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Maimouna Yade écrit au président Sall et alerte: «Il est malheureux de constater...»

Samedi 16 Mars 2019

Lettre ouverte a son excellence monsieur Macky Sall, président de la république du Sénégal


Maimouna Yade écrit au président Sall et alerte: «Il est malheureux de constater...»
Monsieur le Président Macky SALL,

Nous aimerions, avant toute chose, rendre gloire à Dieu, l’Unique créateur, l’Omniscient, le Miséricordieux.

Nous vous adressons nos sincères félicitations, Monsieur le Président de la République, pour votre réélection à la tête de notre pays au soir du dimanche 24 février 2019. Nous félicitons également toute la coalition Benno Book Yaakar (BBY) et nos différents alliés qui se sont investis pour ce succès éclatant au premier tour avec 58,26% des suffrages valablement exprimés.

Quatrième Président de la République du Sénégal, Excellence, vous êtes réélu à votre deuxième mandat dans un contexte national où les enjeux majeurs de notre pays tournent autour de la nécessité de renforcement des politiques de développement à travers une implication massive de toutes les forces vives de la nation.


Les sénégalais, y compris les primo-votants ayant massivement participé aux échéances, ont choisi la continuité du Plan Sénégal Emergent, particulièrement sa phase 2 qui met en pratique les nouvelles orientations du Gouvernement que vous-même, Excellence, avez clairement définies dans votre discours à la nation du 31 décembre 2018.


Vous nous aviez gracieusement, à l’occasion, fait part des cinq nouvelles initiatives majeures prévues dans la seconde phase du PSE, donc dans la continuité de l’action.
Il s’agit principalement des initiatives dédiées :

1- à la réalisation du PSE vert qui place la question de l’environnement et de l’écologie au cœur de l’innovation par la transition agro-écologique ; de la protection du patrimoine forestier pour sauvegarder les intérêts des générations futures ;
2- à l’économie sociale et solidaire pour compléter les services financiers existant ;
3- à la Jeunesse sénégalaise par le biais de l’éducation, de la formation professionnelle, de la santé, du sport, des arts et de la culture, de la citoyenneté ;
4- à l’économie numérique pour entrer et rester dans les défis de la société future pour « un Sénégal numérique » qui innove prêt à donner et recevoir au banquet de l’universel » ;
5- à l’industrialisation, clé de la transformation structurelle de l’économie.
Monsieur le Président de la République,

La jeunesse, dans sa majorité, vous a renouvelé sa confiance malgré l’avènement sur la scène politique d’un nouveau discours qui a convaincu une frange importante de l’électorat, notamment celle de la Diaspora.

On constate aujourd’hui que plus de la moitié (54,9%) de la population en âge de travailler (âgée de 15 ans ou plus) ont participé au marché du travail. Le taux de participation des 15 ans ou plus varie selon le milieu de résidence, avec 52,5% en milieu urbain, contre 57,3% en milieu rural. Ce taux varie également selon le sexe : 62,9% des hommes en âge de travailler sont sur le marché du travail contre 48,5% de femmes.

Depuis ces trois dernières années, les jeunes sénégalais se sont familiarisés avec les notions d’entreprenariat et d’auto-emploi d’une façon plus sérieuse et essaient tant soit peu de démarrer leurs propres business même s’ils se heurtent le plus souvent au faible accès à l’information, au manque de maitrise des réalités du marché financier et à l’accès aux crédits.

La Délégation générale à l’Entreprenariat Rapide des Jeunes et des Femmes (DER/JF) que vous avez nouvellement créée en septembre 2017 avec un budget annuel de trente milliards de francs CFA s’attèle à la prise en charge du besoin essentiel de financement dans la complémentarité des actions multidimensionnelles de l’Agence nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANPEJ) que vous aviez mise sur pied en janvier 2014.


