Thierno Alassane Sall : «Offrir la majorité à ce régime, est un danger pour la démocratie...»

Vendredi 11 Octobre 2024

Pour la tête de liste de la coalition SENEGAAL KESÉ, offrir la majorité à ce régime constituerait un risque et une entrave au bon fonctionnement démocratique. Invité par El Hadj Assane GUEYE dans l'émission *Yoon Wi*, le leader de "La République des Valeurs" a commencé par expliquer le nom SENEGAAL KESÉ, donné à la coalition. Selon lui, il est crucial de bien choisir ses alliés politiques.

« L'APR, malgré ses beaux slogans et l’espoir qu’elle avait suscité auprès des populations, s’est révélée être une déception pour moi. Depuis, nous avons décidé de repenser soigneusement nos alliances politiques. Abdoul Mbaye, par exemple, qui fut mon premier ministre, est un homme intègre, un véritable patriote. Lors de la confection des listes de la coalition, il a choisi de céder sa place à la jeunesse. Une décision très sage d’un homme qui a toujours été fidèle à ses engagements. Avec lui et d’autres personnalités de valeur, nous avons fondé la coalition "SENEGAAL KESÉ", pour rappeler que le pays et ses intérêts sont au-dessus de tout », explique Thierno Alassane Sall (TAS).

Interrogé par El Hadj Assane Gueye sur la difficulté de faire de la politique tout en préservant ses valeurs dans le contexte sénégalais, TAS a répondu affirmativement avant de revenir sur son agression devant l’hémicycle :  « Lorsque j'ai soulevé la question de la double nationalité de Karim Wade, beaucoup d'acteurs politiques, tant de l'opposition que du pouvoir, savaient que mon combat était légitime, mais ils ont saisi l'occasion pour me diaboliser. Certains sont allés jusqu'à affirmer que je travaillais pour un autre candidat, en prétendant qu’un opposant ne devait jamais s'attaquer à un autre opposant. Ceux qui propageaient ces allégations savaient pourtant qu'ils avaient tort. Aujourd'hui, une de celles qui m'ont agressé à l'Assemblée nationale a reconnu ma position à la télévision. Cela montre à quel point les positions politiques peuvent évoluer selon les circonstances. »

Concernant les mutations politiques et les coalitions, TAS estime que les Sénégalais risquent de revivre les mêmes configurations que lors de la précédente législature, en raison des alliances de circonstance. Ces coalitions, selon lui, finissent toujours par se désagréger à cause d’intérêts personnels. 

« C’est le “Sonko Ousmane” d’hier qui s’oppose aujourd’hui à Ousmane Sonko », a-t-il ajouté, en revenant sur les récentes arrestations du leader de *Geum Sa Bopp*, du chroniqueur Kader Dia de SENTV, et de Cheikh Yérim Seck. Il a rappelé à Ousmane Sonko plusieurs de ses déclarations passées, restées à ce jour « sans preuve ». 

« Lors de la présidentielle de 2019, Ousmane Sonko avait contesté les résultats annoncés par le gouvernement. Il disait avoir des PV différents de ceux du Conseil constitutionnel. Ensuite, il a accusé Macky Sall d’avoir truqué ces élections. Dans l’affaire des 94 milliards, il affirmait détenir la preuve d’un compte de 46 milliards, mais jusqu’à présent, aucun document n’a été présenté, même après être devenu Premier ministre. Le rôle de l'opposant est bien sûr de contester. Mais si on doit arrêter quelqu’un pour avoir contesté Ousmane Sonko, ce devrait être “Sonko Ousmane” lui-même, qui se contredit sans cesse. »

Concernant les réformes judiciaires et les récentes décisions de mutation des magistrats, TAS estime que ces réformes étaient un prétexte pour écarter les juges impliqués dans le dossier Adji Sarr. Il appelle à résoudre en priorité les accusations visant les juges du Conseil constitutionnel, à traiter la question du contumace, et à revoir l'indemnisation des victimes des manifestations.

Enfin, Thierno Alassane Sall a souligné l'importance de choisir une Assemblée nationale capable de contrôler les actions du gouvernement avec des députés indépendants, qui mettront les intérêts de la patrie avant ceux de leur parti. « Personnellement, je doute que les parlementaires de PASTEF puissent dire Non à Ousmane Sonko à l’avenir », a-t-il précisé, insistant sur l’importance d’un véritable contrôle parlementaire.

Sur les scandales financiers, il est revenu sur l'affaire ONAS, où il avait été convoqué à la Section de Recherches, et a rappelé l’existence de rapports épinglant des personnalités proches du pouvoir. « Lorsque j'étais directeur de l'ARTP, une personne aujourd'hui proche du régime avait détourné plus de 400 millions, et elle fait toujours partie du pouvoir. D'autres ont également été impliqués, et ils sont toujours avec ce régime, ce qui va à l'encontre du principe de "Juub Jubal Jubenti". »
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