Des tirs ont été entendus lundi 27 janvier jusqu'au centre-ville de la capitale du Nord-Kivu, le groupe M23 et des effectifs des forces spéciales rwandaises étant présents dans plusieurs quartiers de Goma. La veille, le secrétaire général des Nations unies António Guterres a directement mis en cause Kigali après une nouvelle journée de combats dans l'est de la RDC. Une réunion d'urgence de la Communauté d'Afrique de l'Est aura lieu « mercredi » 29 janvier, les présidents rwandais Paul Kagame et Félix Tshisekedi ayant « confirmé leur participation », a annoncé le président kényan William Ruto.
Des tirs nourris, à la fois d'armes légères, mais également d'artillerie lourde, ont retenti lundi dans le centre de Goma. Des membres des forces spéciales rwandaises et les combattants du groupe M23 ont pénétré la veille au soir dans plusieurs quartiers de la grande ville de l'est de la République démocratique du Congo (RDC)
► Le groupe armé antigouvernemental du M23, soutenu par quelque 3 000 à 4 000 soldats rwandais, selon l'ONU, combat l'armée congolaise dans la région depuis plus de trois ans, mais l'étau s'est resserré ces derniers jours
► Après une réunion d'urgence dimanche soir, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné le « mépris éhonté » de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la RDC. L'ONU a notamment réclamé des sanctions contre Kigali
► Un sommet extraordinaire de la Communauté Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC) dédié à la situation chaotique dans l'est de la RDC aura lieu mercredi 29 janvier. Selon le président kényan, qui assure la tête de l'organisation régionale, « à la fois le président Paul Kagame et le président Félix Tshisekedi » ont « confirmé leur participation ». Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne sont réunis à Bruxelles et la situation en RDC fait partie des dossiers à l'ordre du jour.
► La ville de Goma compte environ un million d'habitants et autant de déplacés. La région vit une crise humanitaire chronique depuis des très nombreuses années.
Le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine annonce tenir une « session d’urgence » mardi sur la situation dans l’est de la RDC
Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine tiendra mardi une « session d'urgence » sur la situation dans l'est de la République démocratique du Congo, en proie à des combats entre les forces congolaises et les combattants du groupe armé M23 et soldats rwandais, a annoncé lundi à l'AFP l'organisation panafricaine.
« Il y aura une session d'urgence du Conseil de paix et de sécurité demain (mardi) à midi sur la situation dans l'est de la RDC », a déclaré Paschal Chem-Langhee, porte-parole du CPS, alors que Goma, principale ville de l'est de la RDC, est secouée par des tirs d'artillerie lourde.
La situation reste tendue, à Goma et à la frontière, l’accès humanitaire est quasi impossible
Des tirs résonnent encore en ce moment dans plusieurs secteurs de Goma. Autour de l’aéroport, au centre-ville, dans les quartiers périphériques comme Ndosho, Mugunga et Buhene, les échanges de tirs et les détonations se multiplient. Même dans les quartiers du centre-ville, comme Le Volcan et Himbi, la population vit dans la peur, rapporte notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi. Difficile d'avoir une vision claire de la situation, mais la présence du M23 est visible dans plusieurs zones
La frontière rwandaise est aussi sous tension. Des chars rwandais sont déployés, et certains tirs congolais ont atteint le territoire rwandais, selon plusieurs sources.
Sur le plan humanitaire, la situation est alarmante. Des intrusions non armées ont été signalées dans des bases d’ONG. Cela alors que plusieurs hôpitaux, comme l’hôpital Charité et CBKA Virunga, ont été touchés par des bombes.
L’accès aux camps de déplacés reste impossible en raison de l’insécurité.
Le Programme alimentaire mondial (Pam) de l’ONU a suspendu temporairement ses activités au Nord-Kivu. Une décision qui laisse, selon l’institution, plus de 800 000 personnes prioritaires sans aide alimentaire. « Nous prévoyons de reprendre dès que les circonstances le permettront », précise le Pam.
Le sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est se tiendra mercredi, Paul Kagame et Félix Thisekedi « ont confirmé leur participation »
La présidence kényane œuvrait pour un sommet extraordinaire de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC) dédié à la situation chaotique dans l'est de la RDC. Ce dernier se tiendra mercredi 29 janvier, a annoncé le président kényan William Ruto. Cela en présence des présidents rwandais Paul Kagame et congolais Felix Tshisekedi.
