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Sénégal : Au Cœur battant d’un républicanisme noir, le monde entier nous regarde !(Boubacar Sylla)

Vendredi 1 Mars 2019

Bien d’esprits se lamentent de notre époque, proclamant avec ferveur que nous vivons une ère de dégénération morale et de décadence civilisationnelle. Cela semble être une chose commune à toutes les générations. On aime observer le passé avec nostalgie, oubliant les méfaits passés et surestimant les prouesses des Anciens.

C’est une chose qui fait intrinsèquement parti de la nature humaine et donc comment en vouloir aux gens pour se montrer si pessimistes? Toutefois, il est de mon avis que nous vivons des temps certes compliqués, mais qui sont bien plus prometteurs qu’on peut le penser.

Le Sénégal possède un statut particulier au sein de la civilisation africaine. Il est son cœur battant, une source de régénération intellectuelle. Les exemples de grands intellectuels et esprits sénégalais sont trop nombreux pour être tous cités. De Léopold Senghor qui mit la base pour l’idée de la négritude donc d’une civilisation africaine autonome et souveraine. De Cheikh Ahmadou Bamba qui instaura une renaissance morale et religieuse, une flamme rallumant l’Islam africain.

De Cheikh Anta Diop, le plus grand égyptologue de son temps et qui permis de rendre l’Egypte aux Africains. Aussi, si tous ses hauts faits n’étaient pas suffisants, ce pays compte aussi des princes bâtisseurs à l’image d’Abdoulaye Wade qui donna à l’Afrique sa Statue de la Liberté, à savoir le Monument de la Renaissance africaine, œuvre d’art qui est étudiée jusqu’à dans les écoles européennes.


Néanmoins, le Sénégal n’a pas seulement offert une philosophie, un renouveau religieux et des monuments à l’Afrique, mais s’apprête à donner quelque chose d’encore plus important : un modèle républicain. Oui, nous osons affirmer que le Sénégal, loin d’être un lieu de misère, est le berceau d’une nouvelle forme de républicanisme, naissante, animée par les douleurs d’un long accouchement, mais qui permettra d’être un modèle pour le reste du continent. Ceux qui pointent sur les difficultés actuelles de l’élection n’ont pas tort dans leur critique, mais ils semblent oublier que toute jeune république  connait des difficultés pareilles et elles sont bien innocentes par rapport aux difficultés qu’ont connues d’autres républiques dans le passé.

Ce qui est le plus important est d’observer le simple fait que malgré les difficultés, le républicanisme sénégalais fonctionne et peut donc être un chemin pour les autres peuples. Il peut devenir la base pour un républicanisme noir. Comme la République romaine a été le modèle pour l’Europe, la République sénégalaise peut l’être pour l’Afrique.


La grande maladie des Africains est leur manque de confiance dans leur histoire et culture. Les élites africaines se tournent vers Paris et Londres comme les musulmans vers La Mecque. Ils vouent un culte à des systèmes politiques lointains, imitent aveuglement ces pays sans jamais se poser la question si ce qui est imité convient aux particularismes africains. C’est ainsi que l’Afrique de l’Ouest imite la République française, un modèle que les autres Européens fuient comme l’Ebola. N’ont nos dirigeants jamais été intrigués pourquoi les Suisses et Belges font tout le contraire des Français ? Est-ce que ces deux peuples, petits en nombre mais grand par leur esprit, seraient-ils plus bêtes que nos élites ? Ou est-ce que voyant les effets du républicanisme français de très près, n’auraient-ils pas compris que la France n’est un modèle que pour elle-même ? Incapable d’exporter son système qui déguise la monarchie absolue dans des draps républicains souillés par la ploutocratie ? Il est ma conviction qu’imiter la France est similaire à un jeune athlète imitant la démarche d’un vieillard boiteux.


L’Africain doit croire en son intelligence, sa culture et à son droit d’inventer son propre républicanisme. Il est comme tous les autres peuples animé par le feu du Créateur, capable des plus grandes prouesses. Si les Africains ont bâti les Pyramides, ne peuvent-ils pas fonder leurs propres idées politiques ? L’Afrique n’a pour chaines uniquement la timidité de ses habitants de croire dans leurs capacités et leur génie. Elle doit oser inventer ses propres modèles politiques.

La République sénégalaise est un tel modèle. On critique que le pouvoir en place abuse de la justice à l’encontre de ses rivaux. Toutefois, le simple fait qu’un pouvoir doive recourir à la justice pour nuire à ses opposants est la preuve d’une grande maturité républicaine. Il n’est plus imaginable d’assassiner les rivaux dans la rue. On ne peut plus emprisonner un opposant par un simple ordre à la police. Non, il est désormais nécessaire de lancer des procédures, de draper le tout dans une structure légale car il n’est plus possible d’agir en dehors des lois, du moins l’apparence des lois.

Certains diront que c’est toujours inacceptable, mais c’est un progrès énorme. Le fait que le pouvoir doive passer par la loi montre que celle-ci est désormais le seul champ d’action possible. Certes, nous sommes encore loin de la perfection, mais nous parcourons une grande partie du chemin vers celle-ci. Nous pouvons nous lamenter de ne pas encore être au sommet de la montagne, mais nous devons aussi oser nous retourner et observer que nous avons déjà grimpé deux-tiers de celle-ci.

On n’invente pas un républicanisme noir du jour au lendemain. Cela sera une œuvre nécessitant des générations de dur labeur, mais elle mérite tous ces efforts. Un républicanisme noir mature, partant du Sénégal, irriguera le continent africain et permettra la floraison politique de cette grande civilisation s’étendant des rives du Nil jusqu’aux côtes du Cap de la Bonne Esperance. C’est alors que le rêve de Léopold Senghor sera une réalité, les vœux de Thomas Sankara réalisés.

 
Boubacar SYLLA
Doctorant à l’Université de Fribourg
Leuk-Stadt SUISSE
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