REFUSER LE DIALOGUE C’EST CHOISIR L’IMPASSE (Par Abdoulaye DIATTA Maire de Keur Madiabel)

Mardi 13 Février 2024

« Si j’ai appris quelque chose de la vie, c’est que parfois, les moments les plus sombres de la vie peuvent nous mener aux endroits les plus lumineux. » Daniel Koepke

Sentant que l’élection présidentielle du 25 février 2024, portait en elle les germes d’une contestation susceptible de plonger le pays dans une profonde crise, le Président Macky Sall a pris la décision historique de rapporter le décret   n°2023-2283 portant convocation du corps électoral pour l'élection présidentielle du 25 février 2024.

Cette idée, bien que antérieurement portée par une large frange  acteurs politiques a fait l’objet de vives émotions qui ont entraîné des manifestations avec beaucoup de dégâts collatéraux internes et externes. 

Ce beau pays, le Sénégal, situé dans la partie la plus avancée du continent dans l'océan Atlantique qui, lui confère position stratégique pour des opportunités d'investissement et de commerce mérite tous les sacrifices. 

Le développement fulgurant des infrastructures pistes de production, routes , ponts, autoroutes, rails, ports et aéroports avec l’accès universel à l’eau et à l’électricité ainsi qu’aux structures de santé met le Sénégal sur les rampes de l’émergence.

Cette perspective réelle est encore fragile et appelle chaque acteur politique, économique, social, religieux à tirer dans le sens de la préservation de la paix.

Par ailleurs, on peut sans risque de se tromper dire qu’avec la découverte d’importants gisements de gaz, l’espoir est permis pour une production d’électricité à des prix compétitifs qui va ouvrir des perspectives d’industrialisation, de transformation des productions agricoles locales et le plein emploi. 

De plus le gaz  offre des possibilités d’augmentation des rendements agricoles par la fabrication d’engrais de qualité. Le plein est en cours avec ces potentialités si elles bien articulées à l’éducation et formation professionnelle des jeunes et des femmes à travers la création d’universités dans les régions, les ISEP, les CFP. 

  Cependant, depuis la découverte des gisements d’énergies fossiles, notre pays est dans le viseur des grands prédateurs qui n’hésitent pas à semer le désordre pour mettre le chaos afin de faire main basse sur nos richesses à l’instar de ce qui se passe dans beaucoup de pays africains. Et les élections constituent souvent le terreau fertile sur lequel ils agissent pour atteindre leurs sombres objectifs.

Le processus électoral de la présidentielle de 2024 porte en son sein, les germes du contestation post électorale susceptible de déstabiliser le pays et d’ouvrir la voie à la bande de prédateurs internationaux. 

Ainsi la meilleure manière de leur couper la route est de se mettre sur une perspective de dialoguer avec les tous les acteurs politiques et sociaux pour éviter l'impasse. 

Dans ce cadre, toutes les questions telles que le fichier, les critères de sélection des candidats, le système de contrôle du parrainage, la nationalité, la caution, les juridictions de contrôle de l’élection, la transmission du pouvoir, etc.; seront discutées au profit exclusif du bonheur des sénégalais et particulièrement pour les générations futures. 
Pour ce faire seul un dialogue ouvert et constructif peut aider à résoudre les conflits, à trouver des compromis et à forger des solutions durables.

Nous avons tous en mémoire les discussions en Afrique du Sud, au Rwanda, au Mozambique, la Cité d’Ivoire , etc ., qui ont su puiser dans leur potentiel culturel et social pour s’asseoir, dialoguer pour se remettre en route et ensemble. 

Il est ainsi de la responsabilité du Chef de l’Etat , Macky Sall, de créer un espace sûr et neutre où les acteurs politiques et sociaux pour discuter des problèmes en toute confiance pour réaliser une élection libre, transparente et inclusive.
Ce cadre permettra de développer une écoute attentive des préoccupations et des perspectives de chaque partie prenante afin de comprendre pleinement les enjeux et les positions.

