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Comment l'Iran a travaillé plus étroitement avec le gouvernement du soudan. Ils fournissent des armes au gouvernement soudanais ?

Mercredi 25 Décembre 2024

Au sein du Conseil international des Frères, qui avait fonctionné à Jeddah de 1961 à 1969, les Soudanais, conscients de leur relative marginalité au sein du monde arabe, s’étaient toujours fait les avocats d’une action pan-islamiste par opposition à l’action pan-arabe.
C’est dans ce cadre qu’ils avaient noué des liens avec l’Iran Freedom Movement de Mehdi Bazargan et Ibrahim Yazdi. Mais l’engagement international de ce qui s’appelait alors Front de la charte islamique (Jebha al-Mithaq al-Islami) se limitait à des contacts généraux. Pourtant, dans la vision du monde qui est celle d’Hassan al-Tourabi, la conception d’une transformation de l’oumma musulmane en un instrument de pression, voire de conquête, ainsi qu’il en était pendant la période qui a suivi la mort du Prophète, occupe une place essentielle…
 
Début février 2024, le ministre soudanais par intérim des Affaires étrangères, Ali Al Sadiq, s’est rendu à Téhéran pour rencontrer son homologue Hossein Amir-Abdollahian ainsi que le président iranien Ebrahim Raïssi. Intervenant en pleine crise au Proche-Orient et alors que la nation africaine est embourbée dans une situation de guerre civile, cette visite est le dernier signe d’un réchauffement rapide des relations entre Khartoum et Téhéran.


Au cours de la dernière année, les responsables soudanais et iraniens ont en effet convenu d’accélérer les démarches aboutissant à renouer les relations diplomatiques entre Téhéran et Khartoum précédemment rompues en 2016.
Un rapprochement soudain qui soulève de nombreuses questions au sujet de la nature des relations bilatérales entre la République islamique d’Iran et la République du Soudan, des intérêts qui le motivent et de ses implications stratégiques.
 
Des relations anciennes et étroites
En guise de contextualisation, il faut rappeler que les liens entre l’Iran et le Soudan sont relativement anciens. Au cours des années 1990, le développement des liens bilatéraux permet à l’Iran de sortir de son isolement diplomatique et de trouver un allié stratégique dans le monde arabe et dans la région clé que constitue la corne de l’Afrique.
Durant cette période, la République iranienne apporte une assistance financière et militaire substantielle au gouvernement soudanais. Le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) va jusqu’à installer au Soudan l’une de ses premières antennes opérationnelles en dehors du Moyen-Orient. De sorte qu’au tournant des années 2000, l’Iran et le Soudan sont déjà des partenaires actifs et que les deux pays sont considérés par le Département d’État américain comme les principaux soutiens étatiques du terrorisme global. L’administration Bush les classe alors tous les deux dans le fameux « Axe du mal ».
 
Les fondements d’une coopération stratégique
Après des débuts prometteurs, la relation bilatérale entre la République islamique et la République du Soudan arrive à maturité à la faveur de la montée en puissance du CGRI au sein du système politique iranien et de sa prise de contrôle de la politique étrangère iranienne en faveur d’une ambitieuse stratégie d’influence régionale.
À partir de 2005, les Gardiens de la révolution adoptent une doctrine asymétrique qui consiste à développer un vaste réseau d’intermédiaires disséminés à travers le monde musulman et transcendant le clivage confessionnel entre Chiites et Sunnites. Constituant ce que l’on appelle aujourd’hui l’« Axe de la résistance ». C’est alors que Téhéran renforce ses liens avec Khartoum qui devient rapidement son principal partenaire stratégique en Afrique.


Se traduisant par la signature d’un important accord de coopération militaire, de nombreuses visites de haut niveau mais aussi par l’implantation de la Force Quds (le corps expéditionnaire du CGRI) en sol soudanais, l’intensification des liens bilatéraux suscite la plus vive inquiétude parmi les adversaires de l’« Axe de la résistance.
À la faveur du Printemps arabe de 2011, les relations irano-soudanaises continuent de croitre : en 2014, les responsables militaires de Khartoum n’hésitent pas à considérer les Iraniens comme leurs meilleurs alliés dans la région.
 
Les intérêts convergents de Téhéran et de Khartoum

Le réchauffement soudain des relations entre l’Iran et le Soudan bénéficie de l’enlisement du pays africain dans une nouvelle guerre civile. Les forces armées soudanaises (FAS), qui ont subi des revers majeurs face aux Forces de soutien rapide (FSR) issues des anciennes milices janjawids.
 
Les observateurs s’accordent à penser que l’une des principales raisons qui poussent Abdel Fattah Al Burhan et l’armée soudanaise à rétablir les relations avec la République islamique est l’espoir d’obtenir des autorités iraniennes la livraison d’armes de précision et, en particulier, des drones de combat iraniens, comme le populaire Mohadjer-6. Bien que ce type d’équipement militaire n’ait pas le potentiel de modifier le rapport de force sur le champ de bataille, il peut contribuer à ralentir l’effondrement des SAF et soutenir la contre-offensive lancée début 2024.
 
Pour l’Iran, la livraison de ses drones de combat permet de renforcer sa crédibilité diplomatique sur la scène africaine.
 
Pour l’Iran, il s’agit également d’acquérir un canal d’influence non négligeable lui donnant accès à l’est-Soudan et, surtout, à Port-Soudan dont elle a fait sa capitale de facto : à travers cette position stratégique et les quelques 700 km de frontières maritimes, les Iraniens disposent d’un atout considérable pour compléter leur dispositif de disruption sur le passage maritime de la mer Rouge.
 
Le gouvernement soudanais, fidèle à l’armée dans sa guerre contre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), a annoncé que le général Bourhane avait reçu le nouvel ambassadeur de Téhéran, Hassan Shah Hosseini, à Port-Soudan, siège du gouvernement, sur la rive de la mer Rouge. Cela marque « le début d’une nouvelle phase » en ce qui concerne les relations entre les deux pays, a déclaré le sous-secrétaire du ministère des affaires étrangères, Hussein Al-Amin, alors que M. Bourhane a dépêché un nouvel ambassadeur en Iran : Abdelaziz Hassan Saleh
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