« J'ai discuté de tenir la réunion mercredi avec à la fois le président Paul Kagame et le président Félix Tshisekedi, et les deux ont confirmé leur participation », a déclaré lundi devant des journalistes celui qui assure actuellement la présidence de l'organisation régionale. Le lieu du sommet n'a pas été précisé.
Au moins 5 civils tués dans une localité rwandaise près de Goma, rapporte l’armée du Rwanda
Un porte-parole des Forces rwandaises de défense a fait état d’au moins « 5 morts et 25 blessés graves » lundi 27 janvier dans une localité rwandaise frontalière de Goma, a-t-il confirmé. « Il y a aussi des blessés légers », a ajouté Ronald Rwivanga, sans plus de précisions sur les circonstances de ces décès et blessures.
De l’autre côté de la frontière, à la ville rwandaise de Gisenyi, de très longs échanges de tir ont retenti sur le long de la frontière pendant toute la matinée, rapporte notre envoyée spéciale à Gisenyi, Lucie Mouillaud. Plusieurs bombes sont tombées dans la ville le matin, a ajouté le général Ronald Rwivanga.
La majorité des écoles sont restées fermées à Gisenyi lundi, comme certains commerces. Les habitants proches de la frontière sont cloitrés chez eux, d’autant que les détonations, qui ont commencé dans la nuit, resonnent bien plus fort et plus près que ce qu’avait été entendu dans les jours précédents. Le point de passage des commerçants transfrontaliers n’a pas ouvert aujourd’hui et seul le personnel civil de l’ONU et leurs familles y sont passés tôt ce matin : soit environ 1 000 personnes évacuées dans des bus pour se diriger vers Kigali. Cela alors que les agents frontaliers congolais étaient absents du poste.
Au moins 8 morts et 180 blessés, des tirs signalés près de l’hôpital de Ndosho
La situation reste incertaine à Goma. Les membres du groupe armé M23 sont dans ville, mais des tirs sont régulièrement entendus dans plusieurs quartiers, rapporte notre correspondante à Kinshasa, Paulina Zidi.
Des tirs ont par exemple été signalés vers l’hôpital de Ndosho, qui est déjà saturé de blessés depuis plusieurs jours. Le dernier bilan pour les journées de dimanche et lundi fait état d’au moins 8 morts et 180 blessés, détaille une source sanitaire. Dans un autre secteur, au moins 25 blessés sont arrivés à l'hôpital de la Charité.
Des engins explosifs continuent de s’abattre dans certains secteurs, causant des dégâts. Des sources rapportent aussi que des tirs auraient atteint le territoire rwandais.
Des tirs entendus près du camp de Mugunga, le calme vers Sake
Alors que la situation ne cesse d’évoluer, des tirs sont actuellement entendus aux environs du camp de Mugunga. Vers Sake, où se concentraient les affrontements ces derniers jours, la situation est plus calme : les forces de la Communauté de développement de l’Afrique australe (Sadc) y sont positionnées.
Des membres des FARDC, ainsi que leurs alliés wazalendo qui ont combattu ces derniers jours, sont toujours dans Goma. Près d’une centaine se sont rendus à la base de la Monusco. D’autres se seraient également rendus à l'armée rwandaise, affirme le porte-parole de l'armée de Paul Kagamé, une information que RFI n’a pas pu confirmer de source indépendante.
Ce matin, les autorités rwandaises ont également positionné des bus du côté rwandais de la frontière pour permettre d'évacuer le personnel des Nations unies encore présents à Goma. Pour le reste de la population, la frontière reste fermée.
En plus des évasions de la principale prison de la ville, des témoins rapportent une grande confusion à Goma avec des scènes de pillage.
Ici, des soldats uruguayens de la force des Nations unies Monusco reçoivent des soldats congolais qui rendent leurs armes à la capitale du Nord-Kivu Goma, le 26 janvier 2025.
Le gouvernement de la RDC confirme « la présence de l’armée rwandaise » à Goma
Dans sa première prise de parole lundi 27 janvier, le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication Patrick Muyaya a appelé la « population de Goma » à « rester à l'abri, à la maison », « s'abstenir de commettre des actes de vandalisme et de pillage », ainsi qu’à « barrer la route à la propagande manipulatrice du Rwanda ».
