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Diouf Sarr tire sur Me Wade: «Nous avons trouvé des hôpitaux inachevés durant 5 ans que nous avons terminés en 35 mois»

Samedi 26 Décembre 2020

Toujours droit dans ses bottes face au coronavirus, le ministre de la Santé et de l’action sociale continue fermement de mener sa lutte contre le fameux ennemi. Accompagné de ses proches collaborateurs, Abdoulaye Diouf Sarr a monté avec «honneur», et pour la première fois, «Les Marches du Quotidien» pour «inaugurer» le nouveau siège du journal à Diamniadio, afficher sa sérénité face au succès de la riposte du Sénégal contre le Covid-19, évoquer le futur vaccin à mettre à la disposition de ses compatriotes, le début de la deuxième vague du Covid-19, le système sanitaire… Tout un programme décliné, dans cette première partie de l’entretien, sans langue de bois pour ne pas dire tout court…sans masque.



Est-ce que l’autorité pouvait imposer une hospitalisation d’une personne atteinte du coronavirus et qui refuserait de se faire prendre en charge au niveau des structures hospitalières ?
Mais oui ! Je crois que si on a des cas qui sont à domicile et qui posent un réel problème, le Samu national est là et on prend toutes les dispositions. Il y a des cas que nous pouvons effectivement noter dans les mémoires de la riposte où les gens ont refusé de venir dans les Cte. Le district, la région médicale et le Samu national se sont interposés pour faire en sorte que ce cas soit transféré. Mais à chaque fois qu’un cas est grave, on peut le faire. Mais ce n’est pas que ces cas que nous voyons souvent.


Les cas que nous voyons souvent ce sont des cas graves que la famille cache jusqu’à la dernière minute pour nous dire qu’on a un problème : le cas est très grave etc. A partir de ce moment, le Samu se déclenche et on se rend compte très souvent que l’absence d’identification ou de détection précoce nous cause un problème. On envoie à la Réa, et souvent c’est un décès. C’est souvent des cas comme ça que nous avons.

Le Professeur Raoult dit que le Sénégal, à l’heure ac­tuel­le, n’a pas besoin de s’affoler. Est-ce votre sentiment ?
Oui, c’est mon sentiment. Je ne m’affole jamais (rires). Je crois à la philosophie de l’endurance. Le bon Dieu le dit dans Alam nasra. Quand on est au creux de la vague, on se remet toujours. Kipling le disait à son fils : «Tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie, et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir, ou perdre en un seul coup le gain de cent parties sans esquisser le moindre geste et sans soupir.» Nous sommes bien sûr formatés dans cette philosophie de l’endurance.

Il fut un temps vous disiez le «32 mars»…
(Rires) Même quand je disais le 32 mars, je savais que le lendemain ce serait le 1er avril. Donc, non ! Nous sommes sereins. Nous n’avons pas effectivement attendu que Raoult nous dise qu’il n’y a pas de raison de paniquer pour qu’on le sache. Nous avons un système, nous le gérons depuis le début de manière assez structurée. Et tous les éléments effectivement nouveaux méritent un traitement nouveau.
Nous sommes sereins, mais nous ne sommes pas là à dormir sous nos lauriers. Nous savons que la situation est à surveiller comme du lait sur le feu.

Quel est le seuil de saturation de votre capacité d’accueil hospitalière ?
Le seuil de saturation de notre capacité d’accueil hospitalière en termes de lits aujourd’hui, nous pouvons dire que jusqu’à un nombre avoisinant 800 lits tout de suite, nous pouvons prendre. Mais cela veut dire qu’il faut adapter l’offre au niveau des différentes structures de santé. On peut dire que si une situation nouvelle se présente, on va être obligé de transférer le service de gériatrie par exemple ou de dialyse pour le prendre en charge dans d’autres conditions ailleurs et prendre en charge l’excès de malades Covid-19 qui vient de nous parvenir. C’est ça que j’ai appelé tout à l’heure la formidable flexibilité de notre système. Un système ne doit pas être rigide. Et même dans l’industrie, il n’y a plus de rigidité maintenant.
Dans la première vague, on a eu des centres de dialyse à l’intérieur du pays qu’on a été obligé de transférer la prise en charge à d’autre pour pouvoir effectivement les traiter. On a pris le pôle Mère/enfant de Diamniadio qui devait ouvrir pour prendre en charge les soins pédiatriques. Tout de suite on l’a redéployé en Cte.

