Avocat et analyste politique, Robert Bourgi estime que le Président Sall qui a entendu et saisi le cri de désespoir et le ras-bol de la jeunesse sénégalaise, devrait être entouré de visages nouveaux et d’hommes qui ont fait leurs preuves.
Le Président Sall devra prononcer son adresse à la Nation du 3 avril dans un contexte post-crise. Quel devrait être la teneur de son discours ?
Après les tragiques et tristes événements des semaines passées qui ont pratiquement mis en danger la République, le président de la République doit tenir un discours rassembleur. Sauvegarder l’unité et la paix dans le pays ont toujours été ses thèmes de prédilection. Seulement, il est indéniable que le président de la République n’a pas été suivi, comme il fallait qu’il le soit, par toutes les composantes de l’Exécutif et du Législatif. Le Président a su garder son sang-froid et passer au tamis de sa conscience. D’abord, la réalité des maux dont souffrait le pays, et ensuite, les choix qu’il lui fallait faire pour redonner un espoir au pays. Le mouvement général du monde devrait conduire le Président à modifier, voire bouleverser l’ordre politique sénégalais qui existe sans changement notable depuis des décennies. Je crois profondément dans les qualités de visionnaire du chef de l’Etat. Le Président sait, entend et observe tout ce qui va et tout ce qui ne va pas. Ce n’est pas un homme qui réagit à chaud, il prend le temps de la réflexion et il a entendu et saisi le cri de désespoir et le ras-bol de la jeunesse sénégalaise. Le paysage politique n’a guère changé depuis si longtemps que l’on peut parler de fossilisation des responsables politiques. Au cours de ces événements, maints responsables ont fait preuve de légèreté dans leurs comportements et dans leurs dires. Le Président saura trancher un peu plus tôt, un peu plus tard. Il est vrai que les chefs religieux ont contribué au retour de la paix, mais il est indéniable que le Président a pesé lourd pour l’élargissement de certains détenus politiques.
D’après vous, que devrait-il dire pour ressusciter l’espoir perdu chez certains jeunes qui ont manifesté dernièrement et quels actes forts devrait-il poser ce 3 avril ?
La population sénégalaise est composée à 70% de jeunes. Oui, on a cassé, brûlé et provoqué des dommages contre les biens et les intérêts sénégalais et étrangers, mais si tout cela est regrettable, les fauteurs de troubles, les casseurs ne sont ni terroristes ni putschistes. Les jeunes veulent du travail. Ils veulent sortir du chômage, être formés et avoir des emplois. Ils veulent étudier dans les meilleures conditions et sortir de l’enfer du chômage et du désœuvrement. Que cette jeunesse qui s’est révoltée, fasse confiance au Président, qui n’est pas homme de mensonge et de tromperie. Sa porte est ouverte, c’est un homme de dialogue, ouvert et tourné vers les intérêts du peuple sénégalais. Il a déjà pris des mesures pour améliorer le sort de cette jeunesse qui veut contribuer à l’activité économique et au développement du pays. Oui, le pétrole et le gaz sont source de revenus considérables pour le pays. Le Président saura en faire le meilleur usage. Il sait quel pays il dirige et quel héritage il doit entretenir et enrichir. L’histoire du Sénégal est riche de son passé et avec Macky Sall, le pays sera plus riche de son avenir. Que cette jeunesse lui fasse confiance, lui parle et dialogue avec lui, sans chercher à lui imposer des diktats.
Au delà de la prise en compte des questions sociales et économiques, le Président ne devrait-il pas redéfinir sa ligne politique, après analyse des derniers évènements et de la molle réaction de ses hommes ?
La fossilisation regrettable de la vie politique sénégalaise devrait conduire le président de la République à se tourner un peu plus vers la société civile et y puiser ceux qui l’aideront dans sa tâche et dans sa volonté de gouverner le pays au mieux des intérêts des Sénégalais. Le Sénégal est riche de ses intellectuels de premier ordre. Qu’il fasse appel à eux, chacun dans sa spécificité. Technocrates oui, mais hommes de valeurs et pas des apparatchiks. Les Sénégalais, dans leur majorité, veulent des visages nouveaux, des hommes qu’ils aiment et qui ont fait leurs preuves. Il lui faut s’entourer d’hommes et de femmes compétents et dévoués à sa personne et à la cause publique. Peut-être, à la lumière des derniers événements, lui faudra-t-il revenir à l’instauration à ses côtés d’un Premier ministre, chargé de coordonner l’action gouvernementale. Constat a été fait qu’il fut trop seul dans la tourmente. Son savoir-faire, son calme, sa modération, sa sagesse et sa détermination ont sauvé la République.
