Le 1er octobre, lors de la cérémonie d’investiture de Mamadi Doumbouya, la présence de cette Française aux côtés du putschiste a été remarquée. « Jeune Afrique » a enquêté sur cet officier de gendarmerie devenue première dame.
Le téléphone sonne désespérément dans le vide. Il n’y a plus personne pour répondre à la ligne enregistrée au nom de Mamadi Doumbouya. Le contrat renvoie à une adresse à Chabeuil, plus précisément à un logement de fonction de la gendarmerie de cette petite commune de la Drôme, dans le sud-est de la France. C’est là que Lauriane Doumbouya, née Darboux, officiait pour la dernière fois au sein des forces de l’ordre françaises.
Si personne ne répond, c’est parce que l’officier de gendarmerie française vit désormais à plusieurs milliers de kilomètres. Le 1er octobre, lors de la cérémonie d’investiture de Mamadi Doumbouya au poste de président de la transition, la présence de cette femme blanche n’est pas passée inaperçue. Le port altier, vêtue d’un boubou et d’un bazin, voilà cette Française inconnue du grand public propulsée au rang de première dame de Guinée. Une séquence d’autant plus particulière que c’est par les armes que son mari est parvenu au pouvoir, le 5 septembre dernier, renversant Alpha Condé.
Blagueuse et bonne vivante
De la vie passée de Mamadi Doumbouya, peu d’informations filtrent. Alors quand il s’agit de son épouse, l’exercice est encore plus compliqué. Ni biographie officielle, ni bureau alloué, ni service de communication. De Chabeuil à Conakry, des hommes du Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD) à la famille Darboux, chacun entretient le mystère sur cette femme à la taille (1,80 m environ) presque aussi impressionnante que celle de son mari.
Selon nos informations, Mamadi Doumbouya et Lauriane se sont rencontrés peu après l’arrivée en France de celui-ci, en 2005. Cette année-là, celui qui deviendra le chef du Groupement des forces spéciales (GFS) arrive pour revêtir le béret vert de la légion étrangère, pendant cinq ans, au sein du deuxième régiment étranger d’infanterie de Nîmes (Gard). Lauriane, elle, vient de terminer une formation de trois mois au sein de l’école de gendarmes-adjoints de Tulle. On l’y décrit « sportive » et « sûre d’elle », selon les mots d’une de ses camarades de promotion. Elle est aussi bonne cavalière, ce qui va l’amener à quitter le sud de la France en 2006 pour intégrer la Garde républicaine de Paris.
Mais les choses ne se passent pas comme prévu. Les rôles subalternes dédiés aux gendarmes-adjoints de la Garde ne l’enthousiasment pas. « Elle voulait être gendarme mais, compte tenu de son jeune âge, elle n’avait pas pris compte des sacrifices à faire », ajoute l’une de ses camarades. Un autre tempère : « Nous étions jeunes et nous sortions du baccalauréat. À cet âge-là, nous étions nombreux à être là sans trop savoir quoi faire plus tard », explique celui qui la décrit comme « blagueuse », « joviale » et « bonne vivante ».
Carrière éclair
Lauriane Darboux quitte Paris sans avoir perdu son accent pour retrouver le Sud de la France. Elle semble très attachée à la vallée du Rhône où des membres de sa famille vivent encore. Après être retournée faire ses classes de sous-officier en 2006 à Libourne (Gironde), elle retourne à sa terre d’origine, Chabeuil. C’est dans cette ville que démarre véritablement sa carrière de gendarme. Selon nos informations, au mois de septembre 2008, Lauriane porte déjà l’uniforme.
A-t-elle rencontré Mamadi Doumbouya lors de l’une de ses permissions ? Jusqu’en 2010, celui-ci ne pourra en tout cas lui rendre visite que ponctuellement, car un légionnaire n’a droit qu’à 45 jours de permission par an (sur accord du commandement), en plus des week-ends. C’est peu de temps après sa sortie de la légion, en 2011, qu’il se marie avec Lauriane. Ils ont aujourd’hui trois enfants.
Pour Lauriane, le dilettantisme des débuts laisse place à la détermination. En 2011 et en 2014, elle reçoit une prime de résultats exceptionnels. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, elle devient officier de police judiciaire de la gendarmerie en 2016 et maréchal des logis-chef en 2017. Une ascension rapide, comme son mari.
Après quelques années durant lesquelles on perd sa trace, Mamadi Doumbouya est envoyé en 2013 à l’École d’application d’infanterie de Thiès, au Sénégal. Puis en 2014, il effectue un stage à l’Institut des hautes études de défense nationale en France (IHEDN). Quatre ans plus tard, il reçoit le brevet d’études militaires supérieures de l’École de guerre de Paris. Il est alors promu commandant des forces spéciales, l’unité d’élite chargée du contre-terrorisme.
Mamadi Doumbouya s’installe définitivement à Conakry. Le flou entoure les éventuelles allées et venues de Lauriane entre la France et la Guinée. Selon une source proche du pouvoir, elle a développé d’étroites relations avec les membres de sa belle-famille à Kankan, ville natale de Mamadi Doumbouya. En 2018, elle y a été vue aux fêtes de Tabaski. D’après nos informations, juste après l’investiture de son mari, le 1er octobre dernier, Lauriane Doumbouya logeait au palais du Peuple, à quelques pas de là où Alpha Condé est détenu. Mais depuis, elle n’est plus apparue publiquement, ni à Conakry ni à Chabeuil.