Est-il avéré que les Cte ont été fermés quand la pandémie avait connu un certain recul ?
Oui, on a été obligé bien sûr de mettre en veilleuse les centres de traitement. Quand on voit un centre de traitement qui n’a plus de cas, on était obligé de le mettre en veilleuse en disant qu’on reste sur l’hôpital Fann, l’hôpital Dalal Jamm et on met en place un dispositif d’alerte et de veille pour que, dès que les choses reprennent, on essaie de mettre tout le circuit en branle. Aujourd’hui, tout ce qui a été mis en veilleuse est en train d’être relancé pour prendre en charge les malades.

Est-ce que la base de traitement reste l’hydroxychloroquine ?
A ce que je sache, il n’y a pas d’autres remèdes au plan médical. Nous attendons le vaccin avec impatience, mais jusque-là l’hydroxychloroquine et l’azithromycine sont utilisés pour traiter nos malades. On attend maintenant avec beaucoup d’espérance un remède plus sérieux.

C’est pour quand le vaccin au Sénégal ?
Déjà pour le vaccin, j’aimerais qu’on comprenne aujour­d’hui ce que nous sommes en train de faire par rapport à ça. Le Sénégal est membre d’une initiative appelée Covax, qui est une alliance de 170 pays, pour se dire qu’on se met ensemble pour que le vaccin ne soit pas un qui va ailleurs. C’est une alliance, il y a dedans d’ailleurs l’Oms, l’Unicef, le Fonds mondial… Et dans ces 170 pays, il y a 56 pays à revenus intermédiaires dont le Sénégal. Donc nous sommes en train de mettre tout en œuvre pour que, dès que le vaccin est disponible, on puisse en disposer pour nos pays. Cette alliance a donc une stratégie que nous partageons.


Il n’y a pas une stratégie du Sénégal, pris individuellement, par rapport au vaccin, il est bon de clarifier cela. Quel vaccin ? On a parlé de Pfizer, de Moderna. Le candidat vaccin homologué, retenu pour être utilisé par les pays de l’initiative Covax, nous ne le savons pas effectivement parce qu’il nous faut une homologation de l’Oms dans le cadre de cette approche d’alliance pour dire : Allons-y sur tel vaccin homologué. Les vaccins Pfizer et Moderna ont des conditions de conservation qui ne sont pas très compatibles à notre écosystème de vaccination. Cela aussi, c’est un autre élément d’information important.

Autrement dit en 2021 ?
Nous espérons que d’ici le deuxième trimestre de 2021 au plus tard, ou fin premier trimestre, l’Oms va homologuer un candidat vaccin et dire, dans le cadre de l’initiative Covax, ce candidat vaccin est bon pour pouvoir être utilisé dans nos pays.
En attendant que tout cela se passe, en interne dans notre boîte noire, dans notre back-office, nous sommes en train de nous préparer techniquement pour voir qu’est-ce qu’il faut faire au cas où. Nous n’attendons pas que le vaccin soit disponible dans le cadre de l’initiative, validé et tout pour dire que c’est comme cela qu’on va y aller. C’est toute une réflexion sur la série, sur comment, sur le où, sur le quand, etc.

Est-ce que vous envisagez le schéma de permettre par exemple à des structures privées d’importer le vaccin quel qu’il soit et de l’administrer avant que le Sénégal ne dispose d’un vaccin à grande échelle ?
Dans ce cadre, l’Etat va véritablement jouer la carte de la responsabilité, parce qu’un Etat c’est aussi de la responsabilité face aux populations et toutes les mesures pour sécuriser ce processus de vaccination seront prises. Nous ne laisserons pas du tout des initiatives individuelles, isolées, face à ce vaccin parce qu’il s’agira de la responsabilité de l’Etat. Dans des circonstances pareilles, l’Etat engage toute sa responsabilité. C’est pourquoi tout ce qu’il faut en la matière pour encadrer le processus sera effectivement fait. C’est pourquoi il ne faut pas aller vite en besogne. Laissons les choses entrer en maturation et à ce moment-là, nous allons décider ! Mais nous ne laisserons pas la situation nous échapper.


On ne peut pas dire que vous prenez votre temps, mais le virus n’attend pas…
Oui, le virus n’attend pas, mais nous ne sommes pas seuls dans le processus. Il y a des étapes dont le processus scientifique, celui de validation et d’homologation, nous sommes obligés d’attendre cette étape pour pouvoir avancer. D’ici-là, nous nous battons au niveau des mesures barrières pour le stopper. Nous exigeons notre stratégie de riposte.
Mais par rapport à la vaccination, il y a des règles, des diligences à exécuter bien avant, parce qu’il s’agit d’une chose extrêmement sérieuse qu’il faut appréhender avec beaucoup de prudence et de responsabilité.


