Les vertus de la résilience (Par Samba Oumar Fall)

Mardi 25 Février 2025

Les vertus de la résilience (Par Samba Oumar Fall)
Idrissa Seck. Le nom vous dit quelque chose ? Bien sûr ; il s’agit de l’ancien Premier ministre, tout-puissant maire de Thiès et patron de Rewmi. Cet homme est unique, un vrai modèle de résilience. Chaque fois qu’on le croit mort politiquement et enseveli, il arrive toujours à renaître de ses cendres, parfois même sans en avoir l’air. Il est comme le tenace Jack Bauer, le héros de la série 24 heures chrono.

Le président Charles Logan, s’adressant à la présidente Allison Taylor pour parler de sa pugnacité, disait de lui : « Tant que Jack est dans le circuit, l’accord de paix ne sera pas en sécurité… Il sortira toujours du trou le plus profond où on le jettera et il remontera des profondeurs de la terre à mains nues s’il le faut ». Idy, c’est comme Jack Bauer. Il est parfois absent, mais toujours présent dans les esprits. Et dimanche dernier, son ombre a plané au lancement, par des sympathisants et militants de son parti, du Mouvement pour sauver le Sénégal (M2ss) ; même s’il a fait faux bond lors de la rencontre. Fin politicien, Idrissa Seck n’a pas attendu la défaite et le départ de son mentor, Me Abdoulaye Wade, pour prendre en main sa propre destinée politique. Au faîte de son influence à l’aube de la première alternance au Sénégal en 2000, quand Wade accédait au pouvoir, Idy est poussé vers la sortie. Limogé de ses fonctions de Premier ministre et accusé de « détournement de fonds et d’atteinte à la sûreté de l’État » dans l’affaire dite des « chantiers de Thiès », il a été emprisonné, puis blanchi quelques mois plus tard. L’ancien « dauphin » du pape du « sopi » a préféré rompre les amarres avec son mentor et mettre en place son propre parti en 2006 : le Rewmi. Il créera la surprise en arrivant en deuxième position avec 14,92 % des voix, devant le Parti socialiste d’Ousmane Tanor Dieng (13,56%) lors de la présidentielle de 2007. Sa popularité a reçu un sacré coup en 2012 où il n’a récolté que 7,86 % des suffrages. Les échecs successifs de 2007 et 2012 n’ont pas pour autant refroidi les ardeurs de l’ancien maire de Thiès ; lui qui a toujours rêvé d’enfiler le costume de Président de la République.

En 2019, alors que sa cote de popularité avait considérablement chuté, il réussit un come-back retentissant à la faveur de l’absence de Khalifa Sall et de Karim Wade exclus de la compétition en raison de leurs déboires judiciaires. Il arrive en deuxième position avec un score de 20,51%, derrière Macky Sall réélu à 58,26%, mais devant Ousmane Sonko avec ses 15,67%.

Son rêve de sonner une nouvelle alternance au Sénégal ne s’est malheureusement pas concrétisé. Sa quatrième tentative a cependant été une énorme désillusion, marquée par l’effondrement de son électorat. Son score historiquement bas, 0, 90% seulement, confirme son déclin progressif. En fin stratège politique, Idrissa Seck, malgré tous les tourbillons, réussit toujours à faire face avec un aplomb et une détermination extraordinaires. Cette grande capacité de résilience, Idy l’a sans doute appris à l’école de Wade qui, après près d’un quart de siècle passé à s’opposer, avait réussi à renvoyer le Parti socialiste, pour la première fois depuis sa création, dans l’opposition. Dans notre société où les défis et les imprévus font partie intégrante de notre quotidien, l’adversité ne fait pas de discrimination. Elle est démocratique et n’épargne (presque) personne. Même si nous ne sommes pas tous égaux face à l’épreuve.

« Et nous vous éprouverons certainement par un peu de peur, de faim et de perte de richesses, de vies et de fruits, mais nous annoncerons une bonne nouvelle aux patients », nous enseigne le verset 155 de la sourate Al-Baqarah (La vache). C’est dire que le Seigneur met toujours les gens à l’épreuve. La résilience, sans être une formule magique, mais qui semble si dure à cultiver en ce siècle, joue un rôle essentiel dans notre capacité à surmonter les épreuves et les défis du quotidien. Winston Churchill n’avait pas tort en affirmant que : « La résilience est la vertu la plus importante que nous puissions posséder. Elle nous permet de continuer à avancer malgré tout, de ne jamais abandonner, de toujours croire que nous sommes capables de relever les défis les plus difficiles ». Parce que l’histoire a souvent démontré que c’est le courage de continuer et le fait d’aller de l’avant qui nous rendent encore plus forts. La résilience est donc une vertu inestimable, une qualité essentielle que nous devons tous cultiver.

Véritable arme face à l’affolement et au désespoir, elle nous aide à surmonter les difficultés de la vie et, comme la lumière, elle nous guide et nous permet de tenir bon, d’être tenaces dans l’épreuve, plus forts. Car, comme le disait si bien Nelson Mandela : « La plus grande gloire de vivre ne consiste pas à ne jamais tomber, mais à se relever chaque fois que nous tombons ». sambaoumar.fall@lesoleil.sn
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