Le Colonel Abdou Aziz Ndao, officier de gendarmerie à la retraite, a pris la parole pour clarifier les rôles respectifs des tirailleurs sénégalais et des spahis dans l’histoire de l’Armée française. Dans une contribution marquante, il appelle à une distinction nette entre ces deux corps militaires, soulignant leurs histoires profondément différentes et souvent mal interprétées.
Le Colonel Ndao met en évidence la nécessité de dissocier les tirailleurs sénégalais des spahis. Selon lui, "les tirailleurs et les spahis n’ont rien à voir l’un avec l’autre, et il est crucial de ne pas mélanger leurs histoires". Les spahis, rappelle-t-il, s’inscrivent dans une tradition militaire spécifique à l’Armée française, marquée par l’influence de l’Empire ottoman et la conquête de l’Égypte sous Napoléon Bonaparte. Cette tradition, qui s’inspire des mameluks, se poursuit avec l’arrivée des spahis en Algérie, où ils joueront un rôle clé dans la répression des révoltes coloniales.
L'auteur cite notamment le livre Des spahis sénégalais à la garde rouge de Pierre Rosière, qui évoque l’histoire des spahis et leur rôle symbolique dans l'armée coloniale. La tenue distinctive des spahis, notamment la garde rouge, est également soulignée comme un symbole de leur engagement dans l’histoire militaire coloniale.
La création et les missions des tirailleurs sénégalais
Le Colonel Ndao revient ensuite sur l’origine des tirailleurs sénégalais, corps fondé par le général Louis Faidherbe en 1857, pour soutenir les ambitions coloniales françaises. Ce corps, explique-t-il, était composé de volontaires, d'esclaves, de prisonniers et d’autres individus, recrutés pour servir de force supplétive aux autorités coloniales. Leur première mission fut de sécuriser les territoires conquis et de dominer les rébellions locales. "Les RTS étaient des régiments d’appui du pouvoir colonial," précise Ndao, soulignant que leur rôle consistait principalement à soutenir la répression coloniale.
Le général Faidherbe a formé ce corps de troupes en utilisant à la fois des spahis venus d’Algérie et des soldats sénégalais. "Cette force était d’abord destinée à faciliter la conquête du Sénégal, en consolidant les territoires français et en réprimant les révoltes locales," ajoute-t-il.
Les tirailleurs dans les guerres mondiales
La contribution des tirailleurs sénégalais a pris une nouvelle dimension pendant les deux guerres mondiales. Le Colonel Ndao rappelle l’implication de plus de 300 000 hommes issus des colonies, recrutés pour participer à la Première et à la Seconde Guerre mondiale. Ces soldats, qui provenaient de diverses régions coloniales, ont été mobilisés pour soutenir l’effort de guerre français, sur les fronts en Europe, mais aussi en Afrique du Nord, en Grèce et en Libye.
En dépit de leur engagement héroïque, Ndao souligne l’inhumanité de l’armistice de la guerre. "Après la libération de la France, De Gaulle a fait 'reblanchir' l’armée et rapatrié ces soldats, ignorant leurs sacrifices et les droits qu’ils avaient acquis," déplore-t-il, en faisant référence aux événements tragiques de Thiaroye en 1944, où des tirailleurs sénégalais réclamant leurs indemnités furent réprimés dans le sang.
Une époque de répression et de décolonisation
Le Colonel Ndao ne se contente pas de relater les faits historiques. Il dépeint aussi la répression brutale exercée par la France sur les tirailleurs après la guerre. À Madagascar, en Indochine et en Algérie, ces soldats furent de nouveau utilisés dans des opérations de répression violente, visant à écraser toute forme de contestation contre la domination coloniale. Cette troisième phase de leur utilisation marque une époque de violences et de persécutions à l’encontre des populations colonisées.
Malgré cela, Ndao souligne que l’engagement des tirailleurs sénégalais pendant les guerres mondiales a joué un rôle important dans l’émancipation des peuples colonisés. "Les tirailleurs, en se battant sur les champs de bataille en Europe, ont démythifié l’image des Blancs et ont amorcé un mouvement de revendication des droits," analyse-t-il.
Conclusion : L’héritage des tirailleurs
Pour le Colonel Ndao, l’histoire des tirailleurs sénégalais et des spahis est une histoire complexe, mais essentielle à comprendre. Il conclut que, malgré la répression et l’injustice qu’ils ont subies, les tirailleurs sénégalais ont grandement contribué à la décolonisation, en brisant les mythes du colonialisme et en posant les bases d’une lutte pour l’égalité et les droits civiques. Leur engagement et leur sacrifice ont été une étape cruciale dans la reconnaissance de la dignité des peuples colonisés.
Ainsi, le Colonel Abdou Aziz Ndao nous invite à revisiter l’histoire des tirailleurs et des spahis, non pas pour les opposer, mais pour les comprendre dans toute leur complexité. Son analyse, lucide et réaliste, est un appel à la reconnaissance du rôle crucial joué par ces soldats dans la construction du monde moderne, et dans la lutte pour la justice et la liberté.
