En Italie, la presse évoque déjà une "crise diplomatique" après les propos tenus dimanche par le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio concernant "l'exploitation de l'Afrique par la France". Ce mardi 22 janvier au matin, lors de l'émission télévisée "Mattino 5", le ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini a relancé :
"Le problème des migrants a beaucoup de causes : par exemple, ceux qui ne vont pas en Afrique pour créer du développement, mais plutôt pour soustraire de la richesse au peuple africain. La France est parmi eux, l'Italie, non."
L'affaire est née dimanche dernier quand Luigi Di Maio a accusé la France d'appauvrir l'Afrique et, par conséquent, d'aggraver la crise migratoire.
"A partir d'aujourd'hui, ceux qui veulent débarquer en Italie, on va les emmener à Marseille. Je vais demander des sanctions contre les pays qui colonisent l'Afrique. La France imprime le franc dans les colonies pour financer une partie de sa dette : pour laisser les Africains en Afrique, il suffirait que les Français restent chez eux", avait-il-lâché sur RTL 102.5.
En France, la réaction a été immédiate avec la convocation par le Quai d'Orsay de l'ambassadrice italienne Teresa Castaldo. Le Commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, a quant à lui défini les propos de Luigi Di Maio d'"insensés", tout en ajoutant que leur contenu est "irresponsable".
"La France contribue aux départs des migrants"
Et Luigi Di Maio d'insister, lundi soir : "Tout ce que j'ai dit est vrai. La France imprime une monnaie pour 14 Etats africains et, par conséquent, elle en empêche le développement. Au contraire, elle contribue aux départs des migrants, qui vont ensuite mourir dans la Méditerranée ou débarquer sur nos côtes. Il est temps que l'Europe ait le courage d'aborder le thème de la décolonisation de l'Afrique."
La question alimente actuellement un vif débat en Italie. La presse est pour le moment divisée entre les soutiens aux deux leaders populistes et ceux qui argumentent que, contrairement aux propos de Luigi Di Maio, le franc africain (Cfa) n'est pas tout à fait responsable de la crise de certains pays africains.
Nouvel Obs
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