Dans son tweet, le ministre confirme « la présence de l’armée rwandaise » dans « la ville de Goma » et martèle que « le gouvernement continue de travailler pour éviter le carnage et les pertes en vies humaines ».
« Deux minutes, c’est calme, puis deux minutes, c'est chaud, et cela continue d’être chaud chaque seconde »
À Goma, le million d’habitants et les 700 000 réfugiés, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), vivent dans la peur et le sentiment d’abandon. Ceux qui n’ont pas quitté la ville, restent cachés dans les maisons, voire sous les lits pour éviter les balles perdues, racontent-ils.
« La tension est palpable, la peur est visible dans le regard de tout le monde, on ne sait pas ce qui va se passer, nous explique un gomatracien, joint au téléphone. Il y a des échanges de tir, parfois d’armes lourdes, il y a la présence des groupes armés qui sont dans la ville. » Toute la nuit de dimanche à lundi, les habitants ont entendu des tirs sporadiques d’armes automatiques. Un autre habitant témoigne : « pendant deux minutes, c’est calme, puis pendant deux minutes, c'est chaud et cela continue d’être chaud chaque seconde. Ce qui empire la situation sont les bombes. Ici, c’est la ville, il y a des bâtiments. Donc, nous sommes dans une très mauvaise situation. On aimerait bien qu’il y ait un cessez-le-feu. »
Autant de motifs d'angoisse pour ces habitants qui vivent déjà sans électricité et sans eau depuis la fin de semaine dernière.
Selon nos informations, il n'y a pas de combats en cours, même si des tirs sont entendus, notamment en centre-ville et du côté de la frontière avec le Rwanda. Des scènes de pillages ont également été signalées.
À l'ouest de la ville, sur l'axe qui relie Goma à Sake, des militaires FARDC et les forces internationales de l'ONU et de la Communauté de développement d'Afrique australe (Sadec) sont toujours présents. Cela sans qu'il y ait des combats. C'est là où se situait le principal front ces derniers jours.
Fermeture de la frontière à Goma entre la RDC et le Rwanda
La frontière à Goma séparant la RDC et le Rwanda « est fermée », a indiqué à RFI une source consulaire européenne, confirmant l'information de témoins. « Personne n'entre, personne ne sort, à part quelques personnels de l'ONU et leurs familles évacués ce matin », a ajouté à l'AFP un travailleur humanitaire présent au principal point de passage entre la RDC et le Rwanda.
Depuis l'intensification des tirs et des combats à Goma, de nombreux habitants ont tenté de traverser la frontière pour fuir le conflit.
Des agents de sécurité rwandais escortent le personnel humanitaire qui fuit Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, à la suite des combats entre les rebelles du M23 et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), à Gisenyi, au Rwanda, le 27 janvier 2025.
Dans une déclaration lundi, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a indiqué que Paris « condamne fermement l'offensive menée par le M23, soutenu par les Forces armées rwandaises » dans l'est de la République démocratique du Congo. « La France exprime sa solidarité à l'égard de la République démocratique du Congo, de son intégrité territoriale. (...) Les combats doivent cesser et le dialogue doit reprendre », a exhorté M. Barrot à Bruxelles, avant un conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne.
Confusion à Goma, évasion à la prison de Munzenze
Plus tôt de matin, une évasion a eu lieu à la prison de Goma : la prison de Munzenze, qui compte environ 3 000 détenus, a été « totalement incendiée » à la suite d'une « évasion massive », selon une source sécuritaire à l'AFP. Selon notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa, « au moins 13 détenus, en majorité des femmes et deux enfants sont morts lors de l’évasion et l’incendie d'une partie de la prison ».
Des prisonniers en fuite ont été aperçus dans les rues alentours, a constaté une journaliste de l'AFP.
Des bus sont positionnés à la frontière rwandaise, prêts à évacuer des personnels de l'ONU et leurs familles venant de Goma, selon la TV publique rwandaise RBA, rapporte l'Agence France presse. « Les membres du personnel de l'ONU et leurs familles qui ont travaillé en RDC » sont en cours d'évacuation de Goma, avec des bus à la frontière « en attente pour les transporter vers Kigali, où ils embarqueront sur des vols vers leurs pays respectifs », a indiqué RBA sur X. Il n'y a pas d'agents de l'immigration à la frontière, selon nos informations.
