On parle souvent de rapprochement entre le Pds et l’Apr. Qu’est-ce cela vous inspire ? Avez-vous un mot à dire par rapport à cela ?
« Je ne peux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas. Je n’ai pas les mêmes certitudes que vous. Je me refuse donc de commenter un quelconque rapprochement entre le Pds et l’Apr. Cela ne me regarde pas. S’il y a tentative de retrouvailles de la famille libérale, je n’en sais absolument rien. En tout cas, je le précise ici, je n’ai pas été associé ni de près ni de loin à une quelconque retrouvaille d’une quelconque famille libérale soit-elle. Donc, je me refuse de commenter ou de dire des choses dont je n’ai pas la certitude. »
Ne pensez-vous pas que le dialogue national initié par le président Sall est une voie contournée pour des retrouvailles de la famille libérale ?
« J’ai salué, à sa juste valeur, cet appel au dialogue national. Je pense que c’est quelque chose qui aurait dû inaugurer le mandat du Président Macky Sall. Dans un pays, il faut absolument et nécessairement que le pouvoir et l’opposition se concertent sur des questions d’intérêt national. On dit en Français que mieux vaut tard que jamais. N’est-ce pas qu’il n’a pas terminé son magistère qu’il a convoqué ce dialogue-là entre les forces vives de la Nation et il a eu la patience d’écouter chacun lui dire les choses telles que chacun l’a pensé. Je pense que c’est une excellente chose. C’est la raison pour laquelle je préfère positiver et saluer cette initiative du Président Macky Sall. J’ai apprécié cet appel au dialogue qui s’est concrétisé par une rencontre toute une après-midi entre le Président et les forces vives du pays pour poser les questions qu’il fallait poser. J’étais physiquement présent parce que le même jour nous organisions l’anniversaire de notre parti mais nous étions quand même représenté. »
Que pensez-vous de la libération de votre client Karim Wade ?
« En droit, personne ne peut justifier l’arrestation de Karim Wade encore moins sa condamnation. C’est une excellente chose. J’étais l’avocat de Karim Wade et je pense qu’ils ont tardé à le libérer. Sur la base du dossier qui nous a été soumis, on ne pouvait pas condamner Karim Wade. Il a été quand même condamné et il est resté 3 ans en prison. Donc, je fais partie de ceux qui pensent que sur la base du dossier qui a été soumis aux avocats et aux magistrats, on ne pouvait pas condamner Karim Wade. Ils ont inventé un autre type de droit parce que le droit que nous avons appris à la faculté nous renseigne que les actes notariés font foi de leur contenu jusqu’à inscription de faux. Cependant, il ne résulte pas des actes notariés que Monsieur Karim Wade soit associé ou actionnaire d’une société quelconque. On a tout fait pour essayer de démontrer que Bibo Bourgi, Pape Mamadou Pouye et les autres étaient des prête-noms. Mais, je pense qu’ils n’ont jamais pu, de façon non discutable, rapporter la preuve que Monsieur Karim Wade avait un intérêt quelconque. Ils ont inventé finalement la notion de bénéficiaire économique qui n’existe pas en droit. La manière dont il a été libéré ne me pose de problème et je n’ai pas de commentaire à faire. Je ne peux pas me mettre à qualifier, à caricaturer ou à caractériser. J’ai salué la libération de Karim Wade parce que je pense qu’il n’aurait jamais dû être arrêté. En droit, personne ne peut justifier son arrestation encore moins sa condamnation. »
Karim Wade a été gracié mais l’État veut recouvrir ses biens. Alors allez-vous continuer le combat ?
« Les biens qui lui appartiennent, me dites-vous bien ? Vous savez, on est propriétaire d’un bien quand il s’agit d’un bien matériel ; quand c’est votre nom qui figure sur les papiers de ce bien-là. Je parle du véhicule, quand c’est un bien immobilier il faut bien que l’immeuble soit immatriculé en votre nom. Je me demande comment l’État va faire pour récupérer une société. On ne peut pas récupérer une société sauf maintenant tordre le cou au droit. Une société, c’est une personne morale. Dans le cas d’Ahs qui est une société anonyme avec des actionnaires identifiés. Pour récupérer ces sociétés sauf à tordre le cou au droit, il y a quand même une démarche très difficile qu’il faudra entreprendre. Concernant les immeubles de Paris, je suis assez loin de cette procédure-là. Il y a d’autres avocats pour s’en occuper et ils ont plaidé, la fois dernière, avant que l’affaire ne soit mise en délibéré pour la décision devant être rendue au mois de septembre. Il faut attendre les décisions qui seront rendues. De toute façon, en France, on ne peut pas aussi facilement tordre le bras au droit. Par ailleurs, j’ai été avocat de Karim Wade mais quand on a arrêté de nous présenter à la Crei, depuis ce moment-là, je n’ai pas suivi l’affaire. Mon engagement se limitait aux plaidoiries que nous faisions à la Crei. »
Quelles sont vos relations avec Karim Wade ?
« On a les meilleures relations au monde. C’est mon frère et on a gardé les meilleures relations. Il est vrai que je ne suis pas allé le voir, depuis quelques semaines. Mais, j’allais souvent le voir, on discutait et on rigolait ensemble. Pour les raisons qui m’ont fait quitté le Pds, c’est parce qu’il y a une époque où j’ai senti la dévolution monarchique du pouvoir se faire point par point. Il fallait, en ce moment-là, taper sur la table et dire les vérités qui étaient les miennes. Alors, cette époque est révolue et je suis dans un autre parti politique. Monsieur Karim Wade a été fait candidat du Pds, il n’est pas mon candidat, il est le candidat du Pds. Moi, je suis dans un parti politique et maintenant dans une coalition. Je pense que je n’ai pas de commentaire particulier à faire par rapport à ce que j’ai dit il y a 2, 3 ou 4 ans.
Cheikh Moussa SARR Rewmi Quotidien