Le Colonel Ndao met en évidence la nécessité de dissocier les tirailleurs sénégalais des spahis. Selon lui, "les tirailleurs et les spahis n’ont rien à voir l’un avec l’autre, et il est crucial de ne pas mélanger leurs histoires". Les spahis, rappelle-t-il, s’inscrivent dans une tradition militaire spécifique à l’Armée française, marquée par l’influence de l’Empire ottoman et la conquête de l’Égypte sous Napoléon Bonaparte. Cette tradition, qui s’inspire des mameluks, se poursuit avec l’arrivée des spahis en Algérie, où ils joueront un rôle clé dans la répression des révoltes coloniales.
L'auteur cite notamment le livre Des spahis sénégalais à la garde rouge de Pierre Rosière, qui évoque l’histoire des spahis et leur rôle symbolique dans l'armée coloniale. La tenue distinctive des spahis, notamment la garde rouge, est également soulignée comme un symbole de leur engagement dans l’histoire militaire coloniale.
La création et les missions des tirailleurs sénégalais
Le Colonel Ndao revient ensuite sur l’origine des tirailleurs sénégalais, corps fondé par le général Louis Faidherbe en 1857, pour soutenir les ambitions coloniales françaises. Ce corps, explique-t-il, était composé de volontaires, d'esclaves, de prisonniers et d’autres individus, recrutés pour servir de force supplétive aux autorités coloniales. Leur première mission fut de sécuriser les territoires conquis et de dominer les rébellions locales. "Les RTS étaient des régiments d’appui du pouvoir colonial," précise Ndao, soulignant que leur rôle consistait principalement à soutenir la répression coloniale.
Le général Faidherbe a formé ce corps de troupes en utilisant à la fois des spahis venus d’Algérie et des soldats sénégalais. "Cette force était d’abord destinée à faciliter la conquête du Sénégal, en consolidant les territoires français et en réprimant les révoltes locales," ajoute-t-il.
Les tirailleurs dans les guerres mondiales
La contribution des tirailleurs sénégalais a pris une nouvelle dimension pendant les deux guerres mondiales. Le Colonel Ndao rappelle l’implication de plus de 300 000 hommes issus des colonies, recrutés pour participer à la Première et à la Seconde Guerre mondiale. Ces soldats, qui provenaient de diverses régions coloniales, ont été mobilisés pour soutenir l’effort de guerre français, sur les fronts en Europe, mais aussi en Afrique du Nord, en Grèce et en Libye.
En dépit de leur engagement héroïque, Ndao souligne l’inhumanité de l’armistice de la guerre. "Après la libération de la France, De Gaulle a fait 'reblanchir' l’armée et rapatrié ces soldats, ignorant leurs sacrifices et les droits qu’ils avaient acquis," déplore-t-il, en faisant référence aux événements tragiques de Thiaroye en 1944, où des tirailleurs sénégalais réclamant leurs indemnités furent réprimés dans le sang.
Une époque de répression et de décolonisation
Le Colonel Ndao ne se contente pas de relater les faits historiques. Il dépeint aussi la répression brutale exercée par la France sur les tirailleurs après la guerre. À Madagascar, en Indochine et en Algérie, ces soldats furent de nouveau utilisés dans des opérations de répression violente, visant à écraser toute forme de contestation contre la domination coloniale. Cette troisième phase de leur utilisation marque une époque de violences et de persécutions à l’encontre des populations colonisées.
Malgré cela, Ndao souligne que l’engagement des tirailleurs sénégalais pendant les guerres mondiales a joué un rôle important dans l’émancipation des peuples colonisés. "Les tirailleurs, en se battant sur les champs de bataille en Europe, ont démythifié l’image des Blancs et ont amorcé un mouvement de revendication des droits," analyse-t-il.
Conclusion : L’héritage des tirailleurs
Pour le Colonel Ndao, l’histoire des tirailleurs sénégalais et des spahis est une histoire complexe, mais essentielle à comprendre. Il conclut que, malgré la répression et l’injustice qu’ils ont subies, les tirailleurs sénégalais ont grandement contribué à la décolonisation, en brisant les mythes du colonialisme et en posant les bases d’une lutte pour l’égalité et les droits civiques. Leur engagement et leur sacrifice ont été une étape cruciale dans la reconnaissance de la dignité des peuples colonisés.
Ainsi, le Colonel Abdou Aziz Ndao nous invite à revisiter l’histoire des tirailleurs et des spahis, non pas pour les opposer, mais pour les comprendre dans toute leur complexité. Son analyse, lucide et réaliste, est un appel à la reconnaissance du rôle crucial joué par ces soldats dans la construction du monde moderne, et dans la lutte pour la justice et la liberté.