Ce processus offre des possibilités pour créer des terrains d'entente. 
Identifier les points communs et les intérêts partagés peut servir de base pour construire des solutions acceptables pour toutes les parties.
L’accent sera mis sur la coopération plutôt que sur la confrontation pour favoriser un climat propice à la résolution de problèmes.

C’ est ainsi que l’exception sénégalaise va apparaître dans toute sa splendeur.

Le Senegal est un pays qui a toujours su régler ses crises par le dialogue qui de par sa nature peut être un processus long et complexe, nécessitant de la patience et de la persévérance pour parvenir à des résultats significatifs.

Il permet de construire des ponts entre les différentes parties prenantes et de trouver des solutions qui peuvent éviter les impasses politiques et sociales.

L'intérêt national devrait primer sur les intérêts partisans ou personnels, car c'est ce qui garantit la stabilité, la prospérité et le bien-être de la société dans son ensemble.

Si nous sommes convaincus que le Sénégal passe avant tout, alors les décisions et les actions des acteurs politiques et sociaux devraient être guidées par la recherche du bien-être de l'ensemble de la population, en prenant en compte les besoins et les aspirations de tous les citoyens.

Cela passe nécessairement par la reconnaissance et la gestion intelligente des contradictions et de contraintes de manière constructive, en cherchant des compromis qui puissent servir l'intérêt national sans compromettre les valeurs fondamentales. 

Ceci avec la transparence et la responsabilité requises afin de renforcer la confiance et la légitimité des actions entreprises pour éviter les casses et autres destructions inutiles des biens et mise en danger des vies de nos jeunes.

D’ailleurs une bonne analyse du contexte international devrait conduire à une prise de conscience des menaces potentielles et des risques qui pèsent sur notre nation et de ce point de vue, pousser les acteurs politiques et sociaux à ne pas faire les mauvais choix. 

Pour rappel, quand Me Abdoulaye Wade refusait de marcher sur les cadavres, il avait fait ce travail intellectuel, psychologique, politique et social. 

Il avait ainsi identifié et évalué de manière réaliste les menaces potentielles, qu'elles soient d'ordre économique, sécuritaire, environnemental, sanitaire ou social.

Cette décision politique visait le renforcement de la résilience de la nation face aux menaces, en mettant en place des mesures préventives et des plans d'urgence appropriés, quitte à entrer dans le gouvernement du président Abdou Diouf. 

Aujourd’hui, plus qu’hier, nous devons encore redoubler de vigilance en tenant compte des menaces qui nous guettent et inciter tous les acteurs politiques et sociaux à faire des choix éclairés, responsables et orientés vers la préservation du bien-être à long terme de la nation.

Au moment où la CEDEA connaît une fracture grave à l’issue du retrait annoncé du Mali, du Burkina et du Niger qui constitue 70 millions d’habitants, 70% de l’espace géographique de cette entité sous régionale avec des conséquences politiques, diplomatiques, économiques et sociales, il est de notre responsabilité de penser aux générations futures ! 
On peut donc envisager au delà des difficultés liées à la circulation des bien et des personnes, un affaiblissement des échanges commerciaux intra-UEMOA qui affichent plus de 1000 milliards de francs CFA à la fin de septembre 2023, dont 56 % étaient captés par le Sénégal et la Côte d’Ivoire. 
Le Sénégal doit rester à tout prix un pays de paix, démocratique, libre et indépendant. Notre trajectoire politique depuis Thierno Sileymane Baal, jusqu’à l’alternance démocratique de 2012, en passant par celle de 2000 fait que nous n’avons de leçon de personne. 
N’est ce pas que l’attaque du Capitole a résulté de résultats d’élection présidentielle contestée ? 

Carl G. Jung a bien raison quand il dit « Les crises, les bouleversements et la maladie ne surgissent pas par hasard. Ils nous servent d'indicateurs pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin de vie. »

Exit le populisme, la violence, la démagogie et la surenchère ! 

Abdoulaye DIATTA
Maire de Keur Madiabel
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