Est-ce que ce vaccin sera gratuit ?
L’ensemble des vaccins que nous avons dans les Pev sont gratuits et l’Etat a une responsabilité dans le cadre de sa politique de prévention. Et c’est la direction de la Prévention qui gère tout cela. Ce que vous venez de me dire, le moment venu, relève de l’évidence. Cela me paraît tout à fait évident que l’Etat, dans le cadre de la riposte, mettra en place dans le cadre de l’initiative Covax un dispositif qui lui permette de prendre en charge sa stratégie de vaccination.

Pour l’usage du vaccin, on assiste à beaucoup de supputations depuis quelque temps. Pouvez-vous rassurer les Sénégalais ?
Nous n’allons pas du tout exposer les Sénégalais, aussi bien du point de vue du processus de validation du vaccin et de son utilisation que du processus de vaccination globale dans le pays et du processus de ses réseaux même de distribution. Tout sera contrôlé et surveillé par l’Etat, mais nous n’en sommes pas encore là.

 


Où est-ce que vous en êtes avec la carte hospitalière au Sénégal ? Avez-vous atteint un seuil de satisfaction ?
En 2012, on avait 166 ambulances dans le pays. Depuis 2012, on en a acheté plus de 600. Ça permet déjà de voir ce qu’on a fait en matière d’interconnexion entre la base de la pyramide, les postes, le centre de la pyramide, les centres de santé et les hôpitaux. Maintenant au niveau hôpital, on a trois types d’hôpitaux : les hôpitaux de niveau 1, ceux de niveau 2, et ceux de niveau 3. Et ces hôpitaux sont implantés au niveau des départements. Au niveau de Dakar, on a les hôpitaux de niveau 3 qui, peut-être, ne sont pas dans les départements, mais qui sont quand même à des niveaux plus élevés, les niveaux 2 et 3.


Cette carte sanitaire mérite d’être améliorée et on est en train de faire énormément de travail pour combler le gap. Au moment où je vous parle, nous allons livrer le mois prochain 3 hôpitaux en même temps : les hôpitaux de Kédougou, de Sédhiou et de Kaffrine. En mars, nous allons livrer l’hôpital de niveau 3 de Touba. Et nous allons ici, à Diamniadio, faire un hôpital spécialisé en cancérologie, le Centre national d’oncologie du Sénégal. La première pierre doit être bientôt posée. Tout cela, c’est dans le processus de mettre en place un maillage territorial en matière de structures hospitalières.
En matière de prise en charge au niveau des hôpitaux, il y a un travail à faire pour véritablement combler le gap. Mais ce qui a été fait de 2012, qui, je suis désolé, est une année de référence importante pour nous, à maintenant, c’est significatif. On a trouvé l’Hôpital de la paix de Ziguinchor en chantier, nous l’avons terminé. Nous avons trouvé l’hôpital de Fatick en chantier, nous l’avons terminé. Nous avons trouvé l’hôpital Dalal Jamm en chantier, nous l’avons terminé. Nous avons engagé en même temps pour la première fois dans l’histoire du pays 4 hôpitaux en même temps que nous sommes en train de terminer en respectant les délais. Ça aussi c’est important. Alors que nous avons trouvé des hôpitaux qui avaient duré 5 ans sans pouvoir être terminés, nous les avons réalisés en moins de 35 mois.

On parle de plus en plus d’un nouvel hôpital à Ourossogui, à Tivaouane et à Mbour…
Oui, parce que le chef de l’Etat, avec l’environnement pandémie, a compris que dans le système de santé il y a un gap important à combler, et il a commandé un plan d’investissement et de réformes pour un système de santé résiliant et pérenne. Un plan d’investissement pour mettre des hôpitaux à niveau, j’allais dire à des niveaux pertinents pour améliorer la carte sanitaire. Et parmi ces hôpitaux, l’hôpital d’Ourossogui dont vous parlez en est un et d’autres projets encore. Ce plan d’investissement, nous attendons de le valider en Conseil présidentiel devant le chef de l’Etat et, une fois cela fait, nous allons donc communiquer sur l’ensemble des projets qui y figurent.

De plus en plus on voit des évacuations sanitaires à l’étranger parce qu’on considère que le plateau médical n’est pas aussi relevé. Il y a eu une politique d’installation de cliniques spécialisées dans certains hôpitaux. Où en êtes-vous avec cette politique ?
La clinique de Principal est assez avancée dans sa conception et le chef de l’Etat a donné le feu vert pour qu’on la réalise. Et très bientôt, je crois que cet hôpital va disposer d’un plateau qui, véritablement, peut nous permettre d’éviter beaucoup d’évacuations et c’est important. J’espère aussi que l’Hôpital international de Dakar, qui avait démarré avec le privé et en chantier depuis longtemps, va bientôt voir le jour dans notre pays pour compléter le dispositif. Il y a beaucoup d’autres initiatives de partenariat public-privé…


Source: Le Quotidien
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