Vladimir Poutine a décidé, cette semaine, d'envahir l'Ukraine. Mais comment expliquer cette obsession ukrainienne chez le maître du Kremlin ?
Pour répondre à cette question, il faut revenir 30 ans en arrière, au moment de la chute de l’Union soviétique, en 1991. Un événement qualifié par Poutine de « pire catastrophe géopolitique du XXe siècle ». Le dépeçage de l’empire soviétique, le retour des pays d’Europe de l’Est vers l’ouest du continent européen, puis leur intégration, souhaitée par eux-mêmes, au sein de l’Otan et les déclarations d’indépendance des différentes ex-républiques qui étaient intégrées à l’URSS, laissent au jeune Poutine un goût amer. Celui de la défaite et celui de l’appétit vorace des Occidentaux à étendre leur influence. C’est particulièrement vrai pour l’Ukraine, le pays frère, berceau historique – même si cela remonte au IXe siècle – de la nation russe.
Avant même d’arriver au pouvoir en 1999, Vladimir Poutine est animé de ces sentiments d’amertume, d’injustice et d’impuissance face à un Occident triomphant. Il juge que l’Ukraine est partie prenante de la Russie et que l’État ukrainien n’a en fait jamais existé, sinon de manière artificielle, et par la seule volonté des Bolcheviques au moment de la création de l’URSS en 1922. Il l’a rappelé lundi soir dans son long discours en forme de plaidoyer pro domo, quitte à tordre les faits historiques.
Pour lui, tout est de la faute de Lénine, qui croyait nécessaire d’accorder une certaine autonomie à ces républiques socialistes, l’objectif étant de gérer au plus près l’immense espace soviétique. Poutine est plus favorable à une vision centralisatrice façon Staline.
À partir de 1991, l’Ukraine va peu à peu, à cause d’élites locales selon lui corrompues par les Américains, glisser vers l’Europe occidentale. C’est comme si la Russie laissait filer une part de son territoire le plus cher, cette Ukraine qui est, dit-il, « dans notre espace culturel, et les Ukrainiens des gens de notre famille ».
Le rapprochement de l'Ukraine et de l'Otan
C’est pourquoi il vit très mal ce qui se passe au sommet de l’Otan en 2008, quand la candidature de l’Ukraine est déclarée recevable sur le principe. Plus exactement un partenariat en vue d’une adhésion. Vladimir Poutine le vit comme une agression et, dès lors, cherche à enrayer cette mécanique infernale pour lui. Une mécanique très ukrainienne pourtant, qui s’affirme lors de la Révolution de Maidan en 2014 : une nation politique qui fait le choix de l’Europe.
Insupportable pour Poutine. D'où, l’annexion de la Crimée ensuite, et le soutien, même s’il n’est pas assumé officiellement, aux séparatistes pro-russes du Donbass. Le président russe se rend alors compte que les Européens et les Américains poussent des cris d’orfraie, établissent des sanctions contre la Russie, mais au final, laissent faire.
Après l’élection très démocratique de l’actuel président Volodymyr Zelensky en 2019, voici que ce dernier soutient fermement, en septembre 2020, une adhésion à l’Otan, comme objectif stratégique de l’Ukraine. Dès lors, l’obsession ukrainienne du tsar Poutine devient une volonté de tout faire pour empêcher une telle évolution. La suite, nous sommes en train de la vivre…
Par Bruno Daroux RFI
Pour répondre à cette question, il faut revenir 30 ans en arrière, au moment de la chute de l’Union soviétique, en 1991. Un événement qualifié par Poutine de « pire catastrophe géopolitique du XXe siècle ». Le dépeçage de l’empire soviétique, le retour des pays d’Europe de l’Est vers l’ouest du continent européen, puis leur intégration, souhaitée par eux-mêmes, au sein de l’Otan et les déclarations d’indépendance des différentes ex-républiques qui étaient intégrées à l’URSS, laissent au jeune Poutine un goût amer. Celui de la défaite et celui de l’appétit vorace des Occidentaux à étendre leur influence. C’est particulièrement vrai pour l’Ukraine, le pays frère, berceau historique – même si cela remonte au IXe siècle – de la nation russe.
Avant même d’arriver au pouvoir en 1999, Vladimir Poutine est animé de ces sentiments d’amertume, d’injustice et d’impuissance face à un Occident triomphant. Il juge que l’Ukraine est partie prenante de la Russie et que l’État ukrainien n’a en fait jamais existé, sinon de manière artificielle, et par la seule volonté des Bolcheviques au moment de la création de l’URSS en 1922. Il l’a rappelé lundi soir dans son long discours en forme de plaidoyer pro domo, quitte à tordre les faits historiques.
Pour lui, tout est de la faute de Lénine, qui croyait nécessaire d’accorder une certaine autonomie à ces républiques socialistes, l’objectif étant de gérer au plus près l’immense espace soviétique. Poutine est plus favorable à une vision centralisatrice façon Staline.
À partir de 1991, l’Ukraine va peu à peu, à cause d’élites locales selon lui corrompues par les Américains, glisser vers l’Europe occidentale. C’est comme si la Russie laissait filer une part de son territoire le plus cher, cette Ukraine qui est, dit-il, « dans notre espace culturel, et les Ukrainiens des gens de notre famille ».
Le rapprochement de l'Ukraine et de l'Otan
C’est pourquoi il vit très mal ce qui se passe au sommet de l’Otan en 2008, quand la candidature de l’Ukraine est déclarée recevable sur le principe. Plus exactement un partenariat en vue d’une adhésion. Vladimir Poutine le vit comme une agression et, dès lors, cherche à enrayer cette mécanique infernale pour lui. Une mécanique très ukrainienne pourtant, qui s’affirme lors de la Révolution de Maidan en 2014 : une nation politique qui fait le choix de l’Europe.
Insupportable pour Poutine. D'où, l’annexion de la Crimée ensuite, et le soutien, même s’il n’est pas assumé officiellement, aux séparatistes pro-russes du Donbass. Le président russe se rend alors compte que les Européens et les Américains poussent des cris d’orfraie, établissent des sanctions contre la Russie, mais au final, laissent faire.
Après l’élection très démocratique de l’actuel président Volodymyr Zelensky en 2019, voici que ce dernier soutient fermement, en septembre 2020, une adhésion à l’Otan, comme objectif stratégique de l’Ukraine. Dès lors, l’obsession ukrainienne du tsar Poutine devient une volonté de tout faire pour empêcher une telle évolution. La suite, nous sommes en train de la vivre…
Par Bruno Daroux RFI