Dimanche, la responsable de la mission de l'ONU en RDC Bintou Keita participait dimanche à la réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation en RDC. Elle y signalait que l'aéroport n'était plus fonctionnel pour des évacuations ou pour des opérations humanitaires. Les routes menant à Goma sont également coupées, affirme-t-elle.
Le président kényan William Ruto a annoncé dans un communiqué réunir « dans les prochaines 48 heures » un sommet extraordinaire de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC) en présence des présidents de la RDC Félix Tshisekedi et du Rwanda Paul Kagame.
Les habitants tentent de fuir la ville
L’intensification des combats dans la soirée près de Goma puis les tirs dans la ville ont également poussé des habitants de la capitale provinciale à traverser la frontière vers le Rwanda, dans la ville frontalière de Gisenyi, dans le district de Rubavu, où se trouve notre correspondante, Lucie Mouillaud.
Devant la Grande Barrière, Nathan et sa famille font partie des derniers habitants de Goma à traverser avant la fermeture de la frontière dimanche, en milieu d’après-midi : « Goma maintenant, c’est un champ désert, il n'y a plus de courant, il n'y a plus d’eau, la population fait du mieux possible pour pouvoir survivre. Les bombes se font entendre de plus en plus fort ! Il y a même des coups de feu, j’étais dans ma chambre et j’ai commencé à entendre des coups de feu. Je crois que c’est ce qui a alerté mon père pour qu’on puisse traverser et évacuer la ville. »
« La peur, elle est là, on laisse nos biens, je viens qu’avec mon petit sac et la famille. On a tout laissé là-bas, on est venu tel qu’on est là, on n’est pas stable. On ne sait pas combien de temps on va rester ici, on attend la situation. Dès qu’elle finit, on va retourner à Goma, c’est chez nous », témoigne Alain Hemedi qui a, lui aussi, quitté la ville.
Pour beaucoup, le passage de la frontière n’est qu’une étape avant de prendre la route pour rejoindre Bukavu ou d’autres villes au Burundi ou en Ouganda. « On ne peut qu’espérer, ce qu’on souhaite, c’est que la paix soit rétablie. On ne vit que de cela, depuis notre enfance, donc on espère que la paix soit rétablie, en tout cas, c'est le souhait de tout le monde », affirme Axel Cikomero, commerçant de Goma.
Des tirs nourris, à la fois d'armes légères, mais également d'artillerie lourde, ont retenti lundi dans le centre de Goma. Des membres des forces spéciales rwandaises et les combattants du groupe M23 ont pénétré la veille au soir dans plusieurs quartiers de la grande ville de l'est de la République démocratique du Congo (RDC)
► Le groupe armé antigouvernemental du M23, soutenu par quelque 3 000 à 4 000 soldats rwandais, selon l'ONU, combat l'armée congolaise dans la région depuis plus de trois ans, mais l'étau s'est resserré ces derniers jours
► Après une réunion d'urgence dimanche soir, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné le « mépris éhonté » de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la RDC. L'ONU a notamment réclamé des sanctions contre Kigali
► Un sommet extraordinaire de la Communauté Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC) dédié à la situation chaotique dans l'est de la RDC aura lieu mercredi 29 janvier. Selon le président kényan, qui assure la tête de l'organisation régionale, « à la fois le président Paul Kagame et le président Félix Tshisekedi » ont « confirmé leur participation ». Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne sont réunis à Bruxelles et la situation en RDC fait partie des dossiers à l'ordre du jour.
► La ville de Goma compte environ un million d'habitants et autant de déplacés. La région vit une crise humanitaire chronique depuis des très nombreuses années.
Le Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine annonce tenir une « session d’urgence » mardi sur la situation dans l’est de la RDC
Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine tiendra mardi une « session d'urgence » sur la situation dans l'est de la République démocratique du Congo, en proie à des combats entre les forces congolaises et les combattants du groupe armé M23 et soldats rwandais, a annoncé lundi à l'AFP l'organisation panafricaine.
« Il y aura une session d'urgence du Conseil de paix et de sécurité demain (mardi) à midi sur la situation dans l'est de la RDC », a déclaré Paschal Chem-Langhee, porte-parole du CPS, alors que Goma, principale ville de l'est de la RDC, est secouée par des tirs d'artillerie lourde.
