Les résultats provisoires des législatives 2024 annoncent un bouleversement historique sur la scène politique sénégalaise. Avec 130 sièges sur 165, le Pastef, au pouvoir depuis mars dernier, s'impose comme l'unique force maîtresse au Parlement, signant ainsi la défaite cinglante de Benno Bokk Yakaar (BBY) et de son leader, Macky Sall. Une majorité écrasante qui permet à Pastef de mettre en œuvre son programme de rupture et de justice sociale, sans les compromis exigés par une coalition.
Cette victoire prolonge celle obtenue lors de la présidentielle de mars, où Ousmane Sonko et sa coalition "Diomaye Président" avaient triomphé au premier tour avec 54 % des voix. Une performance qui avait déjà secoué la scène politique, reléguant BBY et ses alliés à une position marginale.
Aminata Touré, l’architecte d’un bouleversement
Parmi les acteurs majeurs de ce basculement, Aminata Touré, ancienne figure de BBY, a joué un rôle déterminant. Surnommée « la dame de fer », elle avait déjà marqué les esprits en rejoignant Pastef après son éviction de la présidence du Conseil économique, social et environnemental (CESE). En tête de liste de BBY lors des législatives de 2022, elle avait prédit la chute de Benno, déclarant avec mordant : « Celui qui ne vient pas battre campagne ne viendra pas voter le jour de l'élection. » Son ralliement à Pastef et son soutien indéfectible à Bassirou Diomaye Faye ont confirmé son flair politique. Sous sa houlette, Pastef a su mobiliser et convaincre, tournant la page d’une coalition BBY vieillissante.
La fin de Macky Sall et de Benno Bokk Yakaar ?
Macky Sall, leader de la coalition Takku Wallu Sénégal, a reconnu sa défaite avec élégance. Dans un message publié sur X, il a félicité Pastef pour sa victoire, saluant « l’expression souveraine du peuple » et appelant à une collaboration constructive pour garantir la stabilité du Sénégal. Toutefois, cette déconvenue électorale, après la présidentielle, semble sceller la fin d'une ère pour l’ancien président et son parti.
L'Assemblée nationale, désormais dominée par Pastef, pourrait ouvrir une "traque" des anciens responsables de l’Alliance pour la République (APR), annonçant un possible éclatement du camp aspériste. Un scénario redouté par les fidèles de Macky Sall, mais anticipé par Aminata Touré, qui avait dès la campagne pointé l’inefficacité d’un leadership devenu inaudible.
Un tournant historique
Cette majorité, inédite depuis les 103 sièges du Parti socialiste en 1988 sous Abdou Diouf, redéfinit les règles du jeu politique. Contrairement aux coalitions disparates du passé, Pastef a démontré qu’un parti unique pouvait s’imposer dans un contexte marqué par l’effritement des grands ensembles politiques. Le Premier ministre Ousmane Sonko, dans un ton triomphal, a qualifié cette victoire de « plébiscite renouvelé », annonçant une nouvelle ère pour le Sénégal. Les défis restent néanmoins immenses : unir une nation politiquement polarisée, garantir la justice sociale promise et préserver la stabilité institutionnelle.
Avec cette défaite législative, Macky Sall et BBY pourraient bien avoir vécu leur "deuxième mort". Un moment charnière pour une classe politique en mutation et un signal fort pour ceux qui aspirent à une nouvelle gouvernance au Sénégal.
Par Amadou DIAO
Responsable politique à Lyon
Cette victoire prolonge celle obtenue lors de la présidentielle de mars, où Ousmane Sonko et sa coalition "Diomaye Président" avaient triomphé au premier tour avec 54 % des voix. Une performance qui avait déjà secoué la scène politique, reléguant BBY et ses alliés à une position marginale.
Aminata Touré, l’architecte d’un bouleversement
Parmi les acteurs majeurs de ce basculement, Aminata Touré, ancienne figure de BBY, a joué un rôle déterminant. Surnommée « la dame de fer », elle avait déjà marqué les esprits en rejoignant Pastef après son éviction de la présidence du Conseil économique, social et environnemental (CESE). En tête de liste de BBY lors des législatives de 2022, elle avait prédit la chute de Benno, déclarant avec mordant : « Celui qui ne vient pas battre campagne ne viendra pas voter le jour de l'élection. » Son ralliement à Pastef et son soutien indéfectible à Bassirou Diomaye Faye ont confirmé son flair politique. Sous sa houlette, Pastef a su mobiliser et convaincre, tournant la page d’une coalition BBY vieillissante.
La fin de Macky Sall et de Benno Bokk Yakaar ?
Macky Sall, leader de la coalition Takku Wallu Sénégal, a reconnu sa défaite avec élégance. Dans un message publié sur X, il a félicité Pastef pour sa victoire, saluant « l’expression souveraine du peuple » et appelant à une collaboration constructive pour garantir la stabilité du Sénégal. Toutefois, cette déconvenue électorale, après la présidentielle, semble sceller la fin d'une ère pour l’ancien président et son parti.
L'Assemblée nationale, désormais dominée par Pastef, pourrait ouvrir une "traque" des anciens responsables de l’Alliance pour la République (APR), annonçant un possible éclatement du camp aspériste. Un scénario redouté par les fidèles de Macky Sall, mais anticipé par Aminata Touré, qui avait dès la campagne pointé l’inefficacité d’un leadership devenu inaudible.
Un tournant historique
Cette majorité, inédite depuis les 103 sièges du Parti socialiste en 1988 sous Abdou Diouf, redéfinit les règles du jeu politique. Contrairement aux coalitions disparates du passé, Pastef a démontré qu’un parti unique pouvait s’imposer dans un contexte marqué par l’effritement des grands ensembles politiques. Le Premier ministre Ousmane Sonko, dans un ton triomphal, a qualifié cette victoire de « plébiscite renouvelé », annonçant une nouvelle ère pour le Sénégal. Les défis restent néanmoins immenses : unir une nation politiquement polarisée, garantir la justice sociale promise et préserver la stabilité institutionnelle.
Avec cette défaite législative, Macky Sall et BBY pourraient bien avoir vécu leur "deuxième mort". Un moment charnière pour une classe politique en mutation et un signal fort pour ceux qui aspirent à une nouvelle gouvernance au Sénégal.
Par Amadou DIAO
Responsable politique à Lyon