Les grands perdants du scrutin : Le PUR, "Taxawu Sénégal" et le PDS payent le prix de stratégies mal orientées

Vendredi 22 Novembre 2024

Après la dissolution de l'Assemblée nationale sénégalaise le mois dernier, le peuple sénégalais a été appelé aux urnes le dimanche 17 novembre. Quarante et une listes étaient en compétition, mais seules 15 ont réussi à obtenir des sièges. Le Pastef, dirigé par Ousmane Sonko, s'est imposé en laissant ses sérieux concurrents dans l'ombre, à savoir Takku Wallu de Macky Sall, Samm Sa Kaddu de Barthélémy Dias et Jamm ak Njariñ d'Amadou Ba.

Bien que certaines coalitions puissent se réjouir de leurs résultats, d'autres alliances ont été fatales pour plusieurs formations politiques, telles que le Parti de l'Unité et du Rassemblement (PUR), Taxawu Sénégal et le Parti Démocratique Sénégalais (PDS). En 2022, ces partis s’étaient unis en inter-coalition avec le Pastef en vue des élections de 2024, mais cette alliance, motivée par des considérations politiciennes, a conduit à une perte de terrain et à l'éloignement de leur électorat.

Le PUR : Un désastre électoral
Le PUR, qui comptait 11 députés lors de la précédente législature, n’en conserve désormais qu’un seul. Cette chute vertigineuse est largement attribuée à sa coalition avec des formations anti-Pastef, ce qui a miné son image auprès de son électorat. De nombreux observateurs qualifient cette défaite de "désastre électoral" et estiment que le PUR aurait dû maintenir son alliance avec le Pastef, dont les idéologies sont proches. Cette erreur stratégique semble avoir coûté cher au parti, qui perd ainsi sa crédibilité politique.

Taxawu Sénégal : Une défaite annoncée
Du côté de Taxawu Sénégal, dirigé par Khalifa Sall, le tableau est tout aussi sombre. La coalition, plombée par les prises de position controversées de Barthélémy Dias, a subi une lourde défaite, passant de 13 à 1 député. Les discours et les actions de Dias, ainsi que de Bougane Guèye Dani, sont pointés du doigt comme des facteurs clés de cette débâcle. De plus, la coalition a été secouée par des violences et fait l'objet de nombreuses plaintes, avec plus de 81 personnes proches de cette alliance actuellement emprisonnées. La seule bénéficiaire de cette crise interne semble être Anta Babacar Ngom, qui, grâce à son expérience politique, a réussi à tirer son épingle du jeu en étant deuxième sur la liste nationale.

Le PDS : Un effondrement historique
Le PDS, autrefois l'un des partis les plus puissants du pays, a connu l'effondrement le plus spectaculaire en 2024, principalement à cause de son rapprochement avec Macky Sall, ancien Président de la République et un des artisans de la dissolution du PDS (2012-2020). Ce rapprochement, qui semblait prometteur pour certains, a été un échec cuisant. Le PDS est tombé de 26 à seulement 2 députés. À la veille des investitures pour ces législatives, plusieurs figures de proue du parti, dont Tamsir Thioye, avaient été exclues, ce qui a fragilisé encore davantage sa structure interne. Ironiquement, M. Thioye a été élu sous la bannière de la "coalition Sopi", prouvant ainsi qu'une approche plus indépendante aurait peut-être permis au PDS de mieux résister à la marée montante du Pastef. En 2022, le PDS s'était allié avec la coalition Yawwi Askan Wi d’Ousmane Sonko, ce qui avait permis à cette formation fondée par Me Abdoulaye Wade en 1974 de relancer son image et sa popularité.

Une Leçon de Stratégie Politique
Ces résultats reflètent un manque flagrant de stratégie de la part de plusieurs partis historiques. Le PDS et le PUR, en particulier, auraient pu choisir de se présenter seuls ou de maintenir une alliance plus cohérente avec le Pastef, dont les idées se sont avérées avoir séduit une grande partie de l'électorat. Au lieu de cela, ces partis ont fait le pari risqué de coalitions mal orientées, et l'électorat leur a fait payer le prix fort.

Par Ibrahima Khalil DIEME
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