La situation reste tendue, à Goma et à la frontière, l’accès humanitaire est quasi impossible
Des tirs résonnent encore en ce moment dans plusieurs secteurs de Goma. Autour de l’aéroport, au centre-ville, dans les quartiers périphériques comme Ndosho, Mugunga et Buhene, les échanges de tirs et les détonations se multiplient. Même dans les quartiers du centre-ville, comme Le Volcan et Himbi, la population vit dans la peur, rapporte notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi. Difficile d'avoir une vision claire de la situation, mais la présence du M23 est visible dans plusieurs zones
La frontière rwandaise est aussi sous tension. Des chars rwandais sont déployés, et certains tirs congolais ont atteint le territoire rwandais, selon plusieurs sources.
Sur le plan humanitaire, la situation est alarmante. Des intrusions non armées ont été signalées dans des bases d’ONG. Cela alors que plusieurs hôpitaux, comme l’hôpital Charité et CBKA Virunga, ont été touchés par des bombes.
L’accès aux camps de déplacés reste impossible en raison de l’insécurité.
Le Programme alimentaire mondial (Pam) de l’ONU a suspendu temporairement ses activités au Nord-Kivu. Une décision qui laisse, selon l’institution, plus de 800 000 personnes prioritaires sans aide alimentaire. « Nous prévoyons de reprendre dès que les circonstances le permettront », précise le Pam.
Le sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est se tiendra mercredi, Paul Kagame et Félix Thisekedi « ont confirmé leur participation »
La présidence kényane œuvrait pour un sommet extraordinaire de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC) dédié à la situation chaotique dans l'est de la RDC. Ce dernier se tiendra mercredi 29 janvier, a annoncé le président kényan William Ruto. Cela en présence des présidents rwandais Paul Kagame et congolais Felix Tshisekedi.
« J'ai discuté de tenir la réunion mercredi avec à la fois le président Paul Kagame et le président Félix Tshisekedi, et les deux ont confirmé leur participation », a déclaré lundi devant des journalistes celui qui assure actuellement la présidence de l'organisation régionale. Le lieu du sommet n'a pas été précisé.
Au moins 5 civils tués dans une localité rwandaise près de Goma, rapporte l’armée du Rwanda
Un porte-parole des Forces rwandaises de défense a fait état d’au moins « 5 morts et 25 blessés graves » lundi 27 janvier dans une localité rwandaise frontalière de Goma, a-t-il confirmé. « Il y a aussi des blessés légers », a ajouté Ronald Rwivanga, sans plus de précisions sur les circonstances de ces décès et blessures.
De l’autre côté de la frontière, à la ville rwandaise de Gisenyi, de très longs échanges de tir ont retenti sur le long de la frontière pendant toute la matinée, rapporte notre envoyée spéciale à Gisenyi, Lucie Mouillaud. Plusieurs bombes sont tombées dans la ville le matin, a ajouté le général Ronald Rwivanga.
La majorité des écoles sont restées fermées à Gisenyi lundi, comme certains commerces. Les habitants proches de la frontière sont cloitrés chez eux, d’autant que les détonations, qui ont commencé dans la nuit, resonnent bien plus fort et plus près que ce qu’avait été entendu dans les jours précédents. Le point de passage des commerçants transfrontaliers n’a pas ouvert aujourd’hui et seul le personnel civil de l’ONU et leurs familles y sont passés tôt ce matin : soit environ 1 000 personnes évacuées dans des bus pour se diriger vers Kigali. Cela alors que les agents frontaliers congolais étaient absents du poste.
Au moins 8 morts et 180 blessés, des tirs signalés près de l’hôpital de Ndosho
La situation reste incertaine à Goma. Les membres du groupe armé M23 sont dans ville, mais des tirs sont régulièrement entendus dans plusieurs quartiers, rapporte notre correspondante à Kinshasa, Paulina Zidi.
Des tirs ont par exemple été signalés vers l’hôpital de Ndosho, qui est déjà saturé de blessés depuis plusieurs jours. Le dernier bilan pour les journées de dimanche et lundi fait état d’au moins 8 morts et 180 blessés, détaille une source sanitaire. Dans un autre secteur, au moins 25 blessés sont arrivés à l'hôpital de la Charité.
