À partir de la Libération en 1944, et jusqu’à la fin des hostilités, le 8 mai 1945, en Europe, les relations entre les soldats africains – les tirailleurs sénégalais – et les autorités nationales n’ont cessé de se détériorer progressivement, conduisant à un traitement discriminatoire, à des incidents entre soldats noirs et militaires français en Europe, à la révolte des anciens prisonniers de guerre noirs libérés des Frontstalag et à la tuerie de Thiaroye. En dépit des déclarations faites à Brazzaville par les plus hautes autorités de la France libre réunies pour la circonstance, les Africains avaient des raisons d’être sceptiques et méfiants à l’égard du colonialisme.
Le 1 er décembre 1944, neuf mois après les promesses faites par le général Charles de Gaulle à la Conférence africaine française de Brazzaville, au camp militaire de Thiaroye, dans la banlieue de Dakar, les militaires français reçurent l’ordre de tirer sur 1 280 anciens prisonniers de guerre africains libérés des camps de prisonniers créés par les Allemands en France, qui étaient en cours de rapatriement et de démobilisation, parce qu’ils réclamaient le paiement des pécules et des indemnités auxquels ils avaient droit en bousculant l’autorité de leurs supérieurs : le bilan officiel fut 35 tués, 35 blessés graves, des centaines de blessés légers, 34 inculpés condamnés le 6 mars 1945 par le tribunal militaire à des peines de 1 à 10 ans de prison ferme, 10 000 francs d’amende après avoir été exhibés dans les rues de Dakar sous forte escorte militaire pour les humilier et pour intimider la population.
La tuerie de Thiaroye est le plus grand massacre commis par les armées françaises sur d’anciens frères d’armes, car elles ont transposé à Thiaroye les pratiques très courantes des armées allemandes sur le front de l’Est européen. Ces évènements marquèrent très profondément les consciences ; leurs conséquences judiciaires devraient susciter une vive indignation, quand on sait la conspiration qui a entouré ce crime qui restera à jamais impuni, avec la mort de tous les auteurs, de leurs complices et de tous ceux qui avaient participé à ce crime.
Ces officiers français ont traversé l’univers moral de la guerre pratiquée par l’Armée allemande sur le front de l’Est européen fait de cruauté envers la population et de brutalités exercées sur les hommes de troupe. L’ordre émis par le supérieur hiérarchique opérationnel a été approuvé en amont par toute la hiérarchie administrative et militaire selon un programme répressif validé par toute la chaîne de commandement.
Ce massacre a fait l’objet d’une sérieuse préparation au cours de réunions dont il serait nécessaire de connaître les noms des participants, les comptes rendus ainsi que les procès verbaux qui ont sanctionné ces réunions et les décisions qui ont été prises, les unités chargées de leur exécution, les moyens à mettre en œuvre à cet effet, pour produire un effet maximal de terreur. C’est là que fut décidé et réglé le massacre et probablement la construction de la justification du massacre avant même de le perpétrer. Une distribution des ordres aux officiers et sous-officiers a bien eu lieu.
Si le réveil et le rassemblement au son du clairon avaient tiré les tirailleurs de leur torpeur de la nuit, en revanche la vue en face d’eux des gendarmes, des officiers et sous-officiers français à la tête de troupes du 1er et du 7è régiment à côté de chars américains et de mitrailleuses tous en position de tir, prêts à faire feu, n’avait guère impressionné les rescapés de la débâcle de la bataille de France. Ce déploiement de forces ne suscite aucune panique, ni appréhension particulière, persuadés qu’il s’agissait d’un simple exercice de routine entrant dans le cadre de la formation des futurs éléments du front.
La majorité des tirailleurs avait obéi aux ordres de rassemblement pensant soit qu’ils allaient percevoir leur argent, soit que c’était un simple contrôle de routine.
Le rassemblement achevé vers 6h45, des délégués sont extraits des rangs des tirailleurs pour rejoindre la salle des négociations. Plus tard ils seront accusés d’être les meneurs de la « mutinerie » et traduits devant le tribunal militaire de Dakar, après avoir été exhibés dans les rues de Dakar sous forte escorte pour les humilier et intimider la population.
