Le nouveau premier Français, un pro Mariage gay

Mercredi 17 Mai 2017

Le nouveau Premier ministre n'a pas été très assidu à l'Assemblée. Il s'est néanmoins illustré par certaines prises de positions différentes de son camp... ou de Macron.


Emmanuel Macron désirait un Premier ministre avec une "forte expérience de la vie politique, de l'art parlementaire", avait-il annoncé le 3 mars dernier sur RTL. Pas sûr qu'Édouard Philippe, cancre de l'Assemblée nationale nommé lundi par le nouveau président, ne remplisse ce second critère.
Mais, lors de ses 113 semaines de présence à l'Assemblée (sur 47 mois de mandat), le chef de l'exécutif âgé de 46 ans comptabilise malgré tout quelques prises de position laissant entrevoir ce que pourrait être la ligne directrice de son gouvernement. Même si ces orientations ne sont pas toujours en phase avec le positionnement d'Emmanuel Macron.
Il est de rigueur de rappeler qu'à l'Assemblée nationale, le désormais Premier ministre, député LR de Seine-Maritime depuis 2012 et avocat de formation, était plutôt adepte de l'école buissonnière.
 
 
Selon le site Capital.fr et le collectif Regards Citoyens, le maire du Havre se situe à la 478e place des députés les plus actifs, sur les 504 qui ont effectué un mandat complet. Soit à la toute fin du classement...
"Je serai le premier à célébrer un mariage entre deux personnes du même sexe"
En février 2013, l'élu du Palais Bourbon s'était abstenu de voter la loi sur le mariage pour tous, quand 183 députés LR avaient voté contre et seulement six pour. Cette position a suscité, dès lundi, les inquiétudes d'associations féministes.
 
 
 
"Il est évident (...) que le maire que je suis appliquera la loi si elle est adoptée. (...) Je serai même, dans la commune, le premier à célébrer un mariage entre deux personnes du même sexe", s'était-il pourtant engagé en janvier 2013, durant les débats.
Pour justifier son abstention, Édouard Philippe avait ensuite co-signé une tribune avec Nathalie Kosciusko-Morizet, également députée LR, qui le soutient dans ses nouvelles fonctions. "Le gouvernement aurait pu choisir de rassembler. Il a fait le choix inverse. Il a fait le choix de ne pas écarter d'emblée la question de la procréation médicale assistée, dont il est manifeste qu'elle conduira, un jour, (...) à la gestation pour autrui", déplorent les deux parlementaires, en martelant : "nous ne sommes pas opposés au mariage pour les personnes de même sexe".Pour justifier son abstention, Édouard Philippe avait ensuite co-signé une tribune avec Nathalie Kosciusko-Morizet, également députée LR, qui le soutient dans ses nouvelles fonctions. "Le gouvernement aurait pu choisir de rassembler. Il a fait le choix inverse. Il a fait le choix de ne pas écarter d'emblée la question de la procréation médicale assistée, dont il est manifeste qu'elle conduira, un jour, (...) à la gestation pour autrui", déplorent les deux parlementaires, en martelant : "nous ne sommes pas opposés au mariage pour les personnes de même sexe".
Contre le projet de loi sur l'égalité homme-femme
Concernant l'adoption pour les couples homosexuels, à laquelle ils ne sont "pas opposés", ils poursuivent: "S'engager sur la voie de l'adoption plénière implique déjà la PMA, puis la GPA, pour les couples de même sexe (...) Voter oui viendrait encourager le gouvernement à poursuivre sur une voie dont il a déjà indiqué qu'elle le conduirait jusqu'à la PMA". Pour rappel, Emmanuel Macron est opposé à la GPA, mais favorable à la PMA pour les couples de femmes.
Le Premier ministre ne partage pas toujours les opinions de son ex-consoeur, Nathalie Kosciusko-Morizet. En décembre 2013, l'ancien porte-parole d'Alain Juppé a voté, sans s'en expliquer publiquement, contre la proposition de loi visant à pénaliser les clients de prostituées, alors que NKM a été l'une des 11 députés LR à l'approuver.
Même chose pour la loi sur l'égalité entre femmes et hommes d'août 2014: le nouveau Premier ministre a voté contre, NKM et dix autres parlementaires LR pour. "L'égalité entre les hommes et les femmes sera une cause nationale", martèle de son côté Emmanuel Macron... Édouard Philippe s'est également positionné pour le projet de loi sur la fin de vie en 2015, quand le président est lui favorable à un débat sur la question.
Consensus sur la déchéance de nationalité
En février dernier, Édouard Philippe a aussi désapprouvé le projet de loi constitutionnelle de protection de la Nation, visant à inscrire dans la constitution la déchéance de nationalité. A droite, seuls 73 autres députés ont voté contre et huit se sont abstenus quand 111 l'ont approuvé, comme l'avait préconisé Nicolas Sarkozy, alors président du parti.
 
 
S'il avait salué le prolongement de l'état d'urgence à l'Assemblée, sur Europe 1, le député Philippe avait critiqué un texte "inutile", qui "n'apporte pas grand chose juridiquement" et "ne fait qu'envoyer un mauvais symbole". Une décision prise à contre courant de son parti, mais dans la lignée du positionnement d'Emmanuel Macron.
Une tribune pour critiquer la loi Renseignement
Autre projet de loi contre lequel s'est insurgé Édouard Phillippe: celui portant sur le Renseignement. Il a voté contre en mai 2015, quand 143 députés LR l'avaient approuvé.
 
 
L'élu, qui justifie rarement ses prises de position à l'Assemblée nationale, s'était même fendu d'une tribune sur le site Atlantico pour dénoncer un texte qui pose "de questions graves en matière de libertés individuelles". "Rien ne garantit qu'à l'avenir un pouvoir moins respectueux des libertés individuelles ne disposerait pas, de ce fait, d'un instrument redoutable pour elles", écrit-il aussi.
Comme la majorité de ses confrères Les Républicains, notre nouveau Premier ministre n'a pas non plus approuvé les projets de loi portant sur la lutte contre la fraude fiscale et sur la transparence de la vie publique, créés dans le sillage de l'affaire Cahuzac. Retour de bâton quatre ans après, la HTVP (Haute Autorité pour la transparence de la vie publique), créée par ce dernier texte, a épinglé Édouard Philippe pour avoir manqué de clarté dans sa déclaration de patrimoine, relate Mediapart. De son côté, Emmanuel Macron veut alourdir les sanctions contre la fraude fiscale.
Contre le cumul des mandats et la République numérique
Alors que le nouveau chef de l'Etat a promis d'instaurer une limitation dans le temps du cumul des mandats, son Premier ministre a désapprouvé, en septembre 2013 et alors qu'il était député-maire, le projet de loi visant à interdire un cumul entre fonctions exécutives locales et celles de parlementaire. Tout comme il a fustigé le texte visant à interdire le cumul de fonctions exécutives locales et celles de député européen.
"Si interdire le cumul des mandats est un impératif moral, si c'est la condition du bon exercice d'un mandat, une loi n'est pas nécessaire et chacun peut, à titre individuel, parfaitement respecter cet impératif moral", s'est-il justifié lors des débats. En octobre dernier, le chef de l'exécutif n'a pas non plus voté le projet de loi sur la République numérique, porté à l'époque par... Emmanuel Macron lui-même. Et fer de lance de son programme.
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