Des engins explosifs continuent de s’abattre dans certains secteurs, causant des dégâts. Des sources rapportent aussi que des tirs auraient atteint le territoire rwandais.
Des tirs entendus près du camp de Mugunga, le calme vers Sake
Alors que la situation ne cesse d’évoluer, des tirs sont actuellement entendus aux environs du camp de Mugunga. Vers Sake, où se concentraient les affrontements ces derniers jours, la situation est plus calme : les forces de la Communauté de développement de l’Afrique australe (Sadc) y sont positionnées.
Des membres des FARDC, ainsi que leurs alliés wazalendo qui ont combattu ces derniers jours, sont toujours dans Goma. Près d’une centaine se sont rendus à la base de la Monusco. D’autres se seraient également rendus à l'armée rwandaise, affirme le porte-parole de l'armée de Paul Kagamé, une information que RFI n’a pas pu confirmer de source indépendante.
Ce matin, les autorités rwandaises ont également positionné des bus du côté rwandais de la frontière pour permettre d'évacuer le personnel des Nations unies encore présents à Goma. Pour le reste de la population, la frontière reste fermée.
En plus des évasions de la principale prison de la ville, des témoins rapportent une grande confusion à Goma avec des scènes de pillage.
Ici, des soldats uruguayens de la force des Nations unies Monusco reçoivent des soldats congolais qui rendent leurs armes à la capitale du Nord-Kivu Goma, le 26 janvier 2025.
Le gouvernement de la RDC confirme « la présence de l’armée rwandaise » à Goma
Dans sa première prise de parole lundi 27 janvier, le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication Patrick Muyaya a appelé la « population de Goma » à « rester à l'abri, à la maison », « s'abstenir de commettre des actes de vandalisme et de pillage », ainsi qu’à « barrer la route à la propagande manipulatrice du Rwanda ».
Dans son tweet, le ministre confirme « la présence de l’armée rwandaise » dans « la ville de Goma » et martèle que « le gouvernement continue de travailler pour éviter le carnage et les pertes en vies humaines ».
« Deux minutes, c’est calme, puis deux minutes, c'est chaud, et cela continue d’être chaud chaque seconde »
À Goma, le million d’habitants et les 700 000 réfugiés, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), vivent dans la peur et le sentiment d’abandon. Ceux qui n’ont pas quitté la ville, restent cachés dans les maisons, voire sous les lits pour éviter les balles perdues, racontent-ils.
« La tension est palpable, la peur est visible dans le regard de tout le monde, on ne sait pas ce qui va se passer, nous explique un gomatracien, joint au téléphone. Il y a des échanges de tir, parfois d’armes lourdes, il y a la présence des groupes armés qui sont dans la ville. » Toute la nuit de dimanche à lundi, les habitants ont entendu des tirs sporadiques d’armes automatiques. Un autre habitant témoigne : « pendant deux minutes, c’est calme, puis pendant deux minutes, c'est chaud et cela continue d’être chaud chaque seconde. Ce qui empire la situation sont les bombes. Ici, c’est la ville, il y a des bâtiments. Donc, nous sommes dans une très mauvaise situation. On aimerait bien qu’il y ait un cessez-le-feu. »
Autant de motifs d'angoisse pour ces habitants qui vivent déjà sans électricité et sans eau depuis la fin de semaine dernière.
Selon nos informations, il n'y a pas de combats en cours, même si des tirs sont entendus, notamment en centre-ville et du côté de la frontière avec le Rwanda. Des scènes de pillages ont également été signalées.
À l'ouest de la ville, sur l'axe qui relie Goma à Sake, des militaires FARDC et les forces internationales de l'ONU et de la Communauté de développement d'Afrique australe (Sadec) sont toujours présents. Cela sans qu'il y ait des combats. C'est là où se situait le principal front ces derniers jours.
Fermeture de la frontière à Goma entre la RDC et le Rwanda
La frontière à Goma séparant la RDC et le Rwanda « est fermée », a indiqué à RFI une source consulaire européenne, confirmant l'information de témoins. « Personne n'entre, personne ne sort, à part quelques personnels de l'ONU et leurs familles évacués ce matin », a ajouté à l'AFP un travailleur humanitaire présent au principal point de passage entre la RDC et le Rwanda.
