Sunnite et chiite sont parfois des notions vagues pour ceux qui ne côtoient pas d’adeptes de la religion musulmane au quotidien. Pourtant, la compréhension de ces deux courants de l’Islam est primordiale pour comprendre la situation géopolitique au Moyen-Orient. Ce petit article a donc pour but de donner les bases nécessaires pour discerner les différences fondamentales entre les doctrines et il est à noter que ces deux courants de pensée ont été influencés par des siècles de considérations historique et politique propres à chaque pays.
L'origine du schisme
Du vivant du prophète Mahomet, l’Islam n’était qu’un seul et unique mouvement. C’est à la mort de celui-ci, en 632, qu’une guerre de succession scinda cette religion en deux à cause de divergences quant au choix de son successeur spirituel. Si la majorité, les sunnites, désigna Abou Bakr, un compagnon de Mahomet, comme successeur légitime du prophète, un certain nombre, les chiites, optèrent plutôt pour son gendre, Ali.
Les différences fondamentales
Ce schisme fit ainsi naître deux branches au sein de la religion coranique, avec des visions bien distinctes, notamment sur la nature du Coran. Côté sunnite, le Coran est une œuvre divine, il ne s'agit pas seulement de la parole de Dieu, mais Dieu lui-même qui serait incarné dans l'ouvrage. Il ne saurait donc être remis en question ou replacé dans le contexte historique de son époque. Dans le courant salafiste, ces écrits doivent être même pris au pied de la lettre. Le caractère divin de l'œuvre interdit donc aux hommes de se proclamer représentant de Dieu ou de parler en son nom, d'où l'absence d'autorité religieuse structurée dans la mouvance sunnite.
Les sunnites apportent également une attention particulière au respect de la Sunna, la tradition islamique tirée des faits et gestes du prophète lors de son vivant. Ce code de conduite qui encadre la pratique du culte musulman sunnite est de facto la deuxième source la plus importante qui charpente la pratique de l'Islam (prier 5 fois par jours, jeûne du ramadan, pèlerinage à la Mecque, etc.). En imitant les gestes de Mahomet, ceux-ci se rapprochent d’Allah.
Côté chiite, le Coran est vu comme une œuvre humaine, le message divin transmis à travers le prophète, et peut donc être interprété. Pour se faire, Ali et ses descendants ont été chargés de discerner le sens profond de l’œuvre afin d'aider les fidèles à se rapprocher de Dieu. Cela favorisa également l’émergence de sous-groupes au sein de la branche chiite, par exemple avec les alaouites en Syrie.
Cela eut aussi comme conséquence une plus grande hiérarchisation du clergé. Celui-ci a un rôle distinct du pouvoir politique. Ainsi, même si les institutions politiques doivent composer avec les institutions religieuses, celles-ci ont des pouvoirs et des fonctions qui leur sont propres et ne sauraient être confondues. Dans la mouvance chiite, le gouvernement s’occupe des hommes tandis que le clergé s’occupe des âmes.
L’importance du culte dans le monde
On estime le nombre de musulmans dans le monde est estimé à 1,9 milliard. De ce nombre, un peu plus de la moitié se trouve en Asie, notamment grâce de l’Indonésie qui est le pays musulman le plus peuplé du monde et le Pakistan qui a concentré la majorité des musulmans du sous-continent indien.
Les adeptes d’Allah sont toutefois plus concentrés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord où 300 millions de musulmans représentent près 95% de la population de la région. Le culte de Mahomet est également bien présent en Afrique subsaharienne avec un peu plus de 200 millions de fidèles pour environ 35% de la population De ce nombre, la très grande majorité, environ 85%, sont de confession sunnite. Néanmoins, les chiites sont majoritaires dans certains pays, comme en Iran, Irak et Bahreïn. Ceux-ci constituent également une minorité importante au Liban et au Pakistan où ils représentent près de 20% de la population
Benoît Lapierre
L'origine du schisme
Du vivant du prophète Mahomet, l’Islam n’était qu’un seul et unique mouvement. C’est à la mort de celui-ci, en 632, qu’une guerre de succession scinda cette religion en deux à cause de divergences quant au choix de son successeur spirituel. Si la majorité, les sunnites, désigna Abou Bakr, un compagnon de Mahomet, comme successeur légitime du prophète, un certain nombre, les chiites, optèrent plutôt pour son gendre, Ali.
Les différences fondamentales
Ce schisme fit ainsi naître deux branches au sein de la religion coranique, avec des visions bien distinctes, notamment sur la nature du Coran. Côté sunnite, le Coran est une œuvre divine, il ne s'agit pas seulement de la parole de Dieu, mais Dieu lui-même qui serait incarné dans l'ouvrage. Il ne saurait donc être remis en question ou replacé dans le contexte historique de son époque. Dans le courant salafiste, ces écrits doivent être même pris au pied de la lettre. Le caractère divin de l'œuvre interdit donc aux hommes de se proclamer représentant de Dieu ou de parler en son nom, d'où l'absence d'autorité religieuse structurée dans la mouvance sunnite.
Les sunnites apportent également une attention particulière au respect de la Sunna, la tradition islamique tirée des faits et gestes du prophète lors de son vivant. Ce code de conduite qui encadre la pratique du culte musulman sunnite est de facto la deuxième source la plus importante qui charpente la pratique de l'Islam (prier 5 fois par jours, jeûne du ramadan, pèlerinage à la Mecque, etc.). En imitant les gestes de Mahomet, ceux-ci se rapprochent d’Allah.
Côté chiite, le Coran est vu comme une œuvre humaine, le message divin transmis à travers le prophète, et peut donc être interprété. Pour se faire, Ali et ses descendants ont été chargés de discerner le sens profond de l’œuvre afin d'aider les fidèles à se rapprocher de Dieu. Cela favorisa également l’émergence de sous-groupes au sein de la branche chiite, par exemple avec les alaouites en Syrie.
Cela eut aussi comme conséquence une plus grande hiérarchisation du clergé. Celui-ci a un rôle distinct du pouvoir politique. Ainsi, même si les institutions politiques doivent composer avec les institutions religieuses, celles-ci ont des pouvoirs et des fonctions qui leur sont propres et ne sauraient être confondues. Dans la mouvance chiite, le gouvernement s’occupe des hommes tandis que le clergé s’occupe des âmes.
L’importance du culte dans le monde
On estime le nombre de musulmans dans le monde est estimé à 1,9 milliard. De ce nombre, un peu plus de la moitié se trouve en Asie, notamment grâce de l’Indonésie qui est le pays musulman le plus peuplé du monde et le Pakistan qui a concentré la majorité des musulmans du sous-continent indien.
Les adeptes d’Allah sont toutefois plus concentrés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord où 300 millions de musulmans représentent près 95% de la population de la région. Le culte de Mahomet est également bien présent en Afrique subsaharienne avec un peu plus de 200 millions de fidèles pour environ 35% de la population De ce nombre, la très grande majorité, environ 85%, sont de confession sunnite. Néanmoins, les chiites sont majoritaires dans certains pays, comme en Iran, Irak et Bahreïn. Ceux-ci constituent également une minorité importante au Liban et au Pakistan où ils représentent près de 20% de la population
Benoît Lapierre