l'espace de quelques secondes, le salon s’embrase, le feu se répand très vite puis un bruit d'explosion roule jusqu'aux maisons environnantes. Pris dans le piège des flammes, Diéwoulé Ndiaye, son époux Amadou Sall et son petit-fils, Talla Sall se débattent. Le bruit de l'explosion, l'odeur du brûlé et les appels au secours de Diéwoulé Ndiaye réveillent les voisins et les autres occupants de la maison. Mais, lorsque les secours s'organisent le petit Talla Sall était déjà brûlé au trois quarts. Il sera tiré des flammes et acheminé au centre de santé de Keur-Massar, en compagnie de son grand-père, Amadou Sall, également brûlé. Face à la gravité des brûlures, l'enfant de trois ans et son grand-père ont été finalement admis au service de réanimation à l'hôpital Principal de Dakar.
Un jeune aurait tout filmé ?
A Keur-Massar, on confie qu'un jeune individu qui s'était attardé dans la rue la nuit du jeudi aurait tout filmé à l'insu des assaillants. Pour le moment, il n’y a aucune nouvelle du jeune, dont le témoignage serait un élément déterminant dans l'enquête déclenchée par la gendarmerie pour faire la lumière sur l'horreur au quartier Kawsara de Keur-Massar Nord.
L’audio prêté Dieynaba Ndiaye
L'incendie volontaire de la maison de Diéwoulé Ndiaye survenu dans la nuit du jeudi ne serait en réalité que l'aboutissement d'une longue rivalité entre le ministre du Commerce, Assom Diatta et la responsable de Guem Sa Bopp, Dieynaba Ndiaye dans la course pour occuper le siège de maire de Keur-Massar Nord. Au plus fort des invectives, des audios dans lesquels Dieynaba Ndiaye menace de brûler Assom Diatta ont circulé. Aussi risque-t-elle d'être carabinée par l'audio qui a été mis à la disposition de la gendarmerie. Un audio que L'Obs a pu capter (dans les airs) pour le traduire à l'attention de ses lecteurs. Dieynaba Ndiaye haletant, la voix saccadée dit ceci: «Bonjour, je demande à tous les membres du groupe de se préparer. Assom, nous allons la brûler et la réduire en cendres ici à Keur-Massar. Elle a osé avec sa garde rapprochée s'attaquer à mes éléments à coups de machette. Nous allons nous préparer pour la riposte». Essoufflée, elle ordonne alors à son chauffeur de tourner à gauche.
DIEYNABA NDIAYE, RESPONSABLE DE GUEM SA BOPP A LA GENDARMERIE DE KEUR-MASSAR : «Je ne suis mêlée à cette affaire ni de près ni de loin.»
Pointée du doigt et présentée comme la commanditaire de l'incendie qui a ravagé la maison de la militante de Benno bokk yakaar, Dieynaba Ndiaye, responsable de Guem Sa Bopp qui s'est confiée à L'Observateur à sa sortie de la gendarmerie de Keur-Massar, a vigoureusement nié toute implication dans cette affaire. Dès les premières heures qui ont suivi l'évacuation des brûlés à l'hôpital Principal de Dakar, Dieynaba Ndiaye, citée par tous les témoins, a été convoquée et entendue dans le cadre de l'enquête ouverte par la gendarmerie. Une convocation qui a quelque peu secoué ses militants qui se sont rassemblés brièvement devant la gendarmerie pour la soutenir. Cuisinée par les enquêteurs, elle a été ensuite autorisée à retourner chez elle, mais elle devra rester à disposition pour répondre à toute autre convocation dans le cadre de l'enquête. A sa sortie, elle a déclaré «qu'elle n'est mêlée ni de près ni de loin à cette affaire», puis elle a enchaîné, révélant qu'un des éléments chargés de veiller sur sa sécurité a été enlevé par la garde rapprochée d'Assom Diatta. «Du nom de Thiat, cet élément de sécurité a été ensuite séquestré, bastonné avant d'être abandonné dans un piteux état», selon Dieynaba Ndiaye.
