RDC : La SADC contraint de négocier son départ avec les rebelles du M23

Mardi 1 Avril 2025

La Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et le mouvement politico-militaire AFC/M23, qui contrôle la ville de Goma depuis deux mois, sont parvenus à un accord sur les modalités de retrait des troupes de la force régionale (SAMIDRC), vendredi 28 mars. Cet accord survient deux semaines après que la SADC a mis fin au mandat de sa mission militaire en RDC. Cette dernière n’avait pas réussi à stopper l’avancée de l’AFC/M23 dans l’est de la RDC. Voici ce que l’on sait du retrait annoncé de la SAMIDRC

Selon les termes du document signé, l’AFC/M23 s’engage à faciliter le retrait immédiat des troupes de la SAMIDRC avec leurs armes et équipements, via l’aéroport international de Goma. Ce dernier est toutefois inutilisable en l’état, en raison des dommages causés par les récents combats.

Un départ par l’aéroport, pas par le Rwanda
La question du point de retrait a fait l’objet de discussions prolongées. Les militaires de la SADC, en particulier sud-africains, ont exprimé leur refus de quitter le territoire congolais via la frontière rwandaise, expliquent des sources diplomatiques. « Le traumatisme provoqué par les vidéos montrant des membres européens d’une société militaire privée traversant la frontière Goma-Gisenyi les mains levées, reste vivace », dit une source. La SADC a donc accepté les conditions posées par l’AFC/M23, dont la participation à la réhabilitation de l’aéroport de Goma. Cela implique notamment le nettoyage des lieux, y compris le déminage et l’évacuation des explosifs restés sur place après les affrontements entre les Forces armées de la RDC (soutenues par les milices Wazalendo) et l’AFC/M23, appuyé de son côté par l’armée rwandaise.

L’accord prévoit aussi l’évacuation des équipements militaires de la SAMIDRC — composés essentiellement, selon plusieurs sources, d’armes légères et de blindés légers transportables par avion. Une seconde étape du processus consistera en la réhabilitation de la tour de contrôle et de la piste d’atterrissage. L’accord ne précise pas qui prendra en charge les coûts, mais l’AFC/M23 considère que la SADC devra en assumer l’essentiel.

Soutien logistique de la Monusco

Avant la signature de l’accord, le mouvement rebelle les considérait comme des vaincus, voire des prisonniers de guerre. Dans ce contexte, la force régionale a sollicité le soutien de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) pour assurer sa logistique de base.

Selon un rapport des Nations unies consulté par RFI, la mission onusienne a assuré durant quinze jours l’approvisionnement en rations et en eau potable de 4 500 soldats de la SADC, ainsi qu’un soutien médical à certains blessés. C’est également la Monusco qui a facilité, le 24 février, le rapatriement médical de 192 soldats, transportés par route jusqu’à la piste d’atterrissage de Gisenyi, au Rwanda.

D’un déploiement militaire à une sortie sous contrôle
Le 17 novembre 2023, le président congolais Félix Tshisekedi avait personnellement présidé à Kinshasa la signature de l’accord définissant le statut de la Force de la SADC en RDC. L’objectif était clair : soutenir les FARDC dans la lutte contre le M23 et d’autres groupes armés. Quatre mois plus tard, l’histoire s’écrit à rebours. C’est l’AFC/M23 qui encadre désormais les conditions de retrait de cette force régionale.
Lisez encore
Dans la même rubrique :