Les nouveaux rois du « njucc njacc » : Macky Sall peut être fier ! (Ibrahima Thiam)

Samedi 21 Septembre 2024

Six mois. Il naura suffi que de six mois pour que le grand espoir de 2024 se transforme en une farce électorale digne des meilleures heures de lAPR. Pastef, chantre du changement, a repris exactement là où Macky Sall s’était arrêté : délais électoraux serrés, absence de concertation avec lopposition, et une course effrénée pour sassurer le contrôle du Parlement. Bravo lartiste !
 
Pour les élections législatives du 17 novembre prochain, « l’Etat Pastefien » joue un jeu bien connu : fixer des délais si courts quon dirait que les candidats de lopposition doivent être des sprinteurs professionnels pour constituer leurs listes à temps. Tout ça, bien sûr, avec un faux sourire de démocratie, car « tout est légal ». Mais qui ne voit pas la supercherie ? Ces délais impossibles, cest du déjà-vu sous Macky Sall, et Pastef a simplement poli la méthode pour en faire un art de gouverner.
 
La grande promesse du renouveau ? Oubliée. Le calendrier électoral a été bricolé de façon à étouffer toute velléité de lopposition. Un délai si serré quon pourrait croire que Pastef a peur de voir surgir une quelconque forme de contestation. Pas de concertation ? Et alors ! Sous Macky Sall, les décisions électorales étaient prises dans lombre, mais Pastef ne sembarrasse même plus de la forme : il impose, tranche, et avance comme un bulldozer.
 
Et lopposition ? Elle regarde, impuissante, face à cette répétition des vieilles magouilles politiques. Pastef, qui dénonçait hier les méthodes cavalières de l'APR, fait aujourdhui pire en mettant en place une machine électorale huilée pour écarter tous ses adversaires. Le calendrier est un véritable piège, conçu pour écraser la moindre résistance.
 
Là où Macky Sall jouait la carte de la lenteur bureaucratique pour fatiguer ses opposants, Pastef a choisi loption « vitesse éclair » : on expédie les choses en un clin d’œil, sans consultation, sans transparence. Cest la politique du rouleau compresseur, version 2024, où ceux qui ne peuvent pas suivre le rythme sont laissés sur le bas-côté. Lopposition, elle, essaie de saccrocher, mais Pastef, avec un sourire en coin, sait très bien quelle ny arrivera pas.
 
Mais voilà la grande ironie : le parti qui se faisait passer pour le sauveur de la démocratie devient le champion du verrouillage électoral. Macky Sall peut être fier de son successeur, qui, en si peu de temps, a maîtrisé à la perfection les vieilles ficelles du pouvoir. Finalement, Pastef naura pas révolutionné la politique sénégalaise, il laura juste accélérée. Le peuple, lui, regarde ce spectacle avec une pointe damertume, se demandant quand viendra enfin le vrai changement quon lui avait tant promis.
 
En attendant, Pastef court, et lopposition sue à grosses gouttes. Le 17 novembre sera peut-être une victoire pour Pastef, mais sûrement pas pour la démocratie sénégalaise.
 
Ibrahima Thiam
Membre de la coalition SENEGAAL KESSE
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