ALASSANE HANNE
l'OBS
Keur-Massar en émoi. Dans ce nouveau département et plus particulièrement au quartier Kawsara, situé dans la commune de Keur-Massar Nord, la nuit du jeudi au vendredi a été très agitée. Une nuit cauchemardesque pour la militante de Benno bokk yakaar (Bby) du nom de Déwoulé Ndiaye, dont la maison a été incendiée. Hier, ce fut un ballet de parents, de sympathisants et surtout d'éléments de la gendarmerie venus constater les dégâts et procéder à l'audition de la dame suivie de la recherche d'indices pouvant aider à éclairer cette affaire qui a fortement ému les populations à quarante-huit heures seulement du passage aux urnes prévu le dimanche 23 janvier.
Le thé-débat et les menaces suivies d'une attaque musclée
Dans l’après-midi d’hier jeudi, lorsqu'elle convoque à son domicile, un thé-débat pour discuter de la mobilisation et des directives de sa coalition Benno bokk yakaar, Diéwoulé Ndiaye était certainement loin de se douter que ses adversaires qui l'ont toujours menacée, l'avaient installée dans leur viseur. Cette rencontre était une aubaine pour eux. En fin d’après-midi au moment où la rencontre allait se terminer, un groupe de jeunes armés de machettes et de projectiles débarquent sur les lieux, se défoulent sur les participants au thé-débat, s'attaquent au matériel, puis exhibent les armes blanches qu'ils font virevolter au-dessus des têtes et menacent de s'en prendre à qui oserait rouspéter. Une tension vive s'installe alors sur les lieux, chacun parmi les participants pour la plupart des femmes cherchent alors à sauver sa peau. Diéwoulé Ndiaye, la maîtresse des lieux, qui accueille la rencontre décide de faire face et s'oppose au saccage du matériel qu'elle avait installé pour accueillir les militants. Une riposte qui va mettre en colère les assaillants qui l'extraient des militants, la traînent par terre avant de la soumettre à une bastonnade en règle devant une foule médusée, mais incapable de réagir. Copieusement tabassée, elle s'est alors retrouvée avec une luxation de l'épaule et des doigts. Une attaque violente qui a laissé sans voix tous les participants au thé-débat.
La parade d'une responsable de Guem Sa Bopp, ses menaces et les conseils d’Aminata Assome Diatta à la victime
Peu après le départ des assaillants, pendant que les participants au thé-débat fortement secoués tentaient de reprendre leurs esprits pour organiser les secours, la caravane d'une responsable de Guem Sa Bopp qui brigue la mairie de Keur-Massar Nord, surgit de nulle part et s'immobilise aux pieds des militants de Benno bokk yakaar encore sous le choc. Dressée sur son véhicule, elle lance alors des menaces et prévient que la suite sera beaucoup plus violente. «Tu as préféré Assom Diatta qui n'a absolument rien fait pour toi. Je t'ai proposé 300 000 francs Cfa, tu as refusé, tu ne perds rien pour attendre», dit-elle à Diéwoulé Ndiaye. Des menaces qui choquent davantage la foule encore tétanisée par la descente musclée qui a précédé l'arrivée de la responsable de Guem Sa Bopp, identifiée sous le nom de Dieynaba Ndiaye et bien connue du lanterneau politique à Keur-Massar. Le quartier de Kawsara en effervescence va ensuite enregistrer l'arrivée d’Aminata Assom Diatta, ministre du Commerce, tête de liste de la coalition Benno bokk yakaar dans la commune de Keur-Massar dont la présence était annoncée pour prendre parole pendant le thé-débat. A son arrivée, elle découvre Diéwoulé Ndiaye très mal en point. Informée de l'attaque musclée dont ont été victimes Diéwoulé et les autres militants de sa coalition, elle décide de prendre les choses en main en conseillant à la dame blessée d'aller aux soins et surtout d'alerter la gendarmerie.