Lassés de rester debout sous le chaud soleil, les esprits ont commencé à s’échauffer et ce fut le prétexte attendu pour déclencher la fusillade selon le programme de répression arrêté. Dès que les ordres de tir furent donnés, le tir des automitrailleuses en batterie se déclenche en rafales, suivi du feu craché par les chars et des tirs à bout portant des hommes du 1er et du 7è régiment d’infanterie et ceux du 6è régiment d’artillerie coloniale. Et les tirailleurs tombaient tout bêtement surpris par ce déluge de feu.
Lorsque les rafales ont cessé, les officiers français se sont approchés des hommes à terre pour exterminer à bout portant quelques-uns. On peut se demander si ce même sort aurait été celui réservé aux blessés transportés vers l’hôpital, car aucun blessé n’aura survécu à ses blessures. Partout, trois ordres se succèdent : le début des tirs, l’achèvement des blessés et le transport vers l’hôpital de certains blessés.
Jusqu’au dernier instant, à l’ultime seconde du déclenchement de la mitraille, ces tirailleurs qui étaient devenus des otages en attente d’une exécution n’ont pas imaginé la conséquence de leur situation. Ils ne pouvaient pas y croire et ils n’y ont pas cru. La surprise des victimes a été totale. L’exécution s’est passée dans le calme sans difficulté et sans panique. Immédiatement des hommes du 1er et du 7è régiment d’infanterie coloniale ont commencé à creuser sur place les fosses communes pour y enterrer les morts. Le Gouvernement français reconnaîtra plus tard l’existence de trois fosses communes.
Il y a peu de chances de découvrir l’exact endroit des charniers, la définitive vérité sur les motifs qui ont inspiré les nouvelles autorités de la France libre dans cette horrible tuerie et que plusieurs de ceux qui les connaissent ne sont plus là. D’autres ayant comparu dans les procès pour crimes de guerre ont eu de bonnes raisons de les masquer. Ceux qui sont encore vivants emporteront leur secret dans la tombe. Les télégrammes échangés entre le Gouvernement général de l’AOF dirigé par Pierre Cournarie, le commandement supérieur des troupes françaises en AOF ont mis au point des versions des faits pour dissimuler l’entière gratuité du massacre de tirailleurs au camp militaire français de Thiaroye. Toutes les versions du mensonge d’État qui ont été servies font partie de l’opération d’habillage autour de ce massacre.
Nécessité d’un apaisement de la mémoire
Ce qui s’est passé le 1er décembre 1944 dans le camp militaire français de Thiaroye heurte profondément la conscience humaine. L’humanité n’a jamais connu un crime d’aussi grande envergure envers des frères d’armes engagés volontaires ou forcés dans la défense d’un monde de paix, de fraternité, de solidarité, d’égalité, de justice, de liberté. L’identification, le jugement et la condamnation de tous les coupables et de leurs complices ne saurait effacer cette abomination, ni réparer les dommages irréversibles subis par les familles, les communautés, les peuples qui ont vu leurs proches arrachés aussi cruellement à leur amour, à leur affection. Au surplus, le déshonneur collé à l’acte injuste de leur accusation de « mutinerie », de « rébellion » pour couvrir un mensonge d’État sera une tâche que seule une réhabilitation générale et collective par la République française est en mesure de dissiper.
En conséquence, la France serait bien inspirée d’exprimer officiellement sa demande de pardon aux familles, aux communautés et aux populations des pays dont sont originaires tous ces soldats africains. C’est à cette générosité de la République française que toutes les victimes, toutes leurs familles, tous les survivants et tous les descendants de cette abominable tragédie nous convient pour un apaisement de la mémoire.