Le téléphone sonne désespérément dans le vide. Il n’y a plus personne pour répondre à la ligne enregistrée au nom de Mamadi Doumbouya. Le contrat renvoie à une adresse à Chabeuil, plus précisément à un logement de fonction de la gendarmerie de cette petite commune de la Drôme, dans le sud-est de la France. C’est là que Lauriane Doumbouya, née Darboux, officiait pour la dernière fois au sein des forces de l’ordre françaises.
Si personne ne répond, c’est parce que l’officier de gendarmerie française vit désormais à plusieurs milliers de kilomètres. Le 1er octobre, lors de la cérémonie d’investiture de Mamadi Doumbouya au poste de président de la transition, la présence de cette femme blanche n’est pas passée inaperçue. Le port altier, vêtue d’un boubou et d’un bazin, voilà cette Française inconnue du grand public propulsée au rang de première dame de Guinée. Une séquence d’autant plus particulière que c’est par les armes que son mari est parvenu au pouvoir, le 5 septembre dernier, renversant Alpha Condé.
Blagueuse et bonne vivante
De la vie passée de Mamadi Doumbouya, peu d’informations filtrent. Alors quand il s’agit de son épouse, l’exercice est encore plus compliqué. Ni biographie officielle, ni bureau alloué, ni service de communication. De Chabeuil à Conakry, des hommes du Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD) à la famille Darboux, chacun entretient le mystère sur cette femme à la taille (1,80 m environ) presque aussi impressionnante que celle de son mari.
Selon nos informations, Mamadi Doumbouya et Lauriane se sont rencontrés peu après l’arrivée en France de celui-ci, en 2005. Cette année-là, celui qui deviendra le chef du Groupement des forces spéciales (GFS) arrive pour revêtir le béret vert de la légion étrangère, pendant cinq ans, au sein du deuxième régiment étranger d’infanterie de Nîmes (Gard). Lauriane, elle, vient de terminer une formation de trois mois au sein de l’école de gendarmes-adjoints de Tulle. On l’y décrit « sportive » et « sûre d’elle », selon les mots d’une de ses camarades de promotion. Elle est aussi bonne cavalière, ce qui va l’amener à quitter le sud de la France en 2006 pour intégrer la Garde républicaine de Paris.
Mais les choses ne se passent pas comme prévu. Les rôles subalternes dédiés aux gendarmes-adjoints de la Garde ne l’enthousiasment pas. « Elle voulait être gendarme mais, compte tenu de son jeune âge, elle n’avait pas pris compte des sacrifices à faire », ajoute l’une de ses camarades. Un autre tempère : « Nous étions jeunes et nous sortions du baccalauréat. À cet âge-là, nous étions nombreux à être là sans trop savoir quoi faire plus tard », explique celui qui la décrit comme « blagueuse », « joviale » et « bonne vivante ».
Carrière éclair
Lauriane Darboux quitte Paris sans avoir perdu son accent pour retrouver le Sud de la France. Elle semble très attachée à la vallée du Rhône où des membres de sa famille vivent encore. Après être retournée faire ses classes de sous-officier en 2006 à Libourne (Gironde), elle retourne à sa terre d’origine, Chabeuil. C’est dans cette ville que démarre véritablement sa carrière de gendarme. Selon nos informations, au mois de septembre 2008, Lauriane porte déjà l’uniforme.
A-t-elle rencontré Mamadi Doumbouya lors de l’une de ses permissions ? Jusqu’en 2010, celui-ci ne pourra en tout cas lui rendre visite que ponctuellement, car un légionnaire n’a droit qu’à 45 jours de permission par an (sur accord du commandement), en plus des week-ends. C’est peu de temps après sa sortie de la légion, en 2011, qu’il se marie avec Lauriane. Ils ont aujourd’hui trois enfants.
Pour Lauriane, le dilettantisme des débuts laisse place à la détermination. En 2011 et en 2014, elle reçoit une prime de résultats exceptionnels. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, elle devient officier de police judiciaire de la gendarmerie en 2016 et maréchal des logis-chef en 2017. Une ascension rapide, comme son mari.
Après quelques années durant lesquelles on perd sa trace, Mamadi Doumbouya est envoyé en 2013 à l’École d’application d’infanterie de Thiès, au Sénégal. Puis en 2014, il effectue un stage à l’Institut des hautes études de défense nationale en France (IHEDN). Quatre ans plus tard, il reçoit le brevet d’études militaires supérieures de l’École de guerre de Paris. Il est alors promu commandant des forces spéciales, l’unité d’élite chargée du contre-terrorisme.
Mamadi Doumbouya s’installe définitivement à Conakry. Le flou entoure les éventuelles allées et venues de Lauriane entre la France et la Guinée. Selon une source proche du pouvoir, elle a développé d’étroites relations avec les membres de sa belle-famille à Kankan, ville natale de Mamadi Doumbouya. En 2018, elle y a été vue aux fêtes de Tabaski. D’après nos informations, juste après l’investiture de son mari, le 1er octobre dernier, Lauriane Doumbouya logeait au palais du Peuple, à quelques pas de là où Alpha Condé est détenu. Mais depuis, elle n’est plus apparue publiquement, ni à Conakry ni à Chabeuil.