L’architecte, Pierre Goudiaby Atepa, rêve de transformer l’île de Karabane, au Sud du pays, en une zone franche, sorte de « paradis fiscal ». Les habitants de ce village dénoncent le manque de considération de l’architecte qui n’a pas consulté la population locale avant de dévoiler son projet.
Après avoir mis en suspend son projet 2005 de construire un hôtel avec une capacité de 300 lits et des banques à Caravane, le milliardaire casamançais, Pierre Atépa Goudiaby, revient sous le magistère de Macky Sall en modifiant son projet et lance un autre en voulant faire de l’ile un paradis fiscal. Les populations locales, frustrées, n’ont pas apprécié les démarches de l’enfant de Baila. En croire Alioune Sarr, président de l’Association pour la rénovation et le développement de l’Ile de Carabane, « M. Goudiaby a annoncé deux projets majeurs pour l’ile, mais jusqu’ici, il n’a consulté personne. Et la moindre des choses, dans ces genres de projets, il faut collaborer avec les populations parce que les terres nous appartiennent. Et nous pensons que c’est un manque de considération. » À la question de savoir, malgré l’insistance de l’architecte de réaliser son projet, est-ce que les populations vont collaborer ? Alioune Sarr rétorque : « On ne pas collaborer avec une personne qu’on ne connait pas et qui ne vous considère pas aussi. Mais Pierre n’a jamais mis ses pieds chez nous ; difficile de savoir si ce qu’il fait est sérieux. Nous avons une fois déposé une lettre de soutien au nom du village dans son bureau, mais il n’a pas répondu. »
Cependant, M. Sarr précisera face à la presse : « Nous ne sommes pas contre les projets, mais la moindre des choses, il faut parler aux populations car l’Ile n’est pas une brousse inhabitée, comme l’ont fait les colons à leur arrivée en discutant avec la population locale avant d’acheter l’ile. »
L’érosion côtière menace le village
L’ile de Carabane a une superficie de 57 km2, cependant, elle manque presque de tout. Les porteurs de projets ne savent pas que le village ne dispose pas d’électricité, ni d’eau potable malgré sa médiatisation, elle est aussi menacée sérieusement par l’érosion côtière. Alioune Sarr, président de l’Association pour la rénovation et le développement de l’Ile de Carabane, a profité de son face-à-face avec la presse, pour lancer un appel pressant envers les autorités de ce pays et à Atepa Goudiaby, de se préoccuper plutôt à la sécurité des populations avant tout. « Tout le village est installé en poteaux, lampadaires, câblages, tout est fini. Mais le village est dans l’obscurité. Le village manque d’eau douce, tout est saumâtre. L’érosion côtière attaque gravement le village et si rien n’est fait, Carabane va disparaitre de la carte du Sénégal », avertit-il.
Ibrahima Khalil DIEME