Une femme a exercé le pouvoir dans le fouladou au temps de Moussa Molo mais sont nombreux les Sénégalais et même les Koldois qui ne la connaissent pas. Elle s’appelle Fanta Sadiel, d’autres disent Fanta Thiadiel. Elle a été princesse, chef de la province de Guimara dans le Fouladou pendant 15 ans environ. Le Fouladou ne peut pas avoir eu une figure historique pareille et ne pas la célébrer, l’exalter et l’enseigner aux fils du Sénégal.
Des édifices publics, des stades, des rues, des écoles, des hôpitaux doivent porter son nom ; des évènements nationaux organisés en sa mémoire dans le même sillage de nos héros nationaux, de nos héroïnes qui ont marqué l’histoire de notre pays par de hauts faits exaltant nos valeurs et notre fierté. Fanta Sadiel unique dans son genre dans le Fouladou parce que femme, siégeant à la même table que ses homologues hommes, respectée par les populations de sa province, sans crainte ni peur devant le colon et surtout ayant fait preuve d’un cran et d’une témérité insolite en défiant le tout puissant Moussa Molo à une époque et un contexte où la femme n’était qu’un « bien ».
J’ai découvert le nom de Fanta dans mes recherches sur Kolda au détour d’une lecture de rapports et de documents aux archives nationales. J’ai voulu en savoir plus et j’ai posé des questions et me suis rendu dans le Guimara pour rencontrer sa descendance. D’emblée je le dis : je ne suis pas historien mais je suis chercheur et je m’intéresse aux faits historiques. « Celui qui comprend l’histoire peut aborder l’avenir avec maitrise et perspective. »
Selon un article des historiens Abdarahmane NGAIDE et Mamadou Yéro Baldé, dans le numéro 44-45/B (2014-2015) des Annales de la Faculté des Lettres et des sciences humaines de l’UCAD, Fanta Sadiel est née vers 1860. Elle est la fille de l’oncle de Moussa Molo et frère de Alpha Molo Baldé, Bakary Demba. A la mort de Alpha Molo, en 1881, Bakary Demba s’établit dans le Guimara précisément à Korope pendant que Moussa Molo resta à Ndorna dans la capitale du royaume que son père a fondée.
Pour prendre le contrôle du royaume, Moussa Molo a entrepris d’éliminer tous ceux qui le gênaient, principalement son frère ainé Dicory (assasiné) et son oncle Bakary Demba contraint à se réfugier en colonie anglaise de Gambie et plus tard son cousin Dansa (assassiné), frère de Fanta Sadiel et fils de Bakary Demba. Abderamane Ngaidé et Mamadou Yéro Baldé décrivent bien dans leur article le courage et la témérité avec lesquels Fanta après l’assassinat de son frère Dansa, est venue de Korope jusqu’à Hamdallahi (devenue entretemps capitale du royaume après Ndorna), défier Moussa Molo. C’est le cran et la détermination qu’elle a affichés à cette occasion qui lui ont valu de prendre les rênes du pouvoir de la province de Guimara. Vraisemblablement c’est entre 1890 et 1898 que cela s’est passé (voir le document de Bourel de la Roncière intitulé « Travail d’hivernage historique du Fouladou »). En tout cas, c’est avant 1903, année de départ de Moussa Molo pour la Gambie, que Fanta Sadiel est devenue princesse de Guimara. Elle est restée au pouvoir jusqu’en 1914 avant que les colons (l’administrateur supérieur de la Casamance) ne la révoquent de son titre de chef de province par décision en date du 10 octobre 1914.
Toutefois si le colon l’a révoquée, Fanta n’a, par contre, jamais subi de révolte de la population, ni une contestation de son pouvoir, contrairement à d’autres provinces du Fouladou.
La princesse Fanta a pratiqué la gouvernance participative inclusive et consensuelle au point que dans un de ses rapports de 1916, l’administrateur du cercle de kolda considérait que la province était administrée par ses suivants. On raconte à saré Koutayel où réside sa descendance que Fanta se conformait toujours aux décisions arrêtées lors des réunions des notables et des dignitaires de sa province qu’elle convoquait sur des questions importantes de sa province.
Elle était aussi entreprenante et bâtisseuse. Issa Baldé gendarme à la retraite, vétéran de la guerre d’Indochine et membre de la famille de Fanta m’a dit que la réalisation de la piste Kolda-Fafacourou jusqu’à Badion est une œuvre de la Princesse. Fanta repose à Korope mais je ne sais pas encore à quelle année est survenu son décès ni dans quelles circonstances. Ibrahima THiedo Baldé a publié dans son livre une photo qui serait celle de Fanta.
Il faut juste retenir que l’histoire de Fanta Sadiel mérite d’être mieux documentée mieux creusée. C’est pourquoi j’invite les historiens, les sociologues, les anthropologues à s’intéresser à la vie et à l’œuvre de Fanta Sadiel Baldé princesse de Guimara dans une logique de réhabilitation et de célébration de notre patrimoine culturel et historique. Les contributions sont les bienvenues.
J’invite les leaders femmes de notre contrée à s’approprier cette histoire pour en faire un outil d’une contribution à la construction nationale.