Militante de la cause jeune, nous pouvons vous dire que les efforts consentis ne suffisent pas et ne rassurent toujours pas les jeunes du fait déjà du manque d’efficience dans les actions et de la déconnexion de ces structures du dispositif institutionnel de l’emploi et du travail qui souffre de cohérence depuis quelques années.

En outre, le sous-secteur de la microfinance développe des programmes de financement efficaces mais ceux-ci sont plus accessibles aux femmes qu’aux jeunes. C’est l’occasion de rappeler le rôle essentiel de la jeunesse active du secteur informel dans l’économie sociale et solidaire. Dans beaucoup de pays européens, l’économie sociale et solidaire a contribué fortement à diminuer le taux de chômage des jeunes ; la dimension solidaire est ainsi incluse dans tous leurs programmes de création d’entreprises et surtout de start-up.


La nouvelle lettre de politique sectorielle sur l’économie sociale et solidaire en phase finale d’élaboration permettra, certainement, de mieux encadrer ce domaine et de valoriser les petites et moyennes entreprises.


Par ailleurs, le poids démographique de la jeunesse sénégalaise représente une réelle opportunité pour notre pays. Loin d’être un fardeau, c’est un pouvoir immense qu’il faudrait impliquer davantage pour la bonne marche du pays.

Aujourd’hui, il est malheureux de constater que, malgré la débrouillardise de ses dignes fonctionnaires, le Ministère de la Jeunesse ne dégage plus le profil d’un département à part entière aux missions claires et partagées par les différents acteurs. L’organisation et le fonctionnement souffrent encore de cohérence. Les ressources (humaines, matérielles, budgétaires) sont dérisoires. La planification n’est pas maitrisée car la politique nationale de jeunesse repose plus sur des déclarations d’intentions que sur la production d’un document cohérent applicable et suivi dans le temps et dans l’espace.


Il n’existe réellement aucun cadre neutre de concertation nationale des jeunes sénégalais qui soit incontestablement une plateforme d’échanges sérieuses et sincères sur les véritables enjeux et défis de la jeunesse entre tous les acteurs du secteur sans coloration politique aucune.


« LOU GNEUP BOK, DESSKAY WAKHTAANE », nous reprendrions seulement votre démarche historique dans la convocation de toutes les forces vives de la nation autour des nouvelles ressources pétrolières et gazières.

Vous avez, d’ailleurs, rappelé, dans votre discours à la nation du 31 décembre 2018, votre engagement à rester disponible et à l’écoute des populations afin que nous continuons à demeurer une nation debout, active et enthousiaste, en ces termes « Voilà notre défi collectif. Et voilà ce qui me motive à rester dans le temps utile, le temps de l’action, à votre écoute et à votre service, pour continuer à impulser notre développement solidaire et inclusif, dans l’équité territoriale et la justice sociale »
Mais également nous croyons fortement à ce célèbre proverbe de l’ancien Président Américain John Fitzgerald Kennedy, « Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, mais demande ce que tu peux faire pour ton pays ».

Pour preuve, nous assistons aujourd’hui à un retrait progressif mais dangereux, pour ne pas dire une démission, de jeunes entrepreneurs sénégalais extrêmement influents sur la scène continentale et internationale et très dynamiques dans la mobilisation des ressources, du processus d’appui à création massive d’emploi dans notre pays. Ils dénoncent le manque de sérieux dans la gestion des structures publiques d’appui à l’emploi mais encore le manque d’implication de celles-ci dans la promotion d’une jeunesse compétente et qualifiée.

Monsieur le Président de la République,
Dans notre pays, nous avons des jeunes crédibles, apolitiques parfois, mais extrêmement engagés pour la cause de la jeunesse ; ils sont compétents, déterminés et dévoués. Leur voix est retentissante sur la scène nationale, continentale et internationale ; ils inspirent la jeunesse sénégalaise mais également la jeunesse africaine.

