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Quand la pénétration est impossible: “Ne jamais forcer quand ça fait mal!”

Vendredi 16 Avril 2021

Le désir est présent. Et pourtant, la pénétration est impossible. Un véritable tabou entoure le vaginisme, un trouble sexuel bien plus commun qu’on ne l’imagine et qui implique souvent un immense sentiment de culpabilité chez la personne qui en souffre. Laurane Wattecamps, du compte Instagram “Sexplique-moi” et qui propose un accompagnement pour une sexualité épanouie, décortique pour nous ce phénomène mal connu.


Quand la pénétration est impossible: “Ne jamais forcer quand ça fait mal!”
Le vaginisime est un trouble sexuel qui est synonyme de pénétration impossible d’un doigt, d’un tampon, d’un pénis ou d’un jouet. Il va provoquer des contractions au niveau du vagin et peut être associé à de vives douleurs. C’est à différencier des dyspareunies, qui sont des douleurs physiologiques, psychologiques ou les deux, et qui à terme peuvent se transformer en vaginisme si elles rendent une pénétration difficile voire impossible.


Ce trouble peut-il être lié à un traumatisme?

On va diagnostiquer un vaginisme lorsqu’il y a une impossibilité de pénétration. Et ce, soit de manière circonstancielle, soit depuis un événement, soit depuis toujours. Par exemple, si on a vécu des traumatismes autour de la sexualité, si on a eu des parents qui étaient très pudiques sur l’éducation sexuelle ou bien qui ont dit que le sexe était mal, que ça faisait mal aussi. Ce sont des choses qui vont avoir des répercussions sur le mental et provoquer beaucoup de stress. Il va alors se répercuter sur le corps qui va interdire la pénétration pour se protéger. Il va créer des contractions involontaires des muscles péri-vaginaux. J’insiste sur ce point, elles ne sont pas contrôlables, la personne qui en souffre ne peut pas les induire.

Peut-on dire que le vaginisme, c’est la tête qui prive de sexe?

Non, car bien souvent, les personnes qui souffrent de vaginisme aimeraient avoir des rapports sexuels pénétratifs avec leur partenaire. Ce n’est pas du tout uniquement le versant psychologique qui entre en jeu. Les douleurs sont réelles. Le vaginisme est plutôt un chemin de protection dans le cerveau. C’est un mécanisme qui est induit par une volonté de se protéger. Et c’est inconscient.

On peut donc avoir envie de faire l’amour tout en ayant ce blocage?

Effectivement, on peut très bien en avoir envie. Et c’est cela qui peut créer beaucoup de souffrance mentale.

Existe-t-il des solutions? Peut-on guérir du vaginisme? 

Les personnes qui en souffrent ne peuvent pas contrôler les contractions, mais on peut essayer de ramener du confort et reprendre le contrôle de tous les muscles péri-vaginaux pour petit à petit avoir une pénétration, si la personne en a le souhait. On peut tout à fait guérir du vaginisme. 

Un accompagnement est-il nécessaire?

On peut amener des solutions très concrètes. Il y a plusieurs approches qui peuvent aider: la kiné-périnéale, le suivi sexologique pour déconstruire toutes les croyances autour de la sexualité, amener beaucoup d’éducation sexuelle... Comment fonctionne un vagin ou encore le périnée? Où se trouvent les muscles? C’est important pour démystifier une zone qui n’est pas bien connue par la personne. L’un des premiers exercices que je propose en consultation est de se regarder dans un miroir, et vous n’avez pas idée du nombre de femmes qui viennent me voir et qui n’ont jamais pris le temps d’observer ces parties du corps dans un miroir...

Comment réagir lorsque notre partenaire souffre de vaginisme?

Le respect, c’est le plus important. Si la personne manifeste de la douleur, de l’anxiété ou du stress, savoir être à l’écoute avec bienveillance et empathie est un pilier important. Car il faut que la personne ne se sente pas jugée, dévalorisée et anormale à côté de son partenaire. Ne jamais forcer une pénétration quand ça fait mal! Forcer une douleur revient à implémenter un nouveau cercle vicieux. C’est à nouveau envoyer un signal au cerveau qu’il a raison de se protéger. Et c’est comme ça qu’il y a des femmes qui à la simple évocation d’une pénétration ont le réflexe de resserrer les jambes.

Et puis la sexualité, ce n’est pas que la pénétration...
Il faut enlever cette idée que des bons rapports sexuels se résument à une pénétration. Si les personnes qui souffrent de vaginisme ont des douleurs au niveau du vagin, elles ont peut-être beaucoup de plaisir au niveau de leur clitoris externe. La tendresse ne doit pas disparaître. Il y a plein d’autres manières de se faire plaisir. L’orgasme se passe dans le cerveau!

Journaliste de formation, Laurane Wattecamps est depuis toujours passionnée par tout ce qui touche à la sexualité et l’aspect psychologique qui l’entoure. Durant le confinement, elle a décidé de reprendre des études en sexologie à l’UCL afin de se former. En créant le compte “Sexplique-moi”, elle a la volonté d’aider les gens.

“J’ai l’impression que le sexe, depuis des décennies, n’est qu’une histoire de comparaisons, estime la Bruxelloise. C’est un peu le mal du siècle cette comparaison que l’on fait avec les autres, que ce soit avec nos amis ou avec des recherches que l’on va faire en ligne. Je voulais tenter d’apaiser toutes les fausses croyances que l’on a autour de la sexualité et qui nous empêchent finalement d’être heureux et épanouis.”

En questionnant les fondements de nos envies, Laurane souhaite nous reconnecter à notre corps et à son intimité. “Car on est dans cette injonction de devoir faire l’amour, d’avoir des fantasmes... On est beaucoup plus dans le faire que dans l’être.”

À côté de cela, elle propose des consultations à domicile ou en visioconférence durant lesquelles elle coache ceux ou celles qui le souhaitent autour de leur sexualité afin de déconstruire toutes les fausses croyances. Et ce, afin de mieux gérer toutes les sphères de la sexualité pour finalement en retirer de la confiance et de la satisfaction.

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