Entretien réalisé par L'OBSERVATEUR
Le Président Sall devra prononcer son adresse à la Nation du 3 avril dans un contexte post-crise. Quel devrait être la teneur de son discours ?
Après les tragiques et tristes événements des semaines passées qui ont pratiquement mis en danger la République, le président de la République doit tenir un discours rassembleur. Sauvegarder l’unité et la paix dans le pays ont toujours été ses thèmes de prédilection. Seulement, il est indéniable que le président de la République n’a pas été suivi, comme il fallait qu’il le soit, par toutes les composantes de l’Exécutif et du Législatif. Le Président a su garder son sang-froid et passer au tamis de sa conscience. D’abord, la réalité des maux dont souffrait le pays, et ensuite, les choix qu’il lui fallait faire pour redonner un espoir au pays. Le mouvement général du monde devrait conduire le Président à modifier, voire bouleverser l’ordre politique sénégalais qui existe sans changement notable depuis des décennies. Je crois profondément dans les qualités de visionnaire du chef de l’Etat. Le Président sait, entend et observe tout ce qui va et tout ce qui ne va pas. Ce n’est pas un homme qui réagit à chaud, il prend le temps de la réflexion et il a entendu et saisi le cri de désespoir et le ras-bol de la jeunesse sénégalaise. Le paysage politique n’a guère changé depuis si longtemps que l’on peut parler de fossilisation des responsables politiques. Au cours de ces événements, maints responsables ont fait preuve de légèreté dans leurs comportements et dans leurs dires. Le Président saura trancher un peu plus tôt, un peu plus tard. Il est vrai que les chefs religieux ont contribué au retour de la paix, mais il est indéniable que le Président a pesé lourd pour l’élargissement de certains détenus politiques.
D’après vous, que devrait-il dire pour ressusciter l’espoir perdu chez certains jeunes qui ont manifesté dernièrement et quels actes forts devrait-il poser ce 3 avril ?
La population sénégalaise est composée à 70% de jeunes. Oui, on a cassé, brûlé et provoqué des dommages contre les biens et les intérêts sénégalais et étrangers, mais si tout cela est regrettable, les fauteurs de troubles, les casseurs ne sont ni terroristes ni putschistes. Les jeunes veulent du travail. Ils veulent sortir du chômage, être formés et avoir des emplois. Ils veulent étudier dans les meilleures conditions et sortir de l’enfer du chômage et du désœuvrement. Que cette jeunesse qui s’est révoltée, fasse confiance au Président, qui n’est pas homme de mensonge et de tromperie. Sa porte est ouverte, c’est un homme de dialogue, ouvert et tourné vers les intérêts du peuple sénégalais. Il a déjà pris des mesures pour améliorer le sort de cette jeunesse qui veut contribuer à l’activité économique et au développement du pays. Oui, le pétrole et le gaz sont source de revenus considérables pour le pays. Le Président saura en faire le meilleur usage. Il sait quel pays il dirige et quel héritage il doit entretenir et enrichir. L’histoire du Sénégal est riche de son passé et avec Macky Sall, le pays sera plus riche de son avenir. Que cette jeunesse lui fasse confiance, lui parle et dialogue avec lui, sans chercher à lui imposer des diktats.
Au delà de la prise en compte des questions sociales et économiques, le Président ne devrait-il pas redéfinir sa ligne politique, après analyse des derniers évènements et de la molle réaction de ses hommes ?
La fossilisation regrettable de la vie politique sénégalaise devrait conduire le président de la République à se tourner un peu plus vers la société civile et y puiser ceux qui l’aideront dans sa tâche et dans sa volonté de gouverner le pays au mieux des intérêts des Sénégalais. Le Sénégal est riche de ses intellectuels de premier ordre. Qu’il fasse appel à eux, chacun dans sa spécificité. Technocrates oui, mais hommes de valeurs et pas des apparatchiks. Les Sénégalais, dans leur majorité, veulent des visages nouveaux, des hommes qu’ils aiment et qui ont fait leurs preuves. Il lui faut s’entourer d’hommes et de femmes compétents et dévoués à sa personne et à la cause publique. Peut-être, à la lumière des derniers événements, lui faudra-t-il revenir à l’instauration à ses côtés d’un Premier ministre, chargé de coordonner l’action gouvernementale. Constat a été fait qu’il fut trop seul dans la tourmente. Son savoir-faire, son calme, sa modération, sa sagesse et sa détermination ont sauvé la République.
Entretien réalisé par L'OBSERVATEUR