Ils ne demandent qu’à être impliqués, dans cette dynamique de multi-partenariat que nous vous proposons. Ces jeunes mettront tous leurs atouts à profit afin de contribuer à réussir, ensemble avec vous, l’émergence de notre pays. « COMPRENDRE LA JEUNESSE POUR ACCOMPAGNER SA TRANSFORMATION », telle est la ligne rectrice de leurs interventions de tous les jours.

Dans ce sillage, nous savons que bien des défis nous attendent, Excellence. Les recommandations suivantes que nous formulons restent des orientations spécifiques sur lesquelles reposeront, sans nul doute, les termes futurs de notre franche collaboration. Il s’agit, entre autres :
- d’encourager, avant toute chose et avec la manière, les jeunes à reprendre à leur compte les causes de la priorisation de l’utilité publique, de la citoyenneté active, de l’engagement volontaire, de la diversité, du respect mutuel, de la valeur du travail honnête, de la valorisation et de la consolidation de nos acquis démocratiques, de nos valeurs religieuses et culturelles ;
 
- d’assurer une pleine participation des jeunes à la gouvernance, au développement et à l’intégration économique du pays en revisitant la Convention nationale Etat-Employeurs pour la promotion de l’emploi (CNEE) dont il faut revoir l’ancrage et relever les ressources budgétaires afin de renforcer l’appui depuis quelques décennies du secteur privé aux jeunes entrepreneurs et demandeurs d’emploi ;
 
- d’encourager fortement l’entreprenariat chez les jeunes filles et jeunes femmes sénégalaises par la promotion de l’égalité des chances en milieu professionnel et en les promouvant, sur la base de la compétence, au même titre que les jeunes hommes ;
 
- de renforcer la dynamisation des secteurs économiques en plein essor en misant davantage sur le secteur informel et le secteur agricole.
 
- de redéfinir une nouvelle politique nationale de l’Emploi (NPNE) en renforçant de manière dynamique les institutions en charge de l’Emploi pour harmoniser de manière concordante toutes les actions en faveur de l’employabilité des jeunes, de l’insertion professionnelle rapide et massive des jeunes et de la migration de main-d’œuvre ;
 
- d’encourager les programmes des jeunes sur la santé communautaire, de renforcer les mécanismes et dispositifs d’accompagnement des jeunes vulnérables en insistant sur l’accès de ces jeunes et adolescents aux informations sur la santé de la reproduction ;
 
- de revoir l’organisation et le fonctionnement du Ministère de la Jeunesse, incluant la réforme des centres départementaux de l’éducation populaire et des sports (CDEPS) et des Inspections régionales de la jeunesse (IRJ), d’adapter sérieusement ce secteur aux nouveaux besoins socioéconomiques de la jeunesse sénégalaise par le biais de l’élaboration d’une nouvelle politique nationale de jeunesse (PNJ)  et de redéfinir les contours du Programme des Vacances Citoyennes ;
 
- d’impliquer la jeunesse des banlieues et des collectivités territoriales dans ce nouveau partenariat nationale afin de ne laisser aucun jeune sénégalais en rade.
Monsieur le Président Macky SALL,
Nous restons convaincus et ne nourrissons point de doute que ces recommandations vous parviendront et feront l’objet d’une prise en charge sérieuse dans le nouvel attelage gouvernemental qui portera les débuts de votre nouveau mandat.
La Jeunesse vous renouvelle sa confiance, vous exprime son profond respect et attend beaucoup de votre gouvernance.
Puisse Dieu vous donner la force de réaliser votre vision ambitieuse que nous partageons d’un Sénégal Emergent.
 
Madame Maimouna YADE,
Conseiller technique en Genre du Ministre de l’Economie Solidaire et de la Microfinance ;

Ancien Conseiller technique du Ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne ;

Fondatrice de JGEN, Women Global Entrepreneurship ;
Coordinatrice de la Plateforme des Jeunes Femmes Leaders pour l’Emergence (PAJEFE) ;

Membre de l’Alliance Nationale pour la République (APR Kaolack) ;
Citoyenne engagée.
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