Suriname : l’ancien président Desi Bouterse décède en exil

Mercredi 25 Décembre 2024

L'ancien président du Suriname, Desiré Delano Bouterse, condamné pour le meurtre de 15 personnes en 1982 et en fuite, est décédé à l'âge de 79 ans, a annoncé mercredi 25 décembre le gouvernement.


Présentant ses « sincères condoléances » aux proches de Desi Bouterse, le président actuel du Suriname, Chan Santokhi, a appelé les partisans de « Desi » à « rester dignes et à garder le calme, à maintenir la paix et l'ordre, et à prier dans l'esprit de ces jours particuliers ».

Très populaire au Suriname, Désiré Delano Bouterse est arrivé au pouvoir à l'âge de 34 ans à la suite d'un coup d'État en 1980, alors qu'il était sergent-major dans l'armée. Il s'est retiré en 1987 sous la pression internationale, mais est revenu au pouvoir en 1990 après un second coup d'État, cette fois sans effusion de sang.

Desi Bouterse a quitté ses fonctions un an plus tard, avant d'être élu président en 2010 et de rester au pouvoir jusqu'en 2020. En décembre 2023, il a été condamné en appel à 20 ans de prison pour les exécutions d'avocats, de journalistes, d'hommes d'affaires et de militaires emprisonnés en décembre 1982.



Desi Bouterse dénonçait un procès « politique »
Au cours du procès, Desi Bouterse a reconnu avoir entendu des coups de feu le jour de l'exécution des opposants, mais a nié en avoir donné l'ordre. Il a affirmé que son procès était « politique » et que les Pays-Bas, ancienne puissance coloniale, avaient conspiré contre lui. Ce 25 décembre, son corps a été transporté jusqu'à sa résidence dans la capitale, Paramaribo, où sa famille et les partisans de son parti se sont rassemblés aux premières heures de la matinée pour lui rendre un dernier adieu.

Le médecin Rabindernath Khoenkhoen a confirmé « l'heure du décès à 06h50 ce matin » (09h50 TU) dans une déclaration à la presse. « C'est avec une profonde tristesse que le parti a appris le décès inattendu de notre père spirituel », a écrit sur Facebook la présidente du Parti national démocratique (PND), qu'il avait fondé, Jennifer Simons. « Nous lui sommes reconnaissants pour sa vision, son courage, son dévouement inlassable et son amour pour notre pays », a-t-elle ajouté. « Nous poursuivrons sa vision et ses idéaux avec détermination et garderons vivant son rêve d'un Suriname plus fort et plus uni », a poursuivi Jennifer Simons, qui s'est rendue à son domicile pour lui rendre hommage.

Un mandat d'Interpol resté sans suite
Interpol avait lancé un mandat d'arrêt contre Desi Bouterse en 1999, après qu'il eut été condamné à 11 ans de prison en 1999 aux Pays-Bas pour trafic de cocaïne, bien que son statut de dirigeant l'ait protégé de l'extradition à l'époque. Le procès de Desi Bouterse pour le meurtre d'opposants s'est lui ouvert en 2007 et a duré 12 ans, jusqu'à sa condamnation par contumace en 2019, car il ne s'est jamais présenté au tribunal.

Il a réussi à faire réexaminer l'affaire par le tribunal en janvier 2020, mais un an plus tard, la peine a été confirmée. L'arrêt de décembre 2023 était le dernier recours possible. L'accusation a accepté qu'il purge sa peine dans une cellule construite pour lui à l'hôpital militaire du Suriname, afin qu'il ait accès à des soins médicaux, mais il ne s'est jamais présenté. Depuis, il était en fuite. Il y a quatre jours à peine, la police avait procédé à une nouvelle perquisition à son domicile et dans trois autres lieux, sur la base d'informations confidentielles.
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