Michel Rocard, ancien Premier ministre de François Mitterrand, est mort ce samedi 2 juillet à l'âge de 85 ans. Il s'est éteint dans l'après-midi dans un hôpital parisien, a fait savoir sa famille.
Militant socialiste dès 1949, Michel Rocard est le candidat du Parti socialiste unifié en 1969 puis rejoint le Parti socialiste en 1974. Premier ministre de son rival de toujours François Mitterrand 1988 à 1991, il sera aussi, durant quelques mois (1993-1994) le premier secrétaire du PS.
"Utopie et modernité"
Théoricien de la deuxième gauche, il a "incarné la modernisation de la gauche et l'exigence de dire la vérité", selon Manuel Valls, qui a rendu hommage dans un communiqué à "un militant, un visionnaire et un homme d'Etat".
"Je me suis engagé en politique par et pour Michel Rocard. Parce qu'il avait dit en 1978 qu'il n'y avait pas de fatalité à l'échec de la gauche. Parce qu'il disait avant les autres que le changement passe par la réforme et non par la rupture", a souligné le Premier ministre.
"Une grande figure de la République et de la gauche vient de disparaître", a déclaré François Hollande dans un communiqué :
"Michel Rocard ne dissociait jamais son action de ses idées [...]. C'était un rêveur réaliste, un réformiste radical, animé par le mouvement des idées, le sort de la planète et de la destinée humaine."
"Hamster érudit"
De son passage chez les scouts, il reçoit un surnom qui le suivra toute sa vie: "Hamster érudit". Licencié ès lettres, diplômé de Sciences-Po et du Centre d'études des programmes économiques (CEPE), il sort en 1958 de l'ENA, où il côtoie Jacques Chirac, et rejoint l'Inspection des finances.
Hostile à la guerre d'Algérie, il devient patron du Parti socialiste unifié en 1967 qu'il dirige jusqu'en 1973 et qui sera un "laboratoire d'idées" pour la gauche.
Il rejoint le PS en 1974.En 1980, il annonce sa candidature à la candidature du PS pour la présidentielle de 1981 mais doit s'effacer devant François Mitterrand. Il est ensuite nommé ministre du Plan et de l'Aménagement du Territoire (1981-1983) puis de l'Agriculture.
A Matignon en 1988, il pratique l'ouverture, ramène la paix en Nouvelle-Calédonie et instaure le RMI.
En mai 1991, François Mitterrand lui demande de démissionner. Après avoir été patron du PS en 1993, il deviendra sénateur et député européen, l'Europe étant l'une de ses passions.
Dans un entretien la semaine dernière au "Point", il fustigeait la gauche française, "la plus rétrograde d'Europe" à ses yeux, et jugeait que "le véritable socialisme, c'est l'accès pour tous aux activités de l'esprit".