Depuis l'intensification des tirs et des combats à Goma, de nombreux habitants ont tenté de traverser la frontière pour fuir le conflit.
Des agents de sécurité rwandais escortent le personnel humanitaire qui fuit Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, à la suite des combats entre les rebelles du M23 et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), à Gisenyi, au Rwanda, le 27 janvier 2025.
Dans une déclaration lundi, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a indiqué que Paris « condamne fermement l'offensive menée par le M23, soutenu par les Forces armées rwandaises » dans l'est de la République démocratique du Congo. « La France exprime sa solidarité à l'égard de la République démocratique du Congo, de son intégrité territoriale. (...) Les combats doivent cesser et le dialogue doit reprendre », a exhorté M. Barrot à Bruxelles, avant un conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne.
Confusion à Goma, évasion à la prison de Munzenze
Plus tôt de matin, une évasion a eu lieu à la prison de Goma : la prison de Munzenze, qui compte environ 3 000 détenus, a été « totalement incendiée » à la suite d'une « évasion massive », selon une source sécuritaire à l'AFP. Selon notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa, « au moins 13 détenus, en majorité des femmes et deux enfants sont morts lors de l’évasion et l’incendie d'une partie de la prison ».
Des prisonniers en fuite ont été aperçus dans les rues alentours, a constaté une journaliste de l'AFP.
Des bus sont positionnés à la frontière rwandaise, prêts à évacuer des personnels de l'ONU et leurs familles venant de Goma, selon la TV publique rwandaise RBA, rapporte l'Agence France presse. « Les membres du personnel de l'ONU et leurs familles qui ont travaillé en RDC » sont en cours d'évacuation de Goma, avec des bus à la frontière « en attente pour les transporter vers Kigali, où ils embarqueront sur des vols vers leurs pays respectifs », a indiqué RBA sur X. Il n'y a pas d'agents de l'immigration à la frontière, selon nos informations.
Dimanche, la responsable de la mission de l'ONU en RDC Bintou Keita participait dimanche à la réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation en RDC. Elle y signalait que l'aéroport n'était plus fonctionnel pour des évacuations ou pour des opérations humanitaires. Les routes menant à Goma sont également coupées, affirme-t-elle.
Le président kényan William Ruto a annoncé dans un communiqué réunir « dans les prochaines 48 heures » un sommet extraordinaire de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC) en présence des présidents de la RDC Félix Tshisekedi et du Rwanda Paul Kagame.
Les habitants tentent de fuir la ville
L’intensification des combats dans la soirée près de Goma puis les tirs dans la ville ont également poussé des habitants de la capitale provinciale à traverser la frontière vers le Rwanda, dans la ville frontalière de Gisenyi, dans le district de Rubavu, où se trouve notre correspondante, Lucie Mouillaud.
Devant la Grande Barrière, Nathan et sa famille font partie des derniers habitants de Goma à traverser avant la fermeture de la frontière dimanche, en milieu d’après-midi : « Goma maintenant, c’est un champ désert, il n'y a plus de courant, il n'y a plus d’eau, la population fait du mieux possible pour pouvoir survivre. Les bombes se font entendre de plus en plus fort ! Il y a même des coups de feu, j’étais dans ma chambre et j’ai commencé à entendre des coups de feu. Je crois que c’est ce qui a alerté mon père pour qu’on puisse traverser et évacuer la ville. »
« La peur, elle est là, on laisse nos biens, je viens qu’avec mon petit sac et la famille. On a tout laissé là-bas, on est venu tel qu’on est là, on n’est pas stable. On ne sait pas combien de temps on va rester ici, on attend la situation. Dès qu’elle finit, on va retourner à Goma, c’est chez nous », témoigne Alain Hemedi qui a, lui aussi, quitté la ville.
Pour beaucoup, le passage de la frontière n’est qu’une étape avant de prendre la route pour rejoindre Bukavu ou d’autres villes au Burundi ou en Ouganda. « On ne peut qu’espérer, ce qu’on souhaite, c’est que la paix soit rétablie. On ne vit que de cela, depuis notre enfance, donc on espère que la paix soit rétablie, en tout cas, c'est le souhait de tout le monde », affirme Axel Cikomero, commerçant de Goma.