Le liquide inflammable aspergé au salon, le feu, l’enfant de 3 ans brûlé au troisième degré et son grand-père atteint par les flammes
Dans la nuit du jeudi 19 janvier 2022, alors que la presque totalité des habitants du quartier s'étaient endormis, des individus se glissaient dans l'obscurité, évitant les rues éclairées pour se diriger vers la maison de Diéwoulé Ndiaye. Lorsqu'ils arrivent aux fenêtres du salon qui s'ouvrent sur la rue, ils font passer un tuyau par lequel ils déversent dans le salon un liquide inflammable avant de mettre le feu. Dans la maison plongée dans le noir, personne ne se doute du drame qui va tirer du lit les occupants. En l'espace de quelques secondes, le salon s’embrase, le feu se répand très vite puis un bruit d'explosion roule jusqu'aux maisons environnantes. Pris dans le piège des flammes, Diéwoulé Ndiaye, son époux Amadou Sall et son petit-fils, Talla Sall se débattent. Le bruit de l'explosion, l'odeur du brûlé et les appels au secours de Diéwoulé Ndiaye réveillent les voisins et les autres occupants de la maison. Mais, lorsque les secours s'organisent le petit Talla Sall était déjà brûlé au trois quarts. Il sera tiré des flammes et acheminé au centre de santé de Keur-Massar, en compagnie de son grand-père, Amadou Sall, également brûlé. Face à la gravité des brûlures, l'enfant de trois ans et son grand-père ont été finalement admis au service de réanimation à l'hôpital Principal de Dakar.
Un jeune aurait tout filmé ?
A Keur-Massar, on confie qu'un jeune individu qui s'était attardé dans la rue la nuit du jeudi aurait tout filmé à l'insu des assaillants. Pour le moment, il n’y a aucune nouvelle du jeune, dont le témoignage serait un élément déterminant dans l'enquête déclenchée par la gendarmerie pour faire la lumière sur l'horreur au quartier Kawsara de Keur-Massar Nord.
L’audio prêté Dieynaba Ndiaye
L'incendie volontaire de la maison de Diéwoulé Ndiaye survenu dans la nuit du jeudi ne serait en réalité que l'aboutissement d'une longue rivalité entre le ministre du Commerce, Assom Diatta et la responsable de Guem Sa Bopp, Dieynaba Ndiaye dans la course pour occuper le siège de maire de Keur-Massar Nord. Au plus fort des invectives, des audios dans lesquels Dieynaba Ndiaye menace de brûler Assom Diatta ont circulé. Aussi risque-t-elle d'être carabinée par l'audio qui a été mis à la disposition de la gendarmerie. Un audio que L'Obs a pu capter (dans les airs) pour le traduire à l'attention de ses lecteurs. Dieynaba Ndiaye haletant, la voix saccadée dit ceci: «Bonjour, je demande à tous les membres du groupe de se préparer. Assom, nous allons la brûler et la réduire en cendres ici à Keur-Massar. Elle a osé avec sa garde rapprochée s'attaquer à mes éléments à coups de machette. Nous allons nous préparer pour la riposte». Essoufflée, elle ordonne alors à son chauffeur de tourner à gauche.
DIEYNABA NDIAYE, RESPONSABLE DE GUEM SA BOPP A LA GENDARMERIE DE KEUR-MASSAR : «Je ne suis mêlée à cette affaire ni de près ni de loin.»
Pointée du doigt et présentée comme la commanditaire de l'incendie qui a ravagé la maison de la militante de Benno bokk yakaar, Dieynaba Ndiaye, responsable de Guem Sa Bopp qui s'est confiée à L'Observateur à sa sortie de la gendarmerie de Keur-Massar, a vigoureusement nié toute implication dans cette affaire. Dès les premières heures qui ont suivi l'évacuation des brûlés à l'hôpital Principal de Dakar, Dieynaba Ndiaye, citée par tous les témoins, a été convoquée et entendue dans le cadre de l'enquête ouverte par la gendarmerie. Une convocation qui a quelque peu secoué ses militants qui se sont rassemblés brièvement devant la gendarmerie pour la soutenir. Cuisinée par les enquêteurs, elle a été ensuite autorisée à retourner chez elle, mais elle devra rester à disposition pour répondre à toute autre convocation dans le cadre de l'enquête. A sa sortie, elle a déclaré «qu'elle n'est mêlée ni de près ni de loin à cette affaire», puis elle a enchaîné, révélant qu'un des éléments chargés de veiller sur sa sécurité a été enlevé par la garde rapprochée d'Assom Diatta. «Du nom de Thiat, cet élément de sécurité a été ensuite séquestré, bastonné avant d'être abandonné dans un piteux état», selon Dieynaba Ndiaye.
ALASSANE HANNE
l'OBS