L’autre versant concerne les réparations pécuniaires pour soulager le fardeau insupportable des familles et des descendants plongés, depuis, dans un état de dénuement total faute de soutiens, mais aussi des pays complètement enfoncés dans une spirale d’endettement sans fin dont l’origine remonte à ces guerres mondiales et qui, comme une chape, plombe l’avancée des peuples africains vers la souveraineté sous toutes ces formes. Ces peuples africains ne se sont jamais remis de l’effort de guerre tant humain que matériel, que les deux conflits mondiaux leur ont imposé et qui a hypothéqué irrémédiablement leur développement.
Il s’agit donc de trouver un mécanisme efficace, pérenne d’effacer toutes les dettes publiques et privées, bilatérales et multilatérales contactées par l’ensemble des pays africains dont sont originaires les tirailleurs à la date du 80ème anniversaire du massacre du 1er décembre 1944 au camp militaire français de Thiaroye. Toutefois, il ne s’agit pas d’encourager l’irresponsabilité, ni la corruption des élites, encore moins de cautionner le refus du développement et la gabégie. Il s’agit d’appuyer et de soutenir les efforts allant dans le sens de la bonne gouvernance des affaires publiques et privées dans les États concernés. À cet égard, le service de la dette fonctionnera normalement avec les échéances remboursées selon les conditions contractuelles. Toutefois, les sommes encaissées sont rétrocédées aux États payeurs uniquement pour financer, sous forme de projets bancables, des investissements prioritaires dans le domaine de la formation, des équipements et des infrastructures médicales, dans l’éducation et la formation professionnelle, dans la souveraineté alimentaire, énergétique, la protection de la nature et la mobilité des populations.
La France se doit de prendre en charge cette problématique à l’échelle mondiale, car c’est à Versailles que fut signé le premier traité sur les réparations de la Première Guerre mondiale, c’est sur le sol français que les tirailleurs africains ont été torturés et massacrés par l’Armée allemande durant la Deuxième Guerre mondiale en couvrant la retraite des soldats britanniques, c’est dans les colonies françaises d’Afrique que l’effort de guerre a entraîné des famines et les modifications durables des modes de production, que l’esclavage a été aboli le plus tardivement parmi toutes les puissances européennes et même l’Amérique qui a tiré sa richesse du labeur de ces fils d’Afrique arrachés à leurs racines. Assurément, c’est à toutes ces conditions que l’apaisement de la mémoire sera établi pour tous, que la réconciliation sera possible, que le pardon s’imposera.
Dakar, le 1er décembre 2024
Elhadj Ibrahima NDAO
eindao@yahoo.com
Le 1 er décembre 1944, neuf mois après les promesses faites par le général Charles de Gaulle à la Conférence africaine française de Brazzaville, au camp militaire de Thiaroye, dans la banlieue de Dakar, les militaires français reçurent l’ordre de tirer sur 1 280 anciens prisonniers de guerre africains libérés des camps de prisonniers créés par les Allemands en France, qui étaient en cours de rapatriement et de démobilisation, parce qu’ils réclamaient le paiement des pécules et des indemnités auxquels ils avaient droit en bousculant l’autorité de leurs supérieurs : le bilan officiel fut 35 tués, 35 blessés graves, des centaines de blessés légers, 34 inculpés condamnés le 6 mars 1945 par le tribunal militaire à des peines de 1 à 10 ans de prison ferme, 10 000 francs d’amende après avoir été exhibés dans les rues de Dakar sous forte escorte militaire pour les humilier et pour intimider la population.
La tuerie de Thiaroye est le plus grand massacre commis par les armées françaises sur d’anciens frères d’armes, car elles ont transposé à Thiaroye les pratiques très courantes des armées allemandes sur le front de l’Est européen. Ces évènements marquèrent très profondément les consciences ; leurs conséquences judiciaires devraient susciter une vive indignation, quand on sait la conspiration qui a entouré ce crime qui restera à jamais impuni, avec la mort de tous les auteurs, de leurs complices et de tous ceux qui avaient participé à ce crime.
Ces officiers français ont traversé l’univers moral de la guerre pratiquée par l’Armée allemande sur le front de l’Est européen fait de cruauté envers la population et de brutalités exercées sur les hommes de troupe. L’ordre émis par le supérieur hiérarchique opérationnel a été approuvé en amont par toute la hiérarchie administrative et militaire selon un programme répressif validé par toute la chaîne de commandement.