De manière générale, j’invite les filles et les fils de la région de Kolda à entreprendre une grande campagne d’information sur la Princesse Fanta Sadiel et des démarches auprès des autorités pour une inscription de son nom à une place correspondant au symbole qu’elle n’aurait jamais dû cesser de représenter pour la nation.
Le 25 Janvier 2021
Des édifices publics, des stades, des rues, des écoles, des hôpitaux doivent porter son nom ; des évènements nationaux organisés en sa mémoire dans le même sillage de nos héros nationaux, de nos héroïnes qui ont marqué l’histoire de notre pays par de hauts faits exaltant nos valeurs et notre fierté. Fanta Sadiel unique dans son genre dans le Fouladou parce que femme, siégeant à la même table que ses homologues hommes, respectée par les populations de sa province, sans crainte ni peur devant le colon et surtout ayant fait preuve d’un cran et d’une témérité insolite en défiant le tout puissant Moussa Molo à une époque et un contexte où la femme n’était qu’un « bien ».
J’ai découvert le nom de Fanta dans mes recherches sur Kolda au détour d’une lecture de rapports et de documents aux archives nationales. J’ai voulu en savoir plus et j’ai posé des questions et me suis rendu dans le Guimara pour rencontrer sa descendance. D’emblée je le dis : je ne suis pas historien mais je suis chercheur et je m’intéresse aux faits historiques. « Celui qui comprend l’histoire peut aborder l’avenir avec maitrise et perspective. »
Selon un article des historiens Abdarahmane NGAIDE et Mamadou Yéro Baldé, dans le numéro 44-45/B (2014-2015) des Annales de la Faculté des Lettres et des sciences humaines de l’UCAD, Fanta Sadiel est née vers 1860. Elle est la fille de l’oncle de Moussa Molo et frère de Alpha Molo Baldé, Bakary Demba. A la mort de Alpha Molo, en 1881, Bakary Demba s’établit dans le Guimara précisément à Korope pendant que Moussa Molo resta à Ndorna dans la capitale du royaume que son père a fondée.
Pour prendre le contrôle du royaume, Moussa Molo a entrepris d’éliminer tous ceux qui le gênaient, principalement son frère ainé Dicory (assasiné) et son oncle Bakary Demba contraint à se réfugier en colonie anglaise de Gambie et plus tard son cousin Dansa (assassiné), frère de Fanta Sadiel et fils de Bakary Demba. Abderamane Ngaidé et Mamadou Yéro Baldé décrivent bien dans leur article le courage et la témérité avec lesquels Fanta après l’assassinat de son frère Dansa, est venue de Korope jusqu’à Hamdallahi (devenue entretemps capitale du royaume après Ndorna), défier Moussa Molo. C’est le cran et la détermination qu’elle a affichés à cette occasion qui lui ont valu de prendre les rênes du pouvoir de la province de Guimara. Vraisemblablement c’est entre 1890 et 1898 que cela s’est passé (voir le document de Bourel de la Roncière intitulé « Travail d’hivernage historique du Fouladou »). En tout cas, c’est avant 1903, année de départ de Moussa Molo pour la Gambie, que Fanta Sadiel est devenue princesse de Guimara. Elle est restée au pouvoir jusqu’en 1914 avant que les colons (l’administrateur supérieur de la Casamance) ne la révoquent de son titre de chef de province par décision en date du 10 octobre 1914.
Toutefois si le colon l’a révoquée, Fanta n’a, par contre, jamais subi de révolte de la population, ni une contestation de son pouvoir, contrairement à d’autres provinces du Fouladou.
La princesse Fanta a pratiqué la gouvernance participative inclusive et consensuelle au point que dans un de ses rapports de 1916, l’administrateur du cercle de kolda considérait que la province était administrée par ses suivants. On raconte à saré Koutayel où réside sa descendance que Fanta se conformait toujours aux décisions arrêtées lors des réunions des notables et des dignitaires de sa province qu’elle convoquait sur des questions importantes de sa province.
Elle était aussi entreprenante et bâtisseuse. Issa Baldé gendarme à la retraite, vétéran de la guerre d’Indochine et membre de la famille de Fanta m’a dit que la réalisation de la piste Kolda-Fafacourou jusqu’à Badion est une œuvre de la Princesse. Fanta repose à Korope mais je ne sais pas encore à quelle année est survenu son décès ni dans quelles circonstances. Ibrahima THiedo Baldé a publié dans son livre une photo qui serait celle de Fanta.
Il faut juste retenir que l’histoire de Fanta Sadiel mérite d’être mieux documentée mieux creusée. C’est pourquoi j’invite les historiens, les sociologues, les anthropologues à s’intéresser à la vie et à l’œuvre de Fanta Sadiel Baldé princesse de Guimara dans une logique de réhabilitation et de célébration de notre patrimoine culturel et historique. Les contributions sont les bienvenues.
J’invite les leaders femmes de notre contrée à s’approprier cette histoire pour en faire un outil d’une contribution à la construction nationale.
De manière générale, j’invite les filles et les fils de la région de Kolda à entreprendre une grande campagne d’information sur la Princesse Fanta Sadiel et des démarches auprès des autorités pour une inscription de son nom à une place correspondant au symbole qu’elle n’aurait jamais dû cesser de représenter pour la nation.
Le 25 Janvier 2021
Sanoussi DIAKITE, Chercheur