Prostitution au Maroc : « Ce sont toujours les Ivoiriens et Camerounais qui nous font honte ici...»

Samedi 6 Janvier 2018

Ville située au Nord Ouest du Maroc et à 12 kilomètres des côtes Espagnoles Tanger est devenue le carrefour où échouent nombreux subsahariens sur leur route vers l’Occident. Entre racisme et tracasseries policières, ils essaient tant bien que mal de conserver intact leurs rêves.

Il est six heures du matin et le soleil illumine depuis la ville méditerranéenne après une nuit bouillante générée par la présence massive des touristes et marocains de la diaspora en vacances. Au commissariat du port de la ville, dans un coin s’entassent une cinquantaine d’Africains interpellés dans la nuit alors qu’ils tentaient de prendre la mer. Le chef de poste qui nous reçoit est courtois et se gêne un peu du spectacle qu’offre sa cour. « Chaque nuit, on arrête des centaines de nos frères avec leurs zodiacs, nous les libérons au petit matin en espérant ne plus les revoir » explique t-il. 

(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Mais parmi les interpellés figurent bien des habitués qui vers huit heures sont relâchés par groupe de deux pour ne pas attirer l’attention des touristes. Depuis que le Roi du Maroc avait interdit les reconduites vers la frontière Algero marocaine, les Africains interpellés sont soit relâchés dans Tanger, soit éloignés dans d’autres villes. 
Parmi les interpellés trois filles aux allures d’hommes longent tranquillement le chemin de la Medina regagner leurs hôtels. Elles sont d’origine camerounaise et étaient à leur troisième tentative. « Inch’alah, la prochaine fois ça ira » nous confie l’une d’elles qui se dit se nommer Clarisse. Elle affirme être au Maroc depuis deux ans après un long périple entre le Nigeria, Niger et l’Algérie 
Clarisse avoue sa condition de lesbienne due aux difficiles conditions de vie au Maroc. « Au départ j’ai eu du mal à l’assumer, mais maintenant je le vis normalement ».Pour ce faire, elle partage sa vie avec une autre Camerounaise aussi, et les deux se prostituent auprès des touristes pour survivre. Chaque soir, elles fréquentent les cafés de la Medina à la recherche des clientes. « Nous avons des codes que nous passons quand nous sommes en face d’une potentielle cliente et les passes sont à 100 euros soit 1000 dirhams marocains la nuit » affirme Clarisse. 
Des Africaines sont très sollicitées par des lesbiennes européennes de passage au Maroc et à la recherche de fortes sensations. Des tenanciers Marocains des cafés et hôtels de la Medina jouent parfois le rôle d’intermédiaires en facilitant le contact entre elles. 
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Si des filles deviennent des lesbiennes pour survivre dans l’enfer de Tanger, des hommes eux optent pour l’homosexualité avec la particularité d’avoir des partenaires Marocains et non seulement Européens. Pour la majorité originaire du Cameroun et Côte d’ Ivoire, ces Africains homosexuels de circonstances se font entretenir par des hommes Marocains qui mettent à leur disposition des appartements. 
Mais de l’autre côté d’autres Africains hostiles à ce genre de comportement fustigent leurs frères devenus homosexuels. « Ce sont des paresseux qui ont choisi le chemin le plus court et qui déshonorent l’Afrique » affirme Martin, un guinéen de Conakry. « Ce sont toujours les Ivoiriens et Camerounais qui nous font honte ici à Tanger » ajoute Mohamed le Sénégalais.  (adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
Lisez encore
Dans la même rubrique :