Ce massacre a fait l’objet d’une sérieuse préparation au cours de réunions dont il serait nécessaire de connaître les noms des participants, les comptes rendus ainsi que les procès verbaux qui ont sanctionné ces réunions et les décisions qui ont été prises, les unités chargées de leur exécution, les moyens à mettre en œuvre à cet effet, pour produire un effet maximal de terreur. C’est là que fut décidé et réglé le massacre et probablement la construction de la justification du massacre avant même de le perpétrer. Une distribution des ordres aux officiers et sous-officiers a bien eu lieu.
Si le réveil et le rassemblement au son du clairon avaient tiré les tirailleurs de leur torpeur de la nuit, en revanche la vue en face d’eux des gendarmes, des officiers et sous-officiers français à la tête de troupes du 1er et du 7è régiment à côté de chars américains et de mitrailleuses tous en position de tir, prêts à faire feu, n’avait guère impressionné les rescapés de la débâcle de la bataille de France. Ce déploiement de forces ne suscite aucune panique, ni appréhension particulière, persuadés qu’il s’agissait d’un simple exercice de routine entrant dans le cadre de la formation des futurs éléments du front.
La majorité des tirailleurs avait obéi aux ordres de rassemblement pensant soit qu’ils allaient percevoir leur argent, soit que c’était un simple contrôle de routine.
Le rassemblement achevé vers 6h45, des délégués sont extraits des rangs des tirailleurs pour rejoindre la salle des négociations. Plus tard ils seront accusés d’être les meneurs de la « mutinerie » et traduits devant le tribunal militaire de Dakar, après avoir été exhibés dans les rues de Dakar sous forte escorte pour les humilier et intimider la population.
Lassés de rester debout sous le chaud soleil, les esprits ont commencé à s’échauffer et ce fut le prétexte attendu pour déclencher la fusillade selon le programme de répression arrêté. Dès que les ordres de tir furent donnés, le tir des automitrailleuses en batterie se déclenche en rafales, suivi du feu craché par les chars et des tirs à bout portant des hommes du 1er et du 7è régiment d’infanterie et ceux du 6è régiment d’artillerie coloniale. Et les tirailleurs tombaient tout bêtement surpris par ce déluge de feu.
Lorsque les rafales ont cessé, les officiers français se sont approchés des hommes à terre pour exterminer à bout portant quelques-uns. On peut se demander si ce même sort aurait été celui réservé aux blessés transportés vers l’hôpital, car aucun blessé n’aura survécu à ses blessures. Partout, trois ordres se succèdent : le début des tirs, l’achèvement des blessés et le transport vers l’hôpital de certains blessés.
Jusqu’au dernier instant, à l’ultime seconde du déclenchement de la mitraille, ces tirailleurs qui étaient devenus des otages en attente d’une exécution n’ont pas imaginé la conséquence de leur situation. Ils ne pouvaient pas y croire et ils n’y ont pas cru. La surprise des victimes a été totale. L’exécution s’est passée dans le calme sans difficulté et sans panique. Immédiatement des hommes du 1er et du 7è régiment d’infanterie coloniale ont commencé à creuser sur place les fosses communes pour y enterrer les morts. Le Gouvernement français reconnaîtra plus tard l’existence de trois fosses communes.
Il y a peu de chances de découvrir l’exact endroit des charniers, la définitive vérité sur les motifs qui ont inspiré les nouvelles autorités de la France libre dans cette horrible tuerie et que plusieurs de ceux qui les connaissent ne sont plus là. D’autres ayant comparu dans les procès pour crimes de guerre ont eu de bonnes raisons de les masquer. Ceux qui sont encore vivants emporteront leur secret dans la tombe. Les télégrammes échangés entre le Gouvernement général de l’AOF dirigé par Pierre Cournarie, le commandement supérieur des troupes françaises en AOF ont mis au point des versions des faits pour dissimuler l’entière gratuité du massacre de tirailleurs au camp militaire français de Thiaroye. Toutes les versions du mensonge d’État qui ont été servies font partie de l’opération d’habillage autour de ce massacre.
Nécessité d’un apaisement de la mémoire
Ce qui s’est passé le 1er décembre 1944 dans le camp militaire français de Thiaroye heurte profondément la conscience humaine. L’humanité n’a jamais connu un crime d’aussi grande envergure envers des frères d’armes engagés volontaires ou forcés dans la défense d’un monde de paix, de fraternité, de solidarité, d’égalité, de justice, de liberté. L’identification, le jugement et la condamnation de tous les coupables et de leurs complices ne saurait effacer cette abomination, ni réparer les dommages irréversibles subis par les familles, les communautés, les peuples qui ont vu leurs proches arrachés aussi cruellement à leur amour, à leur affection. Au surplus, le déshonneur collé à l’acte injuste de leur accusation de « mutinerie », de « rébellion » pour couvrir un mensonge d’État sera une tâche que seule une réhabilitation générale et collective par la République française est en mesure de dissiper.
En conséquence, la France serait bien inspirée d’exprimer officiellement sa demande de pardon aux familles, aux communautés et aux populations des pays dont sont originaires tous ces soldats africains. C’est à cette générosité de la République française que toutes les victimes, toutes leurs familles, tous les survivants et tous les descendants de cette abominable tragédie nous convient pour un apaisement de la mémoire.
L’autre versant concerne les réparations pécuniaires pour soulager le fardeau insupportable des familles et des descendants plongés, depuis, dans un état de dénuement total faute de soutiens, mais aussi des pays complètement enfoncés dans une spirale d’endettement sans fin dont l’origine remonte à ces guerres mondiales et qui, comme une chape, plombe l’avancée des peuples africains vers la souveraineté sous toutes ces formes. Ces peuples africains ne se sont jamais remis de l’effort de guerre tant humain que matériel, que les deux conflits mondiaux leur ont imposé et qui a hypothéqué irrémédiablement leur développement.
Il s’agit donc de trouver un mécanisme efficace, pérenne d’effacer toutes les dettes publiques et privées, bilatérales et multilatérales contactées par l’ensemble des pays africains dont sont originaires les tirailleurs à la date du 80ème anniversaire du massacre du 1er décembre 1944 au camp militaire français de Thiaroye. Toutefois, il ne s’agit pas d’encourager l’irresponsabilité, ni la corruption des élites, encore moins de cautionner le refus du développement et la gabégie. Il s’agit d’appuyer et de soutenir les efforts allant dans le sens de la bonne gouvernance des affaires publiques et privées dans les États concernés. À cet égard, le service de la dette fonctionnera normalement avec les échéances remboursées selon les conditions contractuelles. Toutefois, les sommes encaissées sont rétrocédées aux États payeurs uniquement pour financer, sous forme de projets bancables, des investissements prioritaires dans le domaine de la formation, des équipements et des infrastructures médicales, dans l’éducation et la formation professionnelle, dans la souveraineté alimentaire, énergétique, la protection de la nature et la mobilité des populations.
La France se doit de prendre en charge cette problématique à l’échelle mondiale, car c’est à Versailles que fut signé le premier traité sur les réparations de la Première Guerre mondiale, c’est sur le sol français que les tirailleurs africains ont été torturés et massacrés par l’Armée allemande durant la Deuxième Guerre mondiale en couvrant la retraite des soldats britanniques, c’est dans les colonies françaises d’Afrique que l’effort de guerre a entraîné des famines et les modifications durables des modes de production, que l’esclavage a été aboli le plus tardivement parmi toutes les puissances européennes et même l’Amérique qui a tiré sa richesse du labeur de ces fils d’Afrique arrachés à leurs racines. Assurément, c’est à toutes ces conditions que l’apaisement de la mémoire sera établi pour tous, que la réconciliation sera possible, que le pardon s’imposera.
Dakar, le 1er décembre 2024
Elhadj Ibrahima